Escal-Vigor by Georges Eekhoud


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Page 54

Il se borna pour le quart d'heure � circonvenir ceux de
Klaarvatsch qui ne travaillaient pas � demeure au ch�teau, les
plastiques marins, les comparses des jeux athl�tiques et des
tournois d�coratifs, les personnages des sortes de �masques� et
tableaux vivants compos�s par le Dykgrave.

Landrillon les indisposa graduellement contre les cinq privil�gi�s
et surtout contre le petit favori, les grands r�les de ces
mascarades, comme les appelait le valet, d'ailleurs rigoureusement
exclu, pour cause de trivialit�, de ces interm�des esth�tiques.
Les figurants finissaient par convenir avec Landrillon que
l'ascendant de Guidon Govaertz, ce petit morveux encore imberbe,
sur le Dykgrave �tait par trop consid�rable. Indispos�s contre le
page, ils ne tarderaient point, calculait ce machiavel du fumier,
� voir de moins bon oeil, le ch�telain.

D'autre part, l'ancien domestique, qui avait ouvert une sorte de
tourne-bride entre le parc de l'Escal-Vigor et le village de
Zoudbertinge, attirait l'attention ombrageuse des notables sur le
trop d'int�r�t t�moign� par Henry aux va-nu-pieds de Klaarvatsch,
au rebut de l'�le smaragdine.

Landrillon voyait souvent Balthus Bomberg � pr�sent. Il se bornait
� l'entretenir du faux m�nage de Blandine et du comte, mais sans
lui faire entrevoir encore une irr�gularit� morale autrement
choquante, �norme.

Le domin�, qui se cassait la t�te pour renverser et perdre le
Dykgrave, ne se f�t jamais arr�t�, m�me en imagination, � une arme
si mal�fique que celle dont Landrillon comptait se servir. Ah la
terrible explosion! Si cette mine-l� �clatait un jour, les pires
chenapans devraient l�cher l'indigne favori! Pas un homme honn�te
dans l'�le ne tendrait encore la main au r�prouv�.

-- Comment faire, mon cher monsieur Landrillon, demandait, en
attendant, le cur� � son nouvel alli�, pour exorciser, pour
retourner ces fanatiques, pour les d�tacher de cet ensorceleur, de
ce corrupteur?...

-- Oui, oui, corrupteur n'est pas trop dur! l'interrompait
Landrillon, avec un rire en dedans qui e�t donn� � supposer bien
des choses � un autre qu'� ce pasteur rigoriste mais born�.

-- Notez, protestait celui-ci, que je n'en veux pas � ce mauvais
noble, mais que je suis uniquement entra�n� par mon z�le pour la
religion, les bonnes moeurs et la cause du bien!...

-- Pour bien faire, mon r�v�rend Monsieur, reprenait Landrillon,
avec sa mine chafouine, il nous faudrait d�couvrir chez le comte
de Kehlmark une transgression qui heurterait un pr�jug� terrible
et en quelque sorte ind�racinable dans notre ordre social et
chr�tien; vous comprenez ce que je veux dire, une abomination qui
crierait non seulement vengeance au ciel, mais aux p�cheurs les
moins timor�s...

-- Oui, mais qui nous fournira la preuve d'un forfait de ce genre!
soupirait Bomberg.

-- Patience, mon r�v�rend Monsieur, patience! nasillait
cauteleusement le mauvais domestique.


Bomberg tenait ses sup�rieurs eccl�siastiques au courant de la
tournure plus favorable que prenaient leurs affaires.

Continuellement entreprise par Landrillon, Claudie commen�ait �
s'impatienter des lenteurs et des temporisations du comte de
Kehlmark. Ce qui contribuait � l'irriter, c'est que dans le pays
les pr�tendants �vinc�s ne se g�naient point pour se moquer d'elle
et m�me la chansonner dans les cabarets. Landrillon lui faisait
accroire que Blandine tenait encore le Dykgrave. Aussi la pataude
en voulait-elle de plus en plus � l'intendante, � cette
pimpesou�e. Tout aussi r�serv� qu'avec Bomberg, Landrillon n'avait
garde de mettre d�j� la v�h�mente paysanne sur la v�ritable piste.
�Ah nous en verrons de dr�les le jour o� la Claudie saura toute la
v�rit�! Y en aura-t-il de la casse!� songeait le trigaud en se
frottant les mains et en riant sous cape.

Il jubilait � l'avance, savourait, recuisait sa vengeance,
aiguisait voluptueusement l'arme d�cisive, la repassant sur la
pierre, ne voulant frapper qu'� coup s�r et en toute s�curit� pour
lui.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 13:01