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Page 8
CL�OPATRE.--Aide-moi, ch�re Charmiane, � sortir de ce lieu. Je vais
tomber. Cela ne peut durer longtemps: la nature ne peut le supporter.
ANTOINE.--Eh bien! ma ch�re reine...
CL�OPATRE.--Je vous prie, tenez-vous loin de moi.
ANTOINE.--Qu'y a-t-il donc?
CL�OPATRE.--Je lis dans vos yeux que vous avez re�u de bonnes nouvelles.
Que vous dit votre �pouse?--Vous pouvez partir. Pl�t aux dieux qu'elle
ne vous e�t jamais permis de venir!--Qu'elle ne dise pas surtout que
c'est moi qui vous retiens: je n'ai aucun pouvoir sur vous. Vous �tes
tout � elle.
ANTOINE.--Les dieux savent bien...
CL�OPATRE.--Non, jamais reine ne fut si indignement trahie... Cependant,
d�s l'abord, j'avais vu poindre ses trahisons.
ANTOINE.--Cl�op�tre!
CL�OPATRE.--Quand tu �branlerais de tes serments le tr�ne m�me des
dieux, comment pourrais-je croire que tu es � moi, que tu es sinc�re,
toi, qui as trahi Fulvie? Quelle passion extravagante a pu me laisser
s�duire par ces serments des l�vres aussit�t viol�s que prononc�s?
ANTOINE.--Ma tendre reine...
CL�OPATRE.--Ah! de gr�ce, ne cherche point de pr�texte pour me quitter:
dis-moi adieu, et pars. Lorsque tu me conjurais pour rester,
c'�tait alors le temps des paroles: tu ne parlais pas alors de
d�part.--L'�ternit� �tait dans nos yeux et sur nos l�vres. Le bonheur
�tait peint sur notre front; aucune partie de nous-m�mes qui ne nous f�t
go�ter la f�licit� du ciel. Il en est encore ainsi, ou bien toi, le plus
grand guerrier de l'univers, tu en es devenu le plus grand imposteur!
ANTOINE.--Que dites-vous, madame?
CL�OPATRE.--Que je voudrais avoir ta taille.--Tu apprendrais qu'il y
avait un coeur en �gypte.
ANTOINE.--Reine, �coutez-moi. L'imp�rieuse n�cessit� des circonstances
exige pour un temps notre service; mais mon coeur tout entier reste avec
vous. Partout, notre Italie �tincelle des �p�es de la guerre civile.
Sextus Pomp�e s'avance jusqu'au port de Rome. L'�galit� de deux pouvoirs
domestiques engendre les factions. Le parti odieux, devenu puissant,
redevient le parti ch�ri. Pomp�e proscrit, mais riche de la gloire de
son p�re, s'insinue insensiblement dans les coeurs de ceux qui n'ont
point gagn� au gouvernement actuel: leur nombre s'accro�t et devient
redoutable, et les esprits fatigu�s du repos aspirent � en sortir par
quelque r�solution d�sesp�r�e.--Un motif plus personnel pour moi, et qui
doit surtout vous rassurer sur mon d�part, c'est la mort de Fulvie.
CL�OPATRE.--Si l'�ge n'a pu affranchir mon coeur de la folie de l'amour,
il l'a gu�ri du moins de la cr�dulit� de l'enfance!--Fulvie peut-elle
mourir?
ANTOINE.--Elle est morte, ma reine. Jetez ici les yeux et lisez � votre
loisir tous les troubles qu'elle a suscit�s. La derni�re nouvelle est la
meilleure; voyez en quel lieu, en quel temps elle est morte.
CL�OPATRE.--O le plus faux des amants! O� sont les fioles[9] sacr�es que
tu as d� remplir des larmes de ta douleur? Ah! je vois maintenant, je
vois par la mort de Fulvie comment la mienne sera re�ue!
[Note 9: Allusion aux fioles de larmes que les Romains d�posaient
dans les mausol�es.]
ANTOINE.--Cessez vos reproches, et pr�parez-vous � entendre les projets
que je porte en mon sein, qui s'accompliront ou seront abandonn�s selon
vos conseils. Je jure par le feu qui f�conde le limon du Nil, que je
pars de ces lieux votre guerrier, votre esclave, faisant la paix ou la
guerre au gr� de vos d�sirs.
CL�OPATRE.--Coupe mon lacet, Charmiane, viens; mais non.... laisse-moi:
je me sens mal, et puis mieux dans un instant: c'est ainsi qu'aime
Antoine!
ANTOINE.--Reine bien-aim�e, �pargnez-moi: rendez justice � l'amour
d'Antoine, qui supportera ais�ment une juste proc�dure.
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