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Page 39
-- Et � qui donc? r�pondit la femme. N'avez-vous pas peur qu'il
s'enrhume pour n'en pas avoir?
-- Ah ��! j'esp�re toujours qu'il n'est pas mort de quelque
maladie contagieuse, hein? dit le vieux Joe, s'arr�tant dans son
examen et levant la t�te.
-- N'ayez pas peur, Joe, je n'�tais pas tellement folle de sa
soci�t�, que je fusse rest�e aupr�s de lui pour de semblables
mis�res, s'il y avait eu le moindre danger... Oh! vous pouvez
examiner cette chemise jusqu'� ce que les yeux vous en cr�vent,
vous n'y trouverez pas le plus petit trou; elle n'est pas m�me
�lim�e: c'�tait bien sa meilleure, et de fait elle n'est pas
mauvaise. C'est bien heureux que je me sois trouv�e l�; sans moi,
on l'aurait perdue.
-- Qu'appelez-vous perdue? demanda le vieux Joe.
-- On l'aurait enseveli avec, pour s�r, reprit-elle en riant.
Croiriez-vous qu'il y avait d�j� eu quelqu'un d'assez sot pour le
faire; mais je la lui ai �t�e bien vite. Si le calicot n'est pas
assez bon pour cette besogne, je ne vois gu�re � quoi il peut
servir. C'est tr�s bon pour couvrir un corps; et, quant �
l'�l�gance, le bonhomme ne sera pas plus laid dans une chemise de
calicot qu'il ne l'�tait avec sa chemise de toile, c'est
impossible.�
Scrooge �coutait ce dialogue avec horreur. Tous ces gens-l�, assis
ou plut�t accroupis autour de leur proie, serr�s les uns contre
les autres, � la faible lueur de la lampe du vieillard, lui
causaient un sentiment de haine et de d�go�t aussi prononc� que
s'il e�t vu d'obsc�nes d�mons occup�s � marchander le cadavre lui-
m�me.
�Ah! ah! continua en riant la m�me femme lorsque le vieux Joe,
tirant un sac de flanelle rempli d'argent, compta � chacun, sur le
plancher, la somme qui lui revenait pour sa part. Voil� bien le
meilleur, voyez-vous! Il n'a, de son vivant, effray� tout le
monde, et tenu chacun loin de lui que pour nous assurer des
profits apr�s sa mort. Ah! ah! ah!
-- Esprit! dit Scrooge frissonnant de la t�te aux pieds. Je
comprends, je comprends. Le sort de cet infortun� pourrait �tre le
mien. C'est l� que m�ne une vie comme la mienne... Seigneur
mis�ricordieux, qu'est-ce que je vois?�
Il recula de terreur, car la sc�ne avait chang�, et il touchait
presque un lit, un lit nu, sans rideaux, sur lequel, recouvert
d'un drap d�chir�, reposait quelque chose dont le silence m�me
r�v�lait la nature en un terrible langage.
La chambre �tait tr�s sombre, trop sombre pour qu'on p�t remarquer
avec exactitude ce qui s'y trouvait, bien que Scrooge, ob�issant �
une impulsion secr�te, promen�t ses regards curieux, inquiet de
savoir ce que c'�tait que cette chambre. Une p�le lumi�re, venant
du dehors, tombait directement sur le lit o� gisait le cadavre de
cet homme d�pouill�, vol�, abandonn� de tout le monde, aupr�s
duquel personne ne pleurait, personne ne veillait.
Scrooge jeta les yeux sur le fant�me, dont la main fatale lui
montrait la t�te du mort. Le linceul avait �t� jet� avec tant de
n�gligence, qu'il aurait suffi du plus l�ger mouvement de son
doigt pour mettre � nu ce visage. Scrooge y songea; il voyait
combien c'�tait facile, il �prouvait le d�sir de le faire, mais il
n'avait pas plus la force d'�carter ce voile que de renvoyer le
spectre, qui se tenait debout � ses c�t�s.
�Oh! froide, froide, affreuse, �pouvantable mort! Tu peux dresser
ici ton autel et l'entourer de toutes les terreurs dont tu
disposes; car tu es bien l� dans ton domaine! Mais, quand c'est
une t�te aim�e, respect�e et honor�e, tu ne peux faire servir un
seul de ses cheveux � tes terribles desseins, ni rendre odieux un
de ses traits. Ce n'est pas qu'alors la main ne devienne pesante
aussi, et ne retombe si je l'abandonne; ce n'est pas que le coeur
et le pouls ne soient silencieux; mais cette main, elle fut
autrefois ouverte, g�n�reuse, loyale; ce coeur fut brave, chaud,
honn�te et tendre: c'�tait un vrai coeur d'homme qui battait l�
dans sa poitrine. Frappe, frappe, mort impitoyable! tes coups sont
vains. Tu vas voir jaillir de sa blessure ses bonnes actions,
l'honneur de sa vie �ph�m�re, la semence de sa vie immortelle!�
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