Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


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Page 12

-- Ainsi donc vous cherchez du travail? demanda le p�re.

Carl, qui se tenait debout le bonnet � la main, s'inclina.

En ce cas, suivez-moi. Le vieillard marcha devant lui et le fit
entrer dans un atelier au fond duquel une, porte entr'ouverte
laissait voir la rivi�re. Il mit les outils dans les mains de
Carl, et lui dit de continuer une tonne � moiti� faite. Carl
maniait si habilement ces outils, que Peter Schonfuss le reconnut
tout de suite pour un bon ouvrier, et lui offrit de meilleurs
gages qu'il n'en avait eu jusqu'alors.

Carl resta chez son nouveau ma�tre jusqu'� l'expiration des trois
ann�es; mais un jour il dit � Bertha Schonfuss:

-- Mon temps est fini, Berthe; demain je retournerai dans mon
pays.

--Je prierai Dieu de vous accorder un bon voyage, r�pondit Bertha,
et de vous faire trouver la joie au logis.

--Voyez-vous, Bertha, dit Carl, j'ai �pargn� soixante-dix florins
d'or; sans cette somme, je n'aurais jamais pu retourner au pays et
�pouser Marguerite, dont je vous ai tant parl�. Sans vous, je
n'aurais pas gagn� cela. Ne dois-je pas en �tre reconnaissant
toute ma vie?

--Et revenir nous voir un jour, reprit Bertha; cela va sans dire.

--S�rement, dit Carl, en nouant son argent dans le coin de son
mouchoir.

--Attendez! S'�cria Bertha. Il y a du danger � porter beaucoup
d'argent sur soi dans cette partie du pays; les routes sont
infest�es de voleurs.

-- Je fabriquerai une bo�te pour mettre l'argent, dit Carl.

-- Non, mettez-le plut�t dans le manche creux d'un de vos outils.
Il est tout naturel, pour un ouvrier, de porter des outils;
personne ne songera � y regarder.

-- Aucun manche ne serait assez grand pour les contenir, r�pliqua
Carl, Je vais fabriquer un maillet creux, et je les mettrai dans
le corps du maillet.

-- C'est une bonne id�e, s'�cria Bertha.

Carl se mit � l'oeuvre le lendemain et fit un large maillet, dans
lequel il pratiqua un trou, bouch� par une cheville, o� il enferma
cinquante pi�ces d'or. Le reste de son tr�sor lui sembla bon �
garder pour les d�penses du voyage et l'achat d'habits et d'autres
objets; car il pouvait maintenant se permettre quelques
prodigalit�s. Quand tout fut pr�t, il loua un bateau pour
descendre la rivi�re et faire ainsi une partie de son voyage. Le
vieillard lui dit adieu affectueusement sur le petit embarcad�re
de sa boutique; Carl embrassa Bertha, et Bertha lui recommanda
d'avoir bien soin de son maillet.

Le batelier qui devait le conduire �tait bien le plus laid gar�on
qu'on puisse imaginer. Il avait les jambes tr�s courtes et une
tr�s large carrure. On ne lui voyait gu�re de cou, mais ce cou
portait une t�te volumineuse, et sa grande figure ronde �tait
perc�e de deux petits yeux �tincelants. Ses cheveux �taient noirs
et h�riss�s; ses bras tr�s longs, comme ceux d'un singe. Carl
n'aimait pas son air quand il avait fait march� avec lui, et il
�tait sur le point d'en choisir un autre dans la foule des
bateliers sur le port; mais, r�fl�chissant � l'injustice qu' il y
aurait de refuser du travail au pauvre diable � cause de sa
laideur, il retourna sur ses pas et loua son bateau.

Carl s'�tait assis pr�s du gouvernail; le batelier se mit � ramer.
Tour � tour il se penchait tellement en avant, que son visage
touchait presque ses pieds; et il se rejetait presque � plat sur
son dos, donnant de telles pouss�es aux rames avec ses longs bras,
que le bateau volait comme un corbeau. Carl ne s'en plaignait pas,
car il lui tardait d'arriver � Stromthal; mais la licence
enhardissait l'�trange batelier: Tant�t il faisait de si horribles
grimaces en passant pr�s d'autres bateaux, que ses confr�res lui
jetaient toutes sortes de projectiles; tant�t il levait ses rames
pour frapper un poisson jouant � la surface, et chaque fois Carl
voyait monter sur l'eau le poisson mort et renvers� sur le dos. En
vain ordonnait-il au hideux gar�on de ramer tranquillement, le
dr�le lui r�pliquait dans un langage bizarre, � peine
compr�hensible, et le moment d'apr�s il recommen�ait ses tours.
Une fois, Carl le vit, � son grand �tonnement, s'�lancer de sa
place et courir le long de l'�troit rebord du bateau, comme s'il
avait les pieds palm�s.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 10th Nov 2025, 11:31