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Page 5
Les lumi�res brillantes des magasins, o� les branches et les baies
de houx p�tillaient � la chaleur des becs de gaz plac�s derri�re
les fen�tres, jetaient sur les visages p�les des passants un
reflet rouge�tre. Les boutiques de marchands de volailles et
d'�piciers �taient devenues comme un d�cor splendide, un glorieux
spectacle, qui ne permettait pas de croire que la vulgaire pens�e
de n�goce et de trafic e�t rien � d�m�ler avec ce luxe inusit�. Le
lord-maire, dans sa puissante forteresse de Mansion-House, donnait
ses ordres � ses cinquante cuisiniers et � ses cinquante
sommeliers pour f�ter No�l, comme doit le faire la maison d'un
lord-maire; et m�me le petit tailleur qu'il avait condamn�, le
lundi pr�c�dent, � une amende de cinq schellings pour s'�tre
laiss� arr�ter dans les rues ivre et faisant un tapage infernal,
pr�parait tout dans son galetas pour le pouding du lendemain,
tandis que sa maigre moiti� sortait, avec son maigre nourrisson
dans les bras, pour aller acheter � la boucherie le morceau de
boeuf indispensable.
Cependant le brouillard redouble, le froid redouble! un froid vif,
�pre, p�n�trant. Si le bon saint Dunstan avait seulement pinc� le
nez du diable avec un temps pareil, au lieu de se servir de ses
armes famili�res, c'est pour le coup que le malin esprit n'aurait
pas manqu� de pousser des hurlements. Le propri�taire d'un jeune
nez, petit, rong�, m�ch� par le froid affam�, comme les os sont
rong�s par les chiens, se baissa devant le trou de la serrure de
Scrooge pour le r�galer d'un chant de No�l; mais au premier mot de
_Dieu vous aide, mon gai monsieur!_
_Que rien ne trouble votre coeur!_
Scrooge saisit sa r�gle avec un geste si �nergique que le chanteur
s'enfuit �pouvant�, abandonnant le trou de la serrure au
brouillard et aux frimas qui sembl�rent s'y pr�cipiter vers
Scrooge par sympathie.
Enfin l'heure de fermer le comptoir arriva. Scrooge descendit de
son tabouret d'un air bourru, paraissant donner ainsi le signal
tacite du d�part au commis qui attendait dans la citerne et qui,
�teignant aussit�t sa chandelle, mit son chapeau sur sa t�te.
�Vous voudriez avoir toute la journ�e de demain, je suppose? dit
Scrooge.
-- Si cela vous convenait, monsieur.
-- Cela ne me convient nullement, et ce n'est point juste. Si je
vous retenais une demi-couronne pour ce jour-l�, vous vous
croiriez l�s�, j'en suis s�r.�
Le commis sourit l�g�rement.
�Et cependant, dit Scrooge, vous ne me regardez pas comme l�s�,
moi, si je vous paye une journ�e pour ne rien faire.�
Le commis observa que cela n'arrivait qu'une fois l'an.
�Pauvre excuse pour mettre la main dans la poche d'un homme tous
les 25 d�cembre, dit Scrooge en boutonnant sa redingote jusqu'au
menton. Mais je suppose qu'il vous faut la journ�e tout enti�re;
t�chez au moins de m'en d�dommager en venant de bonne heure apr�s-
demain matin.�
Le commis le promit et Scrooge sortit en grommelant. Le comptoir
fut ferm� en un clin d'oeil, et le commis, les deux bouts de son
cache-nez blanc pendant jusqu'au bas de sa veste (car il n'�levait
pas ses pr�tentions jusqu'� porter une redingote), se mit �
glisser une vingtaine de fois sur le trottoir de Cornhill, � la
suite d'une bande de gamins, en l'honneur de la veille de No�l,
et, se dirigeant ensuite vers sa demeure � Camden-Town, il y
arriva toujours courant de toutes ses forces pour jouer � colin-
maillard.
Scrooge prit son triste d�ner dans la triste taverne o� il
mangeait d'ordinaire. Ayant lu tous les journaux et charm� le
reste de la soir�e en parcourant son livre de comptes, il alla
chez lui pour se coucher. Il habitait un appartement occup�
autrefois par feu son associ�. C'�tait une enfilade de chambres
obscures qui faisaient partie d'un vieux b�timent sombre, situ� �
l'extr�mit� d'une ruelle o� il avait si peu de raison d'�tre,
qu'on ne pouvait s'emp�cher de croire qu'il �tait venu se blottir
l�, un jour que, dans sa jeunesse, il jouait � cache-cache avec
d'autres maisons et ne s'�tait plus ensuite souvenu de son chemin.
Il �tait alors assez vieux et assez triste, car personne n'y
habitait, except� Scrooge, tous les autres appartements �tant
lou�s pour servir de comptoirs ou de bureaux. La cour �tait si
obscure, que Scrooge lui-m�me, quoiqu'il en conn�t parfaitement
chaque pav�, fut oblig� de t�tonner avec les mains. Le brouillard
et les frimas enveloppaient tellement la vieille porte sombre de
la maison, qu'il semblait que le g�nie de l'hiver se t�nt assis
sur le seuil, absorb� dans ses tristes m�ditations.
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