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Page 21
LUCIUS.--Je vois bien que Timon veut faire une plaisanterie; il n'est
pas possible qu'il ait besoin de cinquante talents, ni m�me de cinq fois
autant.
SERVILIUS.--Il a besoin pour le moment d'une somme plus petite. S'il
n'en avait pas besoin pour un bon usage, je ne vous conjurerais pas avec
tant d'instances.
LUCIUS.--Parles-tu s�rieusement, Servilius?
SERVILIUS.--Sur mon �me, c'est vrai, seigneur.
LUCIUS.--Quel vilaine brute je suis, de m'�tre d�garni dans une si belle
occasion de montrer mes bons sentiments! Je suis bien malheureux d'avoir
�t� hier acqu�rir une petite terre, pour perdre aujourd'hui l'occasion
de me faire grand honneur! Servilius, je te jure, � la face des dieux,
qu'il m'est impossible de pouvoir le faire....--Je n'en suis que plus
sot, dis-je, j'allais moi-m�me envoyer demander quelque argent � Timon:
ces messieurs en sont t�moins; mais, je ne voudrais pas � pr�sent
l'avoir fait pour toutes les richesses d'Ath�nes. Recommande-moi
affectueusement � ton bon ma�tre. Je me flatte que je ne perdrai rien de
son estime, parce que je n'ai pas le pouvoir de l'obliger; dis-lui de
ma part que je mets au nombre de mes plus grands malheurs de ne
pouvoir faire ce plaisir � un si estimable seigneur. Bon Servilius, me
promets-lu de me faire l'amiti� de r�p�ter � Timon mes propres paroles?
SERVILIUS.--Oui, seigneur, je le ferai.
Lucius.--Va, je saurai t'en r�compenser, Servilius. (_Servilius sort._)
(_Aux �trangers_.) En effet, vous aviez raison, Timon est ruin�, et
quand une fois on a �prouv� un refus, il est rare qu'on aille bien loin.
(Il sort.)
PREMIER �TRANGER.--Avez-vous remarqu� ceci, Hostilius?
SECOND �TRANGER.--Oui, trop bien.
PREMIER �TRANGER.--Eh bien! voil� le coeur du monde: tous les flatteurs
sont faits de la m�me �toffe. Qui peut apr�s cela donner le nom d'ami �
celui qui met la main dans le m�me plat? Il est � ma connaissance que
Timon a servi de p�re � ce seigneur; qu'il lui a conserv� son cr�dit de
sa bourse, qu'il a soutenu sa fortune m�me; c'est de l'argent de Timon
qu'il a pay� les gages de ses domestiques; Lucius ne boit jamais que ses
l�vres ne touchent l'argent de Timon, et cependant....--Oh! vois quel
monstre est l'homme, quand il se montre sous les traits d'un ingrat! Au
prix de ce qu'il en a re�u, ce qu'il ose lui refuser, l'homme charitable
le donnerait aux mendiants.
TROISI�ME �TRANGER.--La religion g�mit.
PREMIER �TRANGER.--Pour moi, je n'ai jamais go�t� des bienfaits de
Timon; jamais ses dons, r�pandus sur moi, ne m'ont inscrit au nombre de
ses amis; cependant, en consid�ration de son �me noble, de son illustre
vertu, et de sa conduite honorable, je proteste que si, dans son besoin,
il s'�tait adress� � moi, j'aurais tenu mon bien pour venu de lui, et
la meilleure part aurait �t� pour lui, tant j'aime son coeur; mais je
m'aper�ois que les hommes apprennent � se dispenser d'�tre charitables:
l'int�r�t est au-dessus de la conscience.
(Ils sortent.)
SC�NE III
Appartement de la maison de Sempronius. _Entrent_ SEMPRONIUS ET UN
SERVITEUR _de Timon_.
SEMPRONIUS.--Et pourquoi m'importuner, moi, hom! par pr�f�rence � tous
les autres? Ne pouvait-il pas s'asresser au seigneur Lucius, � Lucullus?
Ce Ventidius, qu'il a rachet� de la prison, est riche maintenant. Ces
trois hommes lui sont redevables de tout ce qu'ils poss�dent.
LE SERVITEUR.--H�las! seigneur, tous trois ont �t� essay�s � la pierre
de touche, et nous n'avons trouv� en eux qu'un vil m�tal; car ils ont
tous refus�.
SEMPRONIUS.--Comment, ils l'ont refus�! Lucullus, Ventidius l'ont
refus�, et il vient s'adresser � moi?... Tous trois? Une pareille
d�marche annonce de sa part peu de jugement, ou peu d'amiti�; dois-je
�tre son dernier refuge? Ses amis, comme autant de m�decins, l'ont tous
trois condamn�, et il faut que ce soit moi qu'on charge de cette cure?
Je m'en trouve tr�s-offens�, je suis en col�re contre lui, il e�t d�
mieux conna�tre mon rang. Je ne vois pas de raison pour que, dans son
besoin, il ne m'ait pas implor� d'abord; car enfin je suis, je l'avoue,
le premier homme qui ait re�u des pr�sents de lui, et il me recule dans
son souvenir au point de penser que je serais le dernier � lui marquer
ma reconnaissance! Non.--Il n'en faut pas davantage pour me rendre un
objet de ris�e aux yeux de toute la ville, et me faire passer pour un
fou parmi les grands seigneurs. J'aimerais mieux, pour trois fois la
somme qu'il demande, qu'il se f�t adress� � moi le premier, ne f�t-ce
que pour l'honneur de mon coeur, j'avais si grand d�sir de rendre un
service. Retourne, et � la froide r�ponse de ses amis ajoute celle-ci:
�Celui qui blesse mon honneur ne verra pas mon argent.�
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