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Page 9
CL�OPATRE.--Fulvie doit me l'avoir appris. Ah! de gr�ce, d�tourne-toi,
et verse des pleurs pour elle; puis, fais-moi tes adieux, et dis que ces
pleurs coulent pour l'�gypte. Maintenant, joue devant moi une sc�ne de
dissimulation profonde et qui imite l'honneur parfait.
ANTOINE.--Vous m'�chaufferez le sang.--Cessez.
CL�OPATRE.--Tu pourrais faire mieux, mais ceci est bien d�j�.
ANTOINE.--Je jure par mon �p�e!...
CL�OPATRE.--Jure aussi par ton bouclier... Son jeu s'am�liore; mais il
n'est pas encore parfait.--Vois, Charmiane, vois, je te prie, comme cet
emportement sied bien � cet Hercule romain[10].
[Note 10: Suivant une antique tradition, les Antonius descendaient
d'Hercule par son fils Ant�on. Plutarque observe qu'il y avait dans
le maintien d'Antoine une certaine grandeur qui lui donnait quelque
ressemblance avec les statues et les m�dailles d'Hercule, dont Antoine
affectait de contrefaire de son mieux le port et la contenance.]
ANTOINE.--Je vous laisse, madame.
CL�OPATRE.--Aimable seigneur, un seul mot... �Seigneur, il faut donc
nous s�parer...� Non, ce n'est pas cela: �Seigneur, nous nous sommes
aim�s.� Non, ce n'est pas cela; vous le savez assez!... C'est quelque
chose que je voudrais dire... Oh! ma m�moire est un autre Antoine; j'ai
tout oubli�!
ANTOINE.--Si votre royaut� ne comptait la nonchalance parmi ses sujets,
je vous prendrais vous-m�me pour la nonchalance.
CL�OPATRE.--C'est un p�nible travail que de porter cette nonchalance
aussi pr�s du coeur que je la porte! Mais, seigneur, pardonnez, puisque
le soin de ma dignit� me tue d�s que ce soin vous d�pla�t. Votre honneur
vous rappelle loin de moi; soyez sourd � ma folie, qui ne m�rite pas la
piti�; que tous les dieux soient avec vous! Que la victoire, couronn�e
de lauriers, se repose sur votre �p�e, et que de faciles succ�s jonchent
votre sentier!
ANTOINE.--Sortons, madame, venez. Telle est notre s�paration, qu'en
demeurant ici vous me suivez pourtant, et que moi, en fuyant, je reste
avec vous.--Sortons.
(Ils sortent.)
SC�NE IV
Rome.--Un appartement dans la maison de C�sar.
_Entrent_ OCTAVE, C�SAR, L�PIDE _et leur suite_.
C�SAR.--Vous voyez, L�pide, et vous saurez � l'avenir que ce n'est point
le vice naturel de C�sar de ha�r un grand rival.--Voici les nouvelles
d'Alexandrie. Il p�che, il boit, et les lampes de la nuit �clairent
ses d�bauches. Il n'est pas plus homme que Cl�op�tre, et la veuve de
Ptol�m�e n'est pas plus eff�min�e que lui. Il a donn� � peine audience �
mes d�put�s, et daigne difficilement se rappeler qu'il a des coll�gues.
Vous reconna�trez dans Antoine l'abr�g� de toutes les faiblesses dont
l'humanit� est capable.
L�PIDE.--Je ne puis croire qu'il ait des torts assez grands pour
obscurcir toutes ses vertus. Ses d�fauts sont comme les taches du
ciel, rendues plus �clatantes par les t�n�bres de la nuit. Ils sont
h�r�ditaires plut�t qu'acquis; il ne peut s'en corriger, mais il ne les
a pas cherch�s.
C�SAR.--Vous �tes trop indulgent. Accordons que ce ne soit pas un crime
de se laisser tomber sur la couche de Ptol�m�e, de donner un royaume
pour un sourire, de s'asseoir pour s'enivrer avec un esclave; de
chanceler, en plein midi, dans les rues, et de faire le coup de poing
avec une troupe de dr�les tremp�s de sueur. Dites que cette conduite
sied bien � Antoine, et il faut que ce soit un homme d'une trempe bien
extraordinaire pour que ces choses ne soient pas des taches dans son
caract�re... Mais du moins Antoine ne peut excuser ses souillures,
quand sa l�g�ret�[11] nous impose un si pesant fardeau: encore s'il ne
consumait dans les volupt�s que ses moments de loisir, le d�go�t et son
corps ext�nu� lui en demanderaient compte; mais sacrifier un temps si
pr�cieux qui l'appelle � quitter ses divertissements, et parle si haut
pour sa fortune et pour la n�tre, c'est m�riter d'�tre grond� comme ces
jeunes gens, qui, d�j� dans l'�ge de conna�tre leurs devoirs, immolent
leur exp�rience au plaisir pr�sent, et se r�voltent contre le bon
jugement.
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