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Page 30
UN SERVITEUR.--Une pareille maison renvers�e! un si g�n�reux ma�tre
ruin�; tout perdu, et pas un seul ami pour prendre sa fortune par le
bras et pour l'accompagner!
UN SECOND SERVITEUR.--De m�me que nous tournons le dos � notre compagnon
d�s qu'il est jet� dans son tombeau, ainsi ses amis, envoyant sa fortune
ensevelie, se d�robent au plus vite, ne lui laissant que leurs voeux
trompeurs, comme des bourses vides: l'infortun�, vou� � la mendicit�,
sans autre bien que l'air, avec sa pauvret�, maladie que tout le monde
fuit, marche comme le m�pris, tout seul. (_Entrent quelques autres
serviteurs de Timon_.) Voici encore quelques-uns de nos camarades.
FLAVIUS.--Tous instruments bris�s d'une maison ruin�e.
UN TROISI�ME SERVITEUR.--Nos coeurs n'en portent pas moins la livr�e de
Timon; je le lis sur nos visages. Nous sommes tous camarades encore,
servant tous ensemble dans le malheur. Notre barque fait eau; et nous,
pauvres matelots, nous sommes sur le pont, �coutant les menaces des
vagues, il faut que nous nous s�parions tous, dispers�s dans l'oc�an de
l'air.
FLAVIUS.--Braves amis, je veux partager avec vous tout ce qui me reste
de biens. En quelque lieu que nous puissions nous revoir, pour l'amour
de Timon, restons toujours camarades; secouons la t�te, et disons, comme
si c'�tait le glas de la fortune de notre ma�tre: �Nous avons vu des
jours plus heureux!�--Que chacun prenne sa part; allons, tendez tous la
main.--Pas un mot de plus: c'est ainsi que nous nous s�parons, pauvres
d'argent, mais riches en douleur. (_Il leur donne de l'argent, et tous
se retirent de diff�rents c�t�s_.) Oh! dans quelle affreuse d�tresse la
prosp�rit� nous a pr�cipit�s! Qui ne d�sirera pas d'�tre pr�serv� des
richesses, puisque l'opulence aboutit � la mis�re et au m�pris? Quel
homme voudrait se laisser tromper par l'�clat de la prosp�rit�, ou ne
jouir que d'un songe d'amiti�? Qui voudrait de la magnificence et de
tous ces avantages du rang, qui ne sont que des peintures, comme ces
amis couverts de vernis? Mon pauvre brave ma�tre! voil� o� son bon coeur
l'a r�duit; c'est sa bont� qui l'a perdu! �trange, singulier caract�re,
que celui dont le plus grand crime est d'avoir fait trop de bien! Qui
osera d�sormais �tre la moiti� aussi bon, puisque la bont� qui fait les
dieux d�truit l'homme? O mon cher ma�tre, ador� autrefois pour �tre
maudit aujourd'hui, riche seulement pour �tre mis�rable, ta grande
opulence est devenue ta grande calamit�. H�las! le bon seigneur, dans sa
rage il a fui cette ville ingrate, repaire de ses faux amis: il n'a rien
avec lui pour soutenir sa vie ou de quoi se procurer le n�cessaire. Je
veux le suivre et le d�couvrir. Je servirai toujours son �me de tout mon
coeur, et tant qu'il me restera de l'or je serai son intendant.
(Il sort.)
SC�NE III
Les bois. _Entre_ TIMON _avec une b�che_.
--O soleil, bienfaisant g�n�rateur, fais sortir de la terre une humidit�
empest�e, infecte l'air sous l'orbe de ta soeur[15]! Prends deux fr�res
jumeaux nourris dans le m�me sein, dont la conception, la gestation
et la naissance furent presque simultan�es; fais-leur �prouver des
destin�es diverses: le plus grand m�prisera le plus petit. La nature
qu'assi�gent tous les maux ne peut supporter une grande fortune qu'en
m�prisant la nature. �l�ve ce mendiant, d�pouille ce seigneur; le
seigneur va essuyer un m�pris h�r�ditaire, et le mendiant jouira des
honneurs de la naissance. C'est la bonne ch�re qui engraisse les flancs
d'un fr�re; c'est le besoin qui le maigrit[16]. Qui osera, qui osera
lever le front avec une puret� m�le, et dire: cet homme est un flatteur?
S'il en est un seul, ils le sont tous; chaque degr� de la fortune est
aplani par celui qui est au-dessous. La t�te savante fait plongeon
devant l'imb�cile v�tu d'or: tout est oblique, rien n'est uni dans notre
nature maudite, que le sentier direct de la perversit�. Haine donc aux
f�tes, aux soci�t�s et aux assembl�es des hommes! Timon m�prise son
semblable et lui-m�me. Que la destruction d�vore le genre humain!--O
terre, c�de-moi quelques racines. (_Il creuse la terre_.) Celui qui te
demande quelque chose de plus, flatte son palais de tes poisons les plus
actifs! Que vois-je! de l'or? cet or jaune, ce brillant et pr�cieux
inconstant. Non, dieux[17], je ne suis point un suppliant inconstant. Des
racines, cieux purs! Ce peu d'or suffirait pour rendre le noir blanc,
la laideur beaut�, le mal bien, la bassesse noblesse, la vieillesse
jeunesse, la l�chet� bravoure.--Oh! pourquoi cela, grands dieux?
Qu'est-ce donc, � dieux! pourquoi cet or peut-il faire d�serter de vos
autels, vos pr�tres et vos serviteurs? il arrache l'oreiller plac� sous
la t�te du malade encore plein de vie[18]. Ce jaune esclave forme ou
rompt les noeuds des pactes les plus sacr�s, b�nit ce qui fut maudit,
fait adorer la l�pre blanche; il place un fripon aupr�s du s�nateur,
sur le si�ge de justice, lui assure les titres, les g�nuflexions et
l'approbation publique. C'est lui qui fait remarier la veuve fl�trie.
Celle dont ses ulc�res d�go�teraient l'h�pital, l'or la parfume et
l'embaume, et la ram�ne au mois d'avril. Viens, poussi�re maudite,
prostitu�e commune � tout le genre humain, qui s�mes le trouble parmi la
foule des nations, je veux te faire reprendre la place que t'assigne la
nature!--(_Une marche militaire_.) Un tambour! Tu es bien vif, mais je
veux t'ensevelir: va, robuste brigand, rentre aux lieux o� ne peuvent
rester tes gardiens goutteux; mais gardons-en un peu pour �chantillon.
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