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Page 22
Troisi�me couplet
Le second des trois esprits
R�veill� au milieu d'un ronflement d'une force prodigieuse, et
s'asseyant sur son lit pour recueillir ses pens�es, Scrooge n'eut
pas besoin qu'on lui dise que l'horloge allait de nouveau sonner
_une heure_. Il sentit de lui-m�me qu'il reprenait connaissance
juste � point nomm� pour se mettre en rapport avec le second
messager qui lui serait envoy� par l'intervention de Jacob Marley.
Mais trouvant tr�s d�sagr�able le frisson qu'il �prouvait en
restant l� � se demander lequel de ses rideaux tirerait ce nouveau
spectre, il les tira tous les deux de ses propres mains, puis, se
laissant retomber sur son oreiller, il tint l'oeil au guet tout
autour de son lit, car il d�sirait affronter bravement l'esprit au
moment de son apparition, et n'avait envie ni d'�tre assailli par
surprise, ni de se laisser dominer par une trop vive �motion.
Messieurs les esprits forts, habitu�s � ne douter de rien, qui se
piquent d'�tre blas�s sur tous les genres d'�motion, et de se
trouver, � toute heure, � la hauteur des circonstances, expriment
la vaste �tendue de leur courage impassible en face des aventures
impr�vues, en se d�clarant pr�ts � tout, depuis une partie de
croix ou pile, jusqu'� une partie d'honneur (c'est ainsi, je
crois, qu'on appelle l'homicide). Entre ces deux extr�mes, il se
trouve, sans aucun doute, un champ assez spacieux, et une grande
vari�t� de sujets. Sans vouloir faire de Scrooge un matamore si
farouche, je ne saurais m'emp�cher de vous prier de croire qu'il
�tait pr�t aussi � d�fier un nombre presque infini d'apparitions
�tranges et fantastiques, et � ne se laisser �tonner par quoi que
ce f�t en ce genre, depuis la vue d'un enfant au berceau, jusqu'�
celle d'un rhinoc�ros!
Mais, s'il s'attendait presque � tout, il n'�tait, par le fait,
nullement pr�par� � ce qu'il n'y e�t rien, et c'est pourquoi,
quand l'horloge vint � sonner une heure, et qu'aucun fant�me ne
lui apparut, il fut pris d'un frisson violent et se mit � trembler
de tous ses membres. Cinq minutes, dix minutes, un quart d'heure
se pass�rent, rien ne se montra. Pendant tout ce temps, il demeura
�tendu sur son lit, o� se r�unissaient, comme en un point central,
les rayons d'une lumi�re rouge�tre qui l'�claira tout entier quand
l'horloge annon�a l'heure. Cette lumi�re toute seule lui causait
plus d'alarmes qu'une douzaine de spectres, car il ne pouvait en
comprendre ni la signification ni la cause, et parfois il
craignait d'�tre en ce moment un cas int�ressant de combustion
spontan�e, sans avoir au moins la consolation de le savoir. � la
fin, cependant, il commen�a � penser, comme vous et moi l'aurions
pens� d'abord (car c'est toujours la personne qui ne se trouve
point dans l'embarras, qui sait ce qu'on aurait d� faire alors, et
ce qu'elle aurait fait incontestablement); � la fin, dis-je, il
commen�a � penser que le foyer myst�rieux de cette lumi�re
fantastique pourrait �tre dans la chambre voisine, d'o�, en la
suivant pour ainsi dire � la trace, on reconnaissait qu'elle
semblait s'�chapper. Cette id�e s'empara si compl�tement de son
esprit, qu'il se leva aussit�t tout doucement, mit ses pantoufles,
et se glissa sans bruit du c�t� de la porte.
Au moment o� Scrooge mettait la main sur la serrure, une voix
�trange l'appela par son nom et lui dit d'entrer. Il ob�it.
C'�tait bien son salon; il n'y avait pas le moindre doute � cet
�gard; mais son salon avait subi une transformation surprenante.
Les murs et le plafond �taient si richement d�cor�s de guirlandes
de feuillage verdoyant, qu'on e�t dit un bosquet v�ritable dont
toutes les branches reluisaient de baies cramoisies. Les feuilles
lustr�es du houx, du gui et du lierre refl�taient la lumi�re,
comme si on y avait suspendu une infinit� de petits miroirs; dans
la chemin�e flambait un feu magnifique, tel que ce foyer morne et
froid comme la pierre n'en avait jamais connu au temps de Scrooge
ou de Marley, ni depuis bien des hivers. On voyait, entass�s sur
le plancher, pour former une sorte de tr�ne, des dindes, des oies,
du gibier de toute esp�ce, des volailles grasses, des viandes
froides, des cochons de lait, des jambons, des aunes de saucisses,
des p�t�s de hachis, des plum-puddings, des barils d'hu�tres, des
marrons r�tis, des pommes vermeilles, des oranges juteuses, des
poires succulentes, d'immenses g�teaux des rois et des bols de
punch bouillant qui obscurcissaient la chambre de leur d�licieuse
vapeur. Un joyeux g�ant, superbe � voir, s'�talait � l'aise sur ce
lit de repos; il portait � la main une torche allum�e, dont la
forme se rapprochait assez d'une corne d'abondance, et il l'�leva
au-dessus de sa t�te pour que sa lumi�re v�nt frapper Scrooge,
lorsque ce dernier regarda au travers de la porte entreb�ill�e.
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