Beaucoup de Bruit pour Rien by William. Spurious and doubtful works Shakespeare


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Page 10

L�ONATO.--Ainsi, parce que vous �tes trop maligne, Dieu ne vous enverra
point de cornes.

B�ATRICE.--Justement, s'il ne m'envoie jamais de mari; et pour obtenir
cette gr�ce, je le prie � genoux chaque matin et chaque soir. Bon Dieu!
je ne pourrais supporter un mari avec de la barbe au menton; j'aimerais
mieux coucher sur la laine.

L�ONATO.--Vous pourriez tomber sur un mari sans barbe.

B�ATRICE.--Eh! qu'en pourrais-je faire? Le v�tir de mes robes et en
faire ma femme de chambre? Celui qui porte barbe n'est plus un enfant;
et celui qui n'en a point est moins qu'un homme. Or celui qui n'est plus
un enfant n'est pas mon fait, et je ne suis pas le fait de celui qui est
moins qu'un homme. C'est pourquoi je prendrai six sous pour arrhes du
conducteur d'ours, et je conduirai ses singes en enfer[9].

[Note 9: Un vieux proverbe disait: _Les vieilles pucelles conduisent
les singes en enfer_.]

L�ONATO.--Quoi donc? vous iriez donc en enfer?

B�ATRICE.--Non, seulement jusqu'� la porte; et l� le diable me viendra
recevoir avec des cornes au front comme un vieux mis�rable, et me dira:
Allez au ciel, B�atrice, allez au ciel; il n'y a pas ici de place pour
vous autres filles: c'est ainsi que je remets l� mes singes et que je
vais trouver saint Pierre pour entrer au ciel; il me montre l'endroit o�
se tiennent les c�libataires, et je m�ne avec eux joyeuse vie tout le
long du jour.

ANTONIO.--Tr�s-bien, ma ni�ce.--(_A H�ro_.) j'esp�re que vous vous
laisserez guider par votre p�re.

B�ATRICE.--Oui, sans doute, c'est le devoir de ma cousine de faire la
r�v�rence, et de dire: _Mon p�re, comme il vous plaira_. Mais, cousine,
malgr� tout, que le cavalier soit bien tourn�; sans quoi, doublez la
r�v�rence et dites: _Mon p�re, comme il vous plaira_.

L�ONATO.--J'esp�re bien un jour vous voir aussi pourvue d'un mari, ma
ni�ce.

B�ATRICE.--Non pas avant que la Providence fasse les maris d'une autre
p�te que la terre. N'y a-t-il pas de quoi d�sesp�rer une femme de se
voir r�gent�e par un morceau de vaillante poussi�re, d'�tre oblig�e de
rendre compte de sa vie � une motte de marne bourrue? Non, mon oncle,
je n'en veux point. Les fils d'Adam sont mes fr�res, et sinc�rement je
tiens pour p�ch� de me marier dans ma famille.

L�ONATO.--Ma fille, souvenez-vous de ce que je vous ai dit. Si le prince
vous fait quelques instances de ce genre, vous savez votre r�ponse.

B�ATRICE.--Si l'on ne vous fait pas la cour � propos, cousine, la faute
en sera dans la musique. Si le prince devient trop importun, dites-lui
qu'on doit suivre en tout une mesure, dansez-lui votre r�ponse. �coutez
bien, H�ro, la triple affaire de courtiser, d'�pouser et de se repentir
est une gigue �cossaise, un menuet et une sarabande. Les premi�res
propositions sont ardentes et pr�cipit�es comme la gigue �cossaise, et
tout aussi bizarres. Ensuite, l'hymen grave et convenable est comme un
vieux menuet plein de d�corum. Apr�s suit le repentir qui, de ses deux
jambes �clopp�es, tombe de plus en plus dans la sarabande jusqu'� ce
qu'il descende dans le tombeau.

L�ONATO.--Ma ni�ce, vous voyez les choses d'un trop mauvais c�t�.

B�ATRICE.--J'ai de bons yeux, mon oncle, je peux voir une �glise en
plein midi.

L�ONATO.--Voici les masques.--(_A Antonio_.) Allons, mon fr�re, faites
placer.

(Entrent don P�dre, Claudio, B�n�dick, Balthazar, don Juan, Borachio,
Marguerite, Ursule, et une foule d'autres masques.)

DON P�DRE, _abordant H�ro_.--Daignerez-vous, madame, vous promener avec
un ami[10]?

[Note 10: _Friend_, un ami; nous disons encore _un bon ami_, dans le
m�me sens.]

H�RO.--Pourvu que vous vous promeniez lentement, que vous me regardiez
avec douceur, et que vous ne disiez rien, je suis � vous pour la
promenade; et surtout si je sors pour me promener.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 29th Apr 2025, 1:29