Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 7
BRUTUS.--Non, Cassius; car l'oeil ne peut se voir lui-m�me, si ce n'est
par r�flexion, au moyen de quelque autre objet.
CASSIUS.--Cela est vrai, et l'on d�plore beaucoup, Brutus, que vous
n'ayez pas de miroirs qui puissent r�fl�chir � vos yeux votre m�rite
cach� pour vous, qui vous fassent voir votre image. J'ai entendu
plusieurs des citoyens les plus consid�r�s de Rome (sauf l'immortel
C�sar) parler de Brutus; et, g�missant sous le joug qui opprime notre
g�n�ration, ils souhaitaient que le noble Brutus f�t usage de ses yeux.
BRUTUS.--Dans quels p�rils pr�tendez-vous m'entra�ner, Cassius, en me
pressant de chercher en moi-m�me ce qui n'y est pas.
CASSIUS.--Brutus, pr�parez-vous � m'�couter; et puisque vous savez que
vous ne pouvez pas vous voir vous-m�me aussi bien que par la r�flexion,
moi, votre miroir, je vous d�couvrirai modestement les parties de
vous-m�me que vous ne connaissez pas encore. Et ne vous m�fiez pas de
moi, excellent Brutus: si je suis un railleur de profession, si j'ai
coutume de faire avec les serments ordinaires, �talage de mon amiti� �
tous ceux qui viennent me protester de la leur, si vous savez que
je courtise les hommes et les �touffe de caresses pour les d�chirer
ensuite, ou que dans la chaleur des festins je fais des d�clarations
d'amiti� � toute la salle, alors tenez-moi pour dangereux.
(On entend des trompettes et une acclamation.)
BRUTUS.--Qu'annonce cette acclamation? Je crains que ce peuple n'adopte
C�sar pour roi.
CASSIUS.--Oui? le craignez-vous?--Je dois donc penser que vous ne
voudriez pas qu'il le f�t.
BRUTUS.--Je ne le voudrais pas, Cassius; cependant je l'aime
beaucoup.--Mais pourquoi me retenez-vous si longtemps? de quoi
d�sirez-vous me faire part? Si c'est quelque chose qui tende au
bien public, placez devant mes yeux l'honneur d'un c�t�, la mort de
l'autre[11], et je les regarderai tous deux indiff�remment; car je
demande aux dieux de m'�tre aussi propices, qu'il est vrai que j'aime ce
qui s'appelle honneur plus que je ne crains la mort.
[Note 11: _Set honour in one eye, and death i' the other._
Voltaire a traduit:
La gloire dans un oeil, et le tr�pas dans l'autre.
_Eye_ veut dire ici _point de vue_; il est continuellement employ� en
anglais dans ce sens.]
CASSIUS.--Je vous connais cette vertu, Brutus, tout aussi bien que je
connais le charme de vos mani�res. Eh bien! l'honneur est le sujet de ce
que j'ai � vous exposer. Je ne puis dire ce que vous et d'autres hommes
pensent de cette vie; mais pour moi, j'aimerais autant ne pas �tre que
de vivre dans la crainte et le respect devant un �tre semblable � moi.
Je suis n� libre comme C�sar; vous aussi; nous avons tous deux profit�
de m�me; tous deux nous pouvons aussi bien que lui soutenir le froid de
l'hiver.--Dans un jour brumeux et orageux o� le Tibre agit� s'irritait
contre ses rivages, C�sar me dit: �Oses-tu, Cassius, t'�lancer avec moi
dans ce courant furieux, et nager jusque l�-bas?�--� ce seul mot, v�tu
comme j'�tais, je plongeai dans le fleuve, en le sommant de me suivre.
En effet, il me survit: le torrent rugissait; nous le battions de nos
muscles nerveux, rejetant ses eaux des deux c�t�s et coupant le courant
d'un coeur anim� par la dispute. Mais avant que nous eussions atteint
le but marqu�, C�sar s'�crie: �Secours-moi, Cassius, ou je p�ris.� Moi,
comme �n�e notre grand anc�tre emporta sur son �paule le vieux Anchise
hors des flammes de Troie, j'emportai hors des vagues du Tibre C�sar
�puis�: et cet homme aujourd'hui est devenu un dieu, et Cassius n'est
qu'une mis�rable cr�ature, et il faut que son corps se courbe si C�sar
daigne seulement le saluer d'un signe de t�te n�gligent!--En Espagne,
il eut la fi�vre, et pendant l'acc�s je fus frapp� de voir comme il
tremblait. Rien n'est plus vrai, je vis ce dieu trembler: ses l�vres
poltronnes avaient fui leurs couleurs; et ce m�me oeil, dont le regard
seul impose au monde, avait perdu son �clat. Je l'entendis g�mir, oui,
en v�rit�; et cette langue qui commande aux Romains de l'�couter et de
d�poser ses paroles dans leurs annales[12], criait: �H�las! Titinius,
donne-moi � boire,� comme l'aurait fait une petite fille malade. Dieux
que j'atteste, je me sens confondu qu'un homme si faible de temp�rament
prenne les devants sur ce monde majestueux, et seul remporte la palme.
(Acclamation, fanfare.)
Previous Page
| Next Page
|
|