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Page 53
Landrillon fut tellement pris au d�pourvu par cette volte-face et
mat� par l'air d�sesp�r�ment r�solu des ma�tres de l'Escal-Vigor,
qu'au dehors il n'osa donner suite � sa conspiration et divulguer
ce qu'il avait vu ou, tout au moins, parler de ce qu'il
soup�onnait.
Au village, il pr�tendit avoir quitt� l'Escal-Vigor de son propre
gr� afin de s'�tablir, et comme, du ch�teau, on ne d�mentit point
cette version, cet �v�nement inopin� ne donna point lieu � trop de
comm�rages.
N'osant encore rompre ouvertement en visi�re � son ancien ma�tre,
il entreprit d'entamer sa popularit�.
Ainsi il fit une cour assidue � Claudie, que sa luronnerie
�grillarde avait toujours amus�e, et il flatta l'amour-propre du
fermier des P�lerins. Rebut� par Blandine, il jetait son d�volu
sur la riche h�riti�re de la ferme, mais ce caprice nouveau il le
mettrait au service de la haine inextinguible qu'il portait
d�sormais � la ma�tresse du Dykgrave, une de ces haines qui
repr�sentent l'aberration de l'amour. Car il s'�tait repris �
d�sirer follement la femme qui lui �chappait et qui l'avait jou�.
Elle le frustrait, elle le volait, elle le spoliait.
Landrillon parut aussi aux offices, aux pr�ches de Dom Balthus. Il
s'insinua dans les gr�ces de la femme du pasteur et des deux
vieilles filles, les soeurs du fermier des P�lerins.
L'ancien valet n'osait encore agir ouvertement, mais il
d�cha�nerait un terrible orage contre Kehlmark, sa concubine et
leur mignon. Leur fiert�, leur audace le passaient: �Vrai, ils en
ont de l'aplomb et un toupet! Concilier des moeurs pareilles avec
de la dignit�! Il ne leur manque plus que de tirer gloire de leur
ignominie!�
Le gaillard ne se savait point si bon devin. Il se croyait le
droit de m�priser profond�ment son ancien ma�tre. Les mille
gredineries auxquelles, troupier vendu de corps et d'�me, absolu
prostitu�, il s'�tait livr� durant son temps de bagne militaire ne
repr�sentaient que bagatelles ne tirant pas � cons�quence. De tout
temps, le vice a condamn� l'amour vrai, et les Kehlmark ont �t� la
r�habilitation des Landrillon. La turbe pr�f�rera toujours
Barrabas � J�sus.
Pour commencer, Landrillon s'appliquerait � d�tacher Michel
Govaertz du ch�telain de l'Escal-Vigor, � refroidir le bel
enthousiasme du p�re et de la fille, � chauffer la rancune de la
virago contre Blandine, puis � incriminer vaguement les rapports
de Guidon et de Kehlmark:
-- � votre place, se hasarda-t-il � dire un jour � Michel et �
Claudie, je ne laisserais pas le jeune Guidon au ch�teau. Le faux
m�nage du comte et de cette chipie est un mauvais exemple pour un
jeune homme!
� leur sourire �tonn�, il comprit qu'il faisait fausse route et
n'insista point.
Landrillon n'aurait pu fournir la preuve des scandaleuses
imputations qu'il br�lait de formuler contre le ma�tre de l'Escal-
Vigor. Dire qu'un instant le fourbe s'�tait flatt� de produire
Blandine contre lui!
Pr�venu, averti, le comte se tiendrait � quatre, n'aurait garde de
se livrer, de se compromettre, de tomber dans un traquenard. Il
sauvait parfaitement les apparences.
La pr�sence de Guidon au ch�teau se justifiait sous tous les
rapports. Loin de s'en s�parer, le comte venait de se l'attacher
comme secr�taire.
Un instant, Thibaut songea � suborner des t�moins, � corrompre les
manouvriers de Klaarvatsch, les cinq hercules que le comte
employait aux corv�es du ch�teau et qui posaient dans son atelier.
Mais ces gars simples et rudes �taient fous de leur patron et
eussent assomm� l'ennemi d�s le premier mot qu'il leur e�t touch�
de son plan. Il fallait ruser, les prendre, les gagner d'une autre
fa�on et peu � peu sans brusquer les choses.
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