De la littérature des nègres, ou Recherches sur leurs facultés intellectuelles, leurs qualités m


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Page 19

[Note 123: _V._ Thoughts, etc., p. 31]

Dans cette hypoth�se, on demanderoit encore si l'homme n'a que des
droits � exercer, et pas de devoirs � remplir envers les animaux qu'il
associe � son travail; s'il ne blesse pas la religion et la morale en
exc�dant de fatigue ces quadrup�des malheureux, dont la vue n'est qu'un
supplice prolong�. Des maximes touchantes � cet �gard sont consign�es
dans les livres sacr�s que r�v�lent �galement les Juifs et les
Chr�tiens[124]. Un oiseau poursuivi par un �pervier, se r�fugie dans le
sein d'un homme qui le tue; l'ar�opage le condamne � mort, cette peine
�tait sans doute exag�r�e, mais il viendra sans doute le moment o� une
police justement s�v�re, punira ces f�roces charretiers, qui tous les
jours, � Paris surtout, exc�dant de fatigues et de coups, le plus utile
des animaux domestiques, le cheval, que Buffon appelle la plus belle
conqu�te de l'homme, accoutument le peuple � �tre insensible et cruel.
Je me rappelle avec plaisir d'avoir lu, au march� de Smith-Field,
� Londres, le r�glement qui d�cerne des amendes contre quiconque
maltraiteroit inutilement des animaux.

[Note 124: _V._ Deut�ronome XXVI, 6. Iere _Timith. V._, 58, _non
alligabis_ etc.]

Cette discussion se rattache � mon sujet; car, si les principes de
moralit� s'�tendent m�me aux rapports de l'homme avec les brutes,
les N�gres, disent-ils d�pourvus d'intelligence, auroient encore des
r�clamations � exercer; mais si les recherches les plus approfondies sur
l'organisation humaine prouvent que, malgr� les diff�rences de couleur,
jaune, cuivr�e, noire et blanche, elle est une; si des vertus et des
talens prouvent invinciblement que les N�gres, susceptibles de toutes
les combinaisons de l'intelligence et de la morale, constituent, sous
une peau diff�rent, une esp�ce identique � la n�tre, combien para�tront
plus coupables que ces Europ�ens qui, foulant aux pieds les lumi�res,
les sentimens r�pandus par le christianisme, et � sa suite, par la
civilisation, s'acharnent sur les cadavres des malheureux N�gres dont
ils sucent le sang pour en extraire de l'or!

Vingt ans d'exp�rience m'ont appris ce qu'opposent les marchands de
chair humaine: � les entendre, il faut avoir v�cu dans les colonies pour
avoir droit d'opiner sur la l�gitimit� de l'esclavage, comme si les
principes immuables de la libert� et de la morale varioient suivant
les degr�s de latitude; et quand on leur oppose l'accablante autorit�
d'hommes qui ont habit� ces climats et m�me fait la traite, ils les
d�mentent ou les calomnient. Ils auroient fini par d�nigrer ce _Page_
qui, apr�s avoir �t� l'un des plus forcen�s d�fenseurs de l'esclavage,
chante la palinodie, et s'abandonne � des aveux si �tranges, dans un
ouvrage sur la restauration de Saint-Domingue, o� il prend pour base la
libert� des Noirs[125]. Les planteurs s'obstinent � soutenir que dans
les colonies, qui sont des pays agricoles, le premier des arts doit �tre
fl�tri par la servitude, sous pr�texte que ce travail exc�de les forces
de l'Europ�en, quoiqu'on leur all�gue le fait irr�fragable de la colonie
d'Allemands, �tablie par d'Estaing, en 1764, � la Bombarde, pr�s du Mole
Saint-Nicolas, dont les descendans voyoient autour de leurs habitations
des cultures prosp�res cro�tre sous des mains libres. Ignore-t-on que
les premiers d�frichements du sol colonial ont �t� faits par des Blancs,
surtout par les manouvriers qu'on appeloit les _engag�s de trente-six
mois_! Niera-t-on que dans nos verreries et nos fonderies, on supporte
une chaleur plus forte que celle des Antilles? F�t-il vrai que ces
contr�es ne puissent fleurir sans le secours des N�gres, il faudroit
en tirer une conclusion tr�s-diff�rent de celles des colons; mais sans
cesse ils appellent le pass� � la justification du pr�sent, comme si des
abus inv�t�r�s �toient devenus l�gitimes. Parle-t-on de justice? ils
r�pondent en parlant de sucre, d'indigo, de balance du commerce.
Raisonne-t-on? ils disent qu'on d�clame; redoutant la discussion, ils
resassent tous les paralogismes, tous les lieux communs si rebattus
et si souvent r�fut�s, par lesquels on voudroient �tayer une mauvaise
cause? Fait-on appel aux coeurs sensibles? ils ricanent. Ils ram�nent
nos regards sur les pauvres qui assi�gent les �tats d'Europe, pour nous
emp�cher de les porter sur les malheureux que l'avarice pers�cute dans
les autres parties du globe, comme si le devoir de donner aux uns
emportoit l'interdiction de r�clamer pour les autres. Quelle id�e se
dont donc les planteurs de l'�tendue des obligations morales? Ils
pr�tendent que nous n�gligeons l'amour des hommes par amour pour
le genre humain: parce que nous ne pouvons soulager ceux qui nous
entourent, que dans une mesure disproportionn�e � leur nombre et � leurs
besoins, on nous traduit comme coupables, lorsque nous �levons la voix
en faveur de ceux qui, sous une peau de couleur diff�rente, g�missent
dans des contr�es lointaines? Tel est l'auteur B.D. du _Voyage � la
Louiziane_[126]. Tant qu'il y aura un �tre souffrant en Europe, ces
Messieurs nous d�fendre de plaindre ceux qu'on tourment en Afrique et en
Am�rique; ils s'indignent de ce qu'on trouble la jouissance des
tigres d�vorant leur proie; ils ont m�me tent� d'avilir la qualit� de
_philantrope_, ou ami des hommes, dont s'honore quiconque n'a pas
abjur� l'affection pour ses semblables; ils ont cr�� les �pith�tes de
_n�grophiles_ et _blancophages_, dans l'esp�rance qu'elles imprimeroient
une fl�trissure; ils ont suppos� que tous les amis des Noirs �toient les
ennemis des Blancs et de la France, que tous ils �toient soudoy�s
par l'Angleterre. L'auteur de cet ouvrage, accus� jadis d'avoir re�u
1,500,000 liv. pour �crire en faveur des Juifs, devoit avoir re�u
3,000,000 pour s'�tre constitu� l'avocat des N�gres. Ne demandez pas si
nos antagonistes n'ont pas encore employ� d'autres armes que le sarcasme
et la calomnie. Une souscription ouverte, dit-on, autrefois � Nantes,
pour faire assassiner un _philantrope_ qu'on avait pendu en effigie au
cap Fran�ais et � J�r�mie, donne la mesure de ce que l'on peut gagner
quand on plaide la cause de la justice et de l'infortune. Frapaolo-Sarpi
disoit avec raison que si la peste avoit des b�n�fices et des pensions
� donner, elle trouveroit des apologistes, au lieu qu'en d�fendant les
opprim�s et les pauvres, comme il faut lutter contre la puissance, la
richesse et la perversit�, on ne peut se promettre que des impostures,
des injures et des pers�cutions.

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 30th Apr 2025, 13:36