Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 4
LE PEINTRE.--C'est une imitation assez heureuse de la vie. Voyez ce
trait; vous semble-t-il bien?
LE PO�TE.--Je dis que c'est une le�on pour la nature; la vie qui respire
dans cette lutte de l'art est plus vivante que la nature.
(Entrent quelques s�nateurs qui ne font que passer.)
LE PEINTRE.--Comme le seigneur Timon est recherch�!
LE PO�TE.--Les s�nateurs d'Ath�nes! L'heureux mortel!
LE PEINTRE.--Regardez, en voil� d'autres!
LE PO�TE.--Vous voyez ce concours, ces flots de visiteurs. Moi, j'ai,
dans cette �bauche, esquiss� un homme � qui ce monde d'ici-bas prodigue
ses embrassements et ses caresses. Mon libre g�nie ne s'arr�te pas � un
caract�re particulier, mais il se meut au large dans une mer de cire
[2]. Aucune malice personnelle n'empoisonne une seule virgule de mes
vers; je vole comme l'aigle; hardi dans mon essor, ne laissant point de
trace derri�re moi.
[Note 2: On sait que les anciens �crivaient sur des tablettes de
cire avec un stylet de fer.]
LE PEINTRE.--Comment pourrai-je vous comprendre?
LE PO�TE.--Je vais m'expliquer.--Vous voyez comme tous les �tats, tous
les esprits (autant ceux qui sont liants et volages, que les gens graves
et aust�res), viennent tous offrir leurs services au seigneur Timon.
Son immense fortune, jointe � son caract�re gracieux et bienfaisant,
subjugue et conquiert toute sorte de coeurs pour l'aimer et le servir,
depuis le souple flatteur, dont le visage est un miroir, jusqu'� cet
Ap�mantus qui n'aime rien autant que se ha�r lui-m�me; il plie aussi
le genou devant lui, et retourne content et riche d'un coup d'oeil de
Timon.
LE PEINTRE.--Je les ai vus causer ensemble.
LE PO�TE.--Monsieur, j'ai feint que la Fortune �tait assise sur son
tr�ne, au sommet d'une haute et riante colline. La base du mont est
couverte par �tages de talents de tout genre, d'hommes de toute esp�ce,
qui travaillent sur la surface de ce globe, pour am�liorer leur
condition. Au milieu de cette foule dont les yeux sont attach�s sur la
souveraine, je repr�sente un personnage sous les traits de Timon, � qui
la d�esse, de sa main d'ivoire, fait signe d'avancer, et par sa faveur
actuelle change actuellement tous ses rivaux en serviteurs et en
esclaves.
LE PEINTRE.--C'est bien imagin�, ce tr�ne, cette Fortune et cette
colline, et au bas un homme appel� au milieu de la foule, et qui, la
t�te courb�e en avant, sur le penchant du mont, gravit vers son bonheur;
voil�, ce me semble, une sc�ne que rendrait bien notre art.
LE PO�TE.--Soit, monsieur; mais laissez-moi poursuivre. Ces hommes,
nagu�re encore ses �gaux (et quelques-uns valaient mieux que lui),
suivent tous maintenant ses pas, remplissent ses portiques d'une cour
nombreuse, versent dans son oreille leurs murmures flatteurs, comme la
pri�re d'un sacrifice, r�v�rent jusqu'� son �trier, et ne respirent que
par lui l'air libre des cieux.
LE PEINTRE.--Oui, sans doute: et que deviennent-ils?
LE PO�TE.--Lorsque soudain la Fortune, dans un caprice et un changement
d'humeur, pr�cipite ce favori nagu�re si ch�ri d'elle, tous ses
serviteurs qui, rampant sur les genoux et sur leurs mains, s'effor�aient
apr�s lui de gravir vers la cime du mont, le laissent glisser en bas;
pas un ne l'accompagne dans sa chute.
LE PEINTRE.--C'est l'ordinaire; je puis vous montrer mille tableaux
moraux qui peindraient ces coups soudains de la fortune, d'une mani�re
plus frappante que les paroles. Cependant vous avez raison de faire
sentir au seigneur Timon que les yeux des pauvres ont vu le puissant
pieds en haut, t�te en bas.
(Fanfares. Entre Timon avec sa suite: le serviteur de Ventidius cause
avec Timon.)
TIMON.--Il est emprisonn�, dites-vous?
Previous Page
| Next Page
|
|