Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


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Page 14

Durant bien des jours, Carl erra dans des r�gions d�sol�es; il
parcourut bien des for�ts, traversa bien des rivi�res, et ses
souliers �taient us�s avant qu'il e�t retrouv� le bon chemin de
Stromthal. Un moment il fut tent� de retourner travailler huit ans
chez Peter Schonfuss, mais il ne put se d�cider � rebrousser
chemin sans avoir vu Marguerite. D'ailleurs; pensait-il, Jacob
Elsen est un brave homme; quand il saura que j'ai travaill� et
gagn� les cinquante florins d'or, quoique je ne les aie plus, il
me donnera sa fille.

Il r�da longtemps dans les rues et rencontra beaucoup de ses
anciennes connaissances, qui l'avaient oubli�. � la fin, il entra
hardiment dans la rue o� habitait Jacob et frappa � la vieille
maison. Jacob vint lui-m�me ouvrir la porte.

-- Le Wanderbusche est revenu! s'�cria Jacob en l'embrassant; le
coeur de Marguerite sera joyeux.�

Carl suivait le tonnelier en silence et la t�te basse, comme s'il
e�t �t� coupable d'une mauvaise action. � peine osait-il commencer
l'histoire de son maillet perdu.

-- Comme vous �tes p�le, et comme vous avez maigri, dit Jacob.
J'esp�re pourtant que vous avez men� une vie honn�te? Les beaux
habits! mais ils ne conviennent gu�re � un jeune ouvrier. S�rement
vous avez trouv� un tr�sor?

-- Non, r�pondit Carl, j'ai tout perdu, m�me les cinquante florins
d'or que j'avais gagn�s par le travail de mes mains.�

Le front du vieillard s'obscurcit. Le regard inquiet et �gar� de
Carl, ses habits �l�gants souill�s par le voyage, sa confusion et
son silence, �veillaient les soup�ons du prudent Jacob Elsen, et
quand le jeune homme raconta son histoire, elle lui parut si
�trange et si improbable qu'il hocha la t�te.

-- Carl, dit-il, vous avez habit� de mauvaises villes. Mieux
vaudrait �tre mort lorsque vous appreniez � raboter une douve, que
de vivre pour devenir menteur!�

Carl ne r�pondit rien; mais il regagna la rue. Sur le seuil, il
trouva Marguerite et, au grand �tonnement de la jeune fille, il
passa pr�s d'elle sans lui parler. Durant toute la nuit, il r�da
dans les rues de la ville. L'envie ne lui manquait pas de
retourner dans la maison du vieux Peter Schonfuss et de sa fille
Bertha; mais l'orgueil l'en emp�chait; Il r�solut donc de partir
et d'aller chercher du travail ailleurs. Cependant, la froideur de
sa conduite avec Marguerite pesait sur sa conscience. Il voulait
la revoir avant de s'�loigner. Dans ce dessein, il se tint dans la
rue, apr�s le lever du soleil, jusqu'� ce qu'elle ouvr�t la porte.
Alors il s'avan�a vers elle.

-- � Carl! lui dit Marguerite, est-ce l� ce qui m'�tait r�serv�
apr�s trois ann�es d'attente?

-- �coutez-moi, ch�re Marguerite! r�pliqua Carl.

-- Je n'ose, dit Marguerite, mon p�re me l'a d�fendu. Je ne puis
que vous dire adieu et prier le ciel pour que mon p�re reconnaisse
un jour qu'il a tort.

-- Je lui ai dit l'exacte v�rit�, s'�cria Carl; mais Marguerite
rentra et le laissa sur le seuil. Carl attendit un moment, et
r�solut de la suivre pour la convaincre au moins de son innocence
avant son d�part. Il leva donc le loquet, entra dans la maison et
passa dans la cour en traversant la cuisine. Marguerite n'y �tait
pas. Il entra alors dans l'atelier o� il se trouva �galement seul,
les compagnons n'�tant pas encore venus; Marguerite �tait toujours
la premi�re personne lev�e dans la maison. Les malheurs de Carl et
l'injustice qu'il avait �prouv�e, lui venaient � l'esprit, et il
lui semblait qu'une voix murmurait � son oreille:� Le monde entier
est contre toi. C'est plus que je n'en puis supporter, dit-il,
mieux vaut mourir!�

Il leva le loquet de la porte de bois qui donnait sur la rivi�re,
et ouvrit cette porte toute grande � la clart� du jour qui se
r�pandit dans l'atelier. C'�tait une belle et fra�che matin�e; la
Klar, grossie par les pluies de la veille, coulait � pleins bords.
�De toutes mes esp�rances, de ma longue patience, de mon
industrie, de mon ardeur au travail, de tout ce que j'ai souffert
et de mon profond amour pour Marguerite, voil� donc la mis�rable
fin! s'�cria Carl en s'avan�ant vers la rivi�re.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 10th Nov 2025, 17:02