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Page 14
Si quelqu'un avait arr�t� ses yeux pour honorer d'un regard la
place de la masure de Caleb Plummer, ce n'aurait �t� sans doute,
que pour en approuver la d�molition pour cause d'embellissement de
la rue; car elle faisait sur la maison de Gruff et Tackleton
l'effet d'une excroissance, telle qu'une verrue sur un nez, un
coquillage sur la car�ne d'un navire, un clou sur une porte, un
champignon sur la tige d'un arbre. Mais c'�tait de ce germe
qu'�tait sorti le tronc superbe de Gruff et Tackleton. Sous ce
toit crevass�, l'avant-dernier Gruff avait commenc�, sur une
petite �chelle, la fabrique de joujoux pour des gar�ons et des
filles, maintenant devenus vieux, qui en avaient jou�, qui les
avaient bris�s et qui avaient �t� dormir.
J'ai dit que Caleb et sa pauvre fille aveugle habitaient l�, mais
j'aurais d� dire que Caleb habitait l� et que sa fille habitait
ailleurs; elle habitait une demeure enchant�e par le talent de
Caleb, o� la pauvret�, le d�nuement, et les soucis ne p�n�traient
jamais. Caleb n'�tait pas sorcier, mais il poss�dait l� son art
magique r�serv� aux hommes: la magie du d�vouement, et l'amour
sans bornes. La nature avait �t� sa seule ma�tresse, et lui avait
enseign� � produire tous ses enchantements.
La fille aveugle n'avait jamais su que le plafond �tait sale, les
murs d�cr�pits et l�zard�s, et laissant � l'air des passages de
plus en plus nombreux; que les solives vermoulues �taient pr�tes �
s'effondrer; que la rouille mangeait le fer, la pourriture le
bois, et la moisissure le papier; enfin que le d�labrement de la
masure s'aggravait chaque jour. Elle ne sut jamais que la table �
manger ne portait qu'une vaisselle �br�ch�e, que le d�couragement
et les chagrins attristaient la maison, et que les cheveux de son
p�re blanchissaient � vue d'oeil. Elle ne sut jamais qu'ils
avaient un ma�tre froid, exigeant et int�ress�; elle ne sut jamais
en un mot que Tackleton �tait Tackleton, mais elle vivait dans la
croyance que dans son humour excentrique il aimait � plaisanter
avec eux, et, qu'�tant leur ange gardien, il d�daignait de leur
dire une parole de remerciement.
Tout cela �tait l'oeuvre de Caleb, l'oeuvre de son brave homme de
p�re! Mais il avait aussi un Grillon dans son foyer; et pendant
qu'il �coutait avec tristesse sa musique, au temps que sa pauvre
aveugle sans m�re �tait jeune, cet esprit lui inspira la pens�e
que cette funeste privation de la vue pourrait �tre chang�e en
bonheur, et que sa fille pourrait �tre rendue heureuse par ces
petits moyens. Car tous les �tres de la tribu des grillons sont de
puissants esprits, quoique ceux qui conversent avec eux ne le
sachent pas le plus souvent, et il n'y a pas, dans le monde
invisible, de voix plus aimables et plus vraies, sur lesquelles on
puisse mieux compter, et qui donnent des conseils plus affectueux,
que les voix du foyer et du coin du feu, quand elles s'adressent �
l'esp�ce humaine.
Caleb et sa fille �taient ensemble � l'ouvrage dans leur chambre
d'habitude, qui leur servait � tous les usages de la vie, et
c'�tait une �trange pi�ce. Il y avait l� des maisons � divers
degr�s de construction pour des poup�es, de toutes les conditions;
des maisons modestes pour les poup�es de fortune m�diocre, des
maisons avec une chambre et une cuisine seulement pour les poup�es
de basse classe, des maisons somptueuses pour les poup�es du grand
monde. Plusieurs de ces maisons �taient meubl�es d'une mani�re
analogue � leur destination; d'autres pouvaient l'�tre sur un
simple avis et il ne fallait pas aller loin pour trouver des
meubles. Les personnages de tout rang � qui ces maisons �taient
destin�es �taient l� couch�s dans des corbeilles, les yeux fix�s
au plafond, ils n'y �taient pas p�le-m�le, mais r�unis d'apr�s
leur rang, et les distinctions sociales y �taient encore plus
marqu�es que dans le monde r�el, o� elles se trouvent beaucoup
plus dans le v�tement que dans le corps, et souvent un corps qui
serait fait pour une classe �lev�e n'est couvert que d'un v�tement
appartenant � la classe la plus humble. Ici la noblesse avait des
bras et des jambes de cire, la bourgeoisie n'avait les membres
qu'en peau, et le peuple qu'en bois.
Outre les poup�es, il y avait bien d'autres �chantillons du talent
de Caleb Plummer; dans sa chambre, il y avait des arches de No�,
o� les animaux �taient entass�s de mani�re � tenir le moins de
place possible, et � supporter des secousses sans se casser. La
plupart de ses arches de No� avaient un marteau sur la porte,
appendice peu naturel, mais qui ajoutait un ornement gracieux �
l'�difice. On y voyait des vingtaines de petites voitures, dont
les roues, quand elles tournaient, faisaient entendre une musique
plaintive. On y voyait de petits violons, de petits tambours et
autres instruments de torture pour les oreilles des grandes
personnes, tout un arsenal de canons, de fusils, de sabres et de
lances. On y voyait de petits saltimbanques en culottes rouges,
franchissant des obstacles en ficelle rouge, et descendant de
l'autre c�t�, la t�te en bas et les pieds en l'air. On y voyait
des vieux � barbes grises, sautant comme des fous par dessus des
barri�res horizontales, plac�es expr�s au travers de la porte de
leurs maisons. On y voyait des animaux de toute esp�ce et des
chevaux de toutes les races, depuis le grison juch� sur quatre
chevilles plant�es dans son corps en guise de jambes, jusqu'au
magnifique cheval de course pr�t � gagner le prix du roi au grand
Derby. Il aurait �t� difficile de compter les nombreuses douzaines
de figures grotesques qui �taient toujours pr�tes � commettre
toute esp�ce d'absurdit�s � la premi�re impulsion d'une manivelle,
de sorte qu'il n'aurait pas �t� ais� de citer une folle, un vice,
une faiblesse, qui n'e�t pas son type exact ou approchant dans la
chambre de Caleb Plummer. Et ce n'�tait pas sous une forme
exag�r�e, car il ne faut pas de fortes manivelles pour pousser les
hommes et les femmes � faire des actes aussi �tranges que jamais
jouet d'enfant a pu en ex�cuter.
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