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Page 36
L'esprit s'arr�ta pr�s d'un petit groupe de ces capitalistes.
Scrooge, remarquant la direction de sa main tendue de leur c�t�,
s'approcha pour entendre la conversation.
�Non..., disait un grand et gros homme avec un menton monstrueux,
je n'en sais pas davantage; je sais seulement qu'il est mort.
-- Quand est-il mort? demanda un autre.
-- La nuit derni�re, je crois.
-- Comment, et de quoi est-il mort? dit un troisi�me personnage en
prenant une �norme prise de tabac dans une vaste tabati�re. Je
croyais qu'il ne mourrait jamais...
-- Il n'y a que Dieu qui le sache, reprit le premier avec un
b�illement.
-- Qu'a-t-il fait de son argent? demanda un monsieur � la face
rubiconde dont le bout du nez �tait orn� d'une excroissance de
chair qui pendillait sans cesse comme les caroncules d'un dindon.
-- Je n'en sais trop rien, fit l'homme au double menton en
b�illant de nouveau. Peut-�tre l'a-t-il laiss� � sa soci�t�; en
tout cas, ce n'est pas � moi qu'il l'a laiss�: voil� tout ce que
je sais.�
Cette plaisanterie fut accueillie par un rire g�n�ral.
�Il est probable, dit le m�me interlocuteur, que les chaises ne
lui co�teront pas cher � l'�glise, non plus que les voitures; car,
sur mon �me, je ne connais personne qui soit dispos� � aller � son
enterrement. Si nous faisions la partie d'y aller sans invitation!
-- Cela m'est �gal, s'il y a une collation, observa le monsieur �
la loupe; mais je veux �tre nourri pour la peine.
-- Eh bien! apr�s tout, dit celui qui avait parl� le premier, je
vois que je suis encore le plus d�sint�ress� de vous tous, car je
n'y allais pas pour qu'on me donn�t des gants noirs, je n'en porte
pas; ni pour sa collation, je ne go�te jamais; et pourtant je
m'offre � y aller, si quelqu'un veut venir avec moi. C'est que,
voyez-vous, en y r�fl�chissant je ne suis pas s�r le moins du
monde de n'avoir pas �t� son plus intime ami, car nous avions
l'habitude de nous arr�ter pour �changer quelques mots toutes les
fois que nous nous rencontrions. Adieu, messieurs; au revoir!�
Le groupe se dispersa et alla se m�ler � d'autres. Scrooge
reconnaissait tous ces personnages: il regarda l'esprit comme pour
lui demander l'explication de ce qu'il venait d'entendre.
Le fant�me se glissa dans une rue et montra du doigt deux
individus qui s'abordaient. Scrooge �couta encore, croyant trouver
l� le mot de l'�nigme.
Il les reconnaissait �galement tr�s bien; c'�taient deux
n�gociants, riches et consid�r�s. Il s'�tait toujours piqu� d'�tre
bien plac� dans leur estime, au point de vue des affaires,
s'entend, purement et simplement au point de vue des affaires.
�Comment vous portez-vous? dit l'un.
-- Et vous? r�pondit l'autre.
-- Bien! fit le premier. Le vieux _Gobseck_ a donc enfin son
compte, hein?
-- On me l'a dit...; il fait froid, n'est-ce pas?
-- Peuh! Un temps de la saison! temps de No�l. Vous ne patinez
pas, je suppose?
-- Non, non; j'ai bien autre chose � faire. Bonjour.�
Pas un mot de plus. Telles furent leur rencontre, leur
conversation et leur s�paration. Scrooge eut d'abord la pens�e de
s'�tonner que l'esprit attach�t une telle importance � des
conversations en apparence si triviales; mais intimement convaincu
qu'elles devaient avoir un sens cach�, il se mit � consid�rer, �
part lui, quel il pouvait �tre selon toutes les probabilit�s. Il
�tait difficile qu'elles se rapportassent � la mort de Jacob, son
vieil associ�; du moins, la chose ne paraissait pas vraisemblable,
car cette mort appartenait au pass�, et le spectre avait pour
d�partement l'avenir: il ne voyait non plus personne de ses
connaissances � qui il put les appliquer. Toutefois, ne doutant
pas que, quelle que f�t celle � qui il convenait d'en faire
l'application, elles ne renfermassent une le�on secr�te � son
adresse, et pour son bien, il r�solut de recueillir avec soin
chacune des paroles qu'il entendrait et chacune des choses qu'il
verrait, mais surtout d'observer attentivement sa propre image
lorsqu'elle lui appara�trait, persuad� que la conduite de son
futur lui-m�me lui donnerait la clef de cette �nigme et en
rendrait la solution facile. Il se chercha donc en ce lieu; mais
un autre occupait sa place accoutum�e, dans le coin qu'il
affectionnait particuli�rement, et, quoique l'horloge indiqu�t
l'heure o� il venait d'ordinaire � la Bourse, il ne vit personne
qui lui ressembl�t, parmi cette multitude qui se pressait sous le
porche pour y entrer. Cela le surprit peu, n�anmoins, car depuis
ses premi�res visions il avait m�dit� dans son esprit un
changement de vie; il pensait, il esp�rait que son absence �tait
une preuve qu'il avait mis ses nouvelles r�solutions en pratique.
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