Cantique de Noël by Charles Dickens


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Page 37

Le fant�me se tenait � ses c�t�s, immobile, sombre, toujours le
bras tendu. Quand Scrooge sortit de sa r�verie, il s'imagina, au
mouvement de la main et d'apr�s la position du spectre vis-�-vis
de lui, que ses yeux invisibles le regardaient fixement. Cette
pens�e le fit frissonner de la t�te aux pieds.

Quittant le th��tre bruyant des affaires, ils all�rent dans un
quartier obscur de la ville, o� Scrooge n'avait pas encore
p�n�tr�, quoiqu'il en conn�t parfaitement les �tres et la mauvaise
renomm�e. Les rues �taient sales et �troites, les boutiques et les
maisons mis�rables, les habitants � demi nus, ivres, mal chauss�s,
hideux. Des all�es et des passages sombres, comme autant d'�gouts,
vomissaient leurs odeurs repoussantes, leurs immondices et leurs
ignobles habitants dans ce labyrinthe de rues; tout le quartier
respirait le crime, l'ordure, la mis�re.

Au fond de ce repaire inf�me on voyait une boutique basse,
s'avan�ant en saillie sous le toit d'un auvent, dans laquelle on
achetait le fer, les vieux chiffons, les vieilles bouteilles, les
os, les restes des assiettes du d�ner d'hier au soir. Sur le
plancher, � l'int�rieur, �taient entass�s des clefs rouill�es, des
clous, des cha�nes, des gonds, des limes, des plateaux de
balances, des poids et toute esp�ce de ferraille. Des myst�res que
peu de personnes eussent �t� curieuses d'approfondir s'agitaient
peut-�tre sous ces monceaux de guenilles repoussantes, sous ces
masses de graisse corrompue et ces s�pulcres d'ossements. Assis au
milieu des marchandises dont il trafiquait, pr�s d'un r�chaud de
vieilles briques, un sale coquin, aux cheveux blanchis par l'�ge
(il avait pr�s de soixante-dix ans), s'abritait contre l'air froid
du dehors, au moyen d'un rideau crasseux, compos� de lambeaux
d�pareill�s suspendus � une ficelle, et fumait sa pipe en
savourant avec d�lices la volupt� de sa paisible solitude.

Scrooge et le fant�me se trouv�rent en pr�sence de cet homme, au
moment pr�cis o� une femme, charg�e d'un lourd paquet, se glissa
dans la boutique. � peine y eut-elle mis les pieds, qu'une autre
femme, charg�e de la m�me mani�re, entra pareillement; cette
derni�re fut suivie de pr�s par un homme v�tu d'un habit noir
r�p�, qui ne parut pas moins surpris de la vue des deux femmes
qu'elles ne l'avaient �t� elles-m�mes en se reconnaissant l'une
l'autre. Apr�s quelques instants de stup�faction muette partag�e
par l'homme � la pipe, ils se mirent � �clater de rire tous les
trois.

�Que la femme de journ�e passe la premi�re, s'�cria celle qui
�tait entr�e d'abord. La blanchisseuse viendra apr�s elle, puis,
en troisi�me lieu, l'homme des pompes fun�bres. Eh bien! vieux
Joe, dites donc, en voil� un hasard! Ne dirait-on pas que nous
nous sommes donn� ici rendez-vous tous les trois?

-- Vous ne pouviez toujours pas mieux choisir la place, dit le
vieux Joe �tant sa pipe de sa bouche. Entrez au salon. Depuis
longtemps vous y avez vos libres entr�es, et les deux autres ne
sont pas non plus des �trangers. Attendez que j'aie ferm� la porte
de la boutique. Ah! comme elle crie! je ne crois pas qu'il y ait
ici de ferraille plus rouill�e que ses gonds, comme il n'y a pas
non plus, j'en suis bien s�r, d'os aussi vieux que les miens dans
tout mon magasin. Ah! ah! nous sommes tous en harmonie avec notre
condition, nous sommes bien assortis. Entrez au salon. Entrez.�

Le salon �tait l'espace s�par� de la boutique par le rideau de
loques. Le vieux marchand remua le feu avec un barreau bris�
provenant d'une rampe d'escalier, et, apr�s avoir raviv� sa lampe
fumeuse (car il faisait nuit) avec le tuyau de sa pipe, il le
retint dans sa bouche.

Pendant qu'il faisait ainsi les honneurs de son hospitalit�, la
femme qui avait d�j� parl� jeta son paquet � terre, et s'assit,
dans une pose nonchalante, sur un tabouret, croisant ses coudes
sur ses genoux, et lan�ant aux deux autres comme un d�fi hardi.

�Eh bien! quoi? Qu'y a-t-il donc? Qu'est-ce qu'il y a, mistress
Dilber? dit-elle. Chacun a bien le droit de songer � soi, je
pense. Est-ce qu'il a fait autre chose toute sa vie, _lui?_

-- C'est vrai, par ma foi! fit la blanchisseuse. Personne plus que
lui.

-- Eh bien! alors, vous n'avez pas besoin de rester l� � vous
�carquiller les yeux comme si vous aviez peur, bonne femme: les
loups ne se mangent pas, je suppose.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 3:35