Cantique de Noël by Charles Dickens


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Page 24

En effet, les hommes qui d�blayaient les toits paraissaient joyeux
et de bonne humeur; ils s'appelaient d'une maison � l'autre, et de
temps en temps �changeaient en plaisantant une boule de neige
(projectile assur�ment plus inoffensif que maint sarcasme), riant
de tout leur coeur quand elle atteignait le but, et de grand coeur
aussi quand elle venait � le manquer.

Les boutiques de marchands de volailles �taient encore � moiti�
ouvertes, celles des fruitiers brillaient de toute leur splendeur.
Ici de gros paniers, ronds, au ventre rebondi, pleins de superbes
marrons, s'�talant sur les portes, comme les larges gilets de ces
bons vieux gastronomes s'�talent sur leur abdomen, semblaient
pr�ts � tomber dans la rue, victimes de leur corpulence
apoplectique; l�, des oignons d'Espagne rouge�tres, hauts en
couleur, aux larges flancs, rappelant par cet embonpoint heureux
les moines de leur patrie, et lan�ant du haut de leurs tablettes,
d'aga�antes oeillades aux jeunes filles qui passaient en jetant un
coup d'oeil discret sur les branches de gui suspendues en
guirlandes; puis encore, des poires, des pommes amoncel�es en
pyramides app�tissantes; des grappes de raisin, que les marchands
avaient eu l'attention d�licate de suspendre aux endroits les plus
expos�s � la vue, afin que les amateurs se sentissent venir l'eau
� la bouche, et pussent se rafra�chir gratis en passant; des tas
de noisettes, moussues et brunes, faisant souvenir, par leur bonne
odeur, d'anciennes promenades dans les bois, o� l'on avait le
plaisir d'enfoncer jusqu'� la cheville au milieu des feuilles
s�ches; des _biffins_ de Norfolk, dodues et brunes, qui faisaient
ressortir la teinte dor�e des oranges et des citrons, et
semblaient se recommander avec instance par leur volume et leur
apparence juteuse, pour qu'on les emport�t dans des sacs de
papier, afin de les manger au dessert. Les poissons d'or et
d'argent, eux-m�mes, expos�s dans des bocaux parmi ces fruits de
choix, quoique appartenant � une race triste et apathique,
paraissaient s'apercevoir, tout poissons qu'ils �taient, qu'il se
passait quelque chose d'extraordinaire, allaient et venaient,
ouvrant la bouche tout autour de leur petit univers, dans un �tat
d'agitation h�b�t�e.

Et les �piciers donc! oh! les �piciers! leurs boutiques �taient
presque ferm�es, moins peut-�tre un volet ou deux demeur�s
ouverts; mais que de belles choses se laissaient voir � travers
ces �troites lacunes! Ce n'�tait pas seulement le son joyeux des
balances retombant sur le comptoir, ou le craquement de la ficelle
sous les ciseaux qui la s�parent vivement de sa bobine pour
envelopper les paquets, ni le cliquetis incessant des bottes de
fer-blanc pour servir le th� ou le moka aux pratiques. Pan, pan,
sur le comptoir; parais, disparais, elles voltigeaient entre les
mains des gar�ons comme les gobelets d'un escamoteur; ce n'�taient
pas seulement les parfums m�lang�s du th� et du caf� si agr�ables
� l'odorat, les raisins secs si beaux et si abondants, les amandes
d'une si �clatante blancheur, les b�tons de cannelle si longs et
si droits, les autres �pices si d�licieuses, les fruits confits si
bien glac�s et tachet�s de sucre candi, que leur vue seule
bouleversait les spectateurs les plus indiff�rents et les faisait
s�cher d'envie; ni les figues moites et charnues, ou les pruneaux
de Tours et d'Agen, � la rougeur modeste, au go�t acidul�, dans
leurs corbeilles richement d�cor�es, ni enfin toutes ces bonnes
choses orn�es de leur parure de f�te; mais il fallait voir les
pratiques, si empress�es et si avides de r�aliser les esp�rances
du jour, qu'elles se bousculaient � la porte, heurtaient
violemment l'un contre l'autre leurs paniers � provisions,
oubliaient leurs emplettes sur le comptoir, revenaient les
chercher en courant, et commettaient mille erreurs semblables de
la meilleure humeur du monde, tandis que l'�picier et ses gar�ons
montraient tant de franchise et de rondeur, que les coeurs de
cuivre poli avec lesquels ils tenaient attach�es par derri�re
leurs serpilli�res, �taient l'image de leurs propres coeurs
expos�s au public pour passer une inspection g�n�rale..., de beaux
coeurs dor�s, des coeurs � prendre, si vous voulez,
mesdemoiselles!

Mais bient�t les cloches appel�rent les bonnes gens � l'�glise ou
� la chapelle; ils sortirent par troupes pour s'y rendre,
remplissant les rues, dans leurs plus beaux habits et avec leurs
plus joyeux visages. Au m�me moment, d'une quantit� de petites
rues lat�rales, de passages et de cours sans nom, s'�lanc�rent une
multitude innombrable de personnes, portant leur d�ner chez le
boulanger pour le mettre au four. La vue de ces pauvres gens
charg�s de leurs galas, parut beaucoup int�resser l'esprit, car il
se tint, avec Scrooge � ses c�t�s, sur le seuil d'une boulangerie,
et, soulevant le couvercle des plats � mesure qu'ils passaient, il
arrosait d'encens leur d�ner avec sa torche. C'�tait, en v�rit�,
une torche fort extraordinaire que la sienne, car, une fois ou
deux, quelques porteurs de d�ners s'�tant adress� des paroles de
col�re pour s'�tre heurt�s un peu rudement dans leur empressement,
il en fit tomber sur eux quelques gouttes d'eau; et aussit�t ces
hommes reprirent toute leur bonne humeur, s'�criant que c'�tait
une honte de se quereller un jour de No�l. Et rien de plus vrai!
mon Dieu! rien de plus vrai!

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 0:43