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Page 51
Et mes souffrances aussi, quand on mettait la conversation sur la
galanterie et les bonnes fortunes! Forc� de rire, de me m�ler �
cet assaut d'historiettes croustilleuses et m�me de raconter � mon
tour une gaudriole ou une prouesse libertine, je me sentais lever
le coeur et me reprochais ma l�che complaisance.
Le Berger de Feu dont tu m'entendis nagu�re conter la l�gende
refusa de se rendre en p�lerinage � Rome pour se jeter aux pieds
du pape et implorer sa mis�ricorde. Ce p�cheur r�pudiait tout
arbitre entre sa conscience et la foule. Je fus plus humble. Un
jour j'�crivis � un r�volutionnaire illustre, � un de ces porteurs
de torches, qui passent pour �tre en avance sur tout leur si�cle
et qui r�vent un monde de fraternit�, de bonheur et d'amour. Je le
consultai sur mon �tat comme s'il s'�tait agi de celui d'un de mes
amis. L'homme de qui j'attendais la consolation, une parole
rassurante, un signe de tol�rance, me r�pondit par une lettre
d'anath�me et d'interdit. Il criait _raca_ sur le transfuge de la
morale amoureuse, se montrant aussi implacable pour les �tres
d'exception que le pape de la l�gende pour le chevalier
Tannh�user. Ah! Ah! ce pape de la r�volution me voua pour la vie
au Venusberg ou mieux � l'Uranienberg!
Cette excommunication majeure qui aurait d� me d�sesp�rer me
rendit au sentiment de ma dignit� individuelle, de mes devoirs
envers ma nature. J'ai puis� la force de vivre conform�ment � ma
conscience, � mes besoins, dans l'iniquit� m�me qui m'�tait faite
par l'humanit�; mais, isol�, je passai par des alternatives de
d�couragement et de r�volte, et tu t'expliqueras � pr�sent, ma
pauvre ch�rie, mes humeurs bizarres, mes prodigalit�s, mes exc�s,
mes exploits de casse-cou. Oui, je cherchais toujours l'oubli, et
plus d'une fois la mort!
-- Tu as souffert plus que moi, lui dit Blandine, comme il
s'arr�tait soulag�, avec une sorte de s�r�nit�, le visage presque
�panoui, illumin� de franchise, -- mais du moins ne souffriras-tu
plus par ma faute!... Je me convertis � ta religion d'amour, je me
d�pouille de mes derniers pr�jug�s. Non seulement je t'excuse,
mais je t'admire et t'exalte... je consens � ce que tu voudras...
Sois tranquille, Henry, tu n'entendras plus une plainte, encore
moins un reproche...
Guidon, celui que tu ch�ris de corps et d'�me, sera mon ami, je
serai sa soeur. Nous quitterons ce pays, si tu veux, Henry, nous
irons vivre ailleurs, � trois, modestement mais d�sormais apais�s
et r�concili�s...
Confondu par tant d'abn�gation, le Dykgrave s'�cria:
-- Oh, ne pouvoir t'aimer que comme une m�re, une m�re encore plus
tendre que la meilleure, ma sainte Blandine, mais seulement une
m�re!...
Elle lui ferma la bouche par ce cri:
-- Ah! voil� pourquoi quelque chose m'emp�cha jadis d'aller
rechercher l'autre dans sa prison!
Il y avait du triomphe, de la jubilation dans ce d�sespoir de
Blandine. C'�tait la folie sublime du sacrifice. La femme
s'�levait jusqu'� l'ange.
Elle devait monter plus haut encore, rejeter toute jalousie
charnelle.
Joignant le geste � la promesse, elle demanda � Kehlmark d'appeler
Guidon, et quand le jeune homme se fut pr�sent�, elle lui prit les
mains, elle les mit elle-m�me dans celles du ma�tre, puis elle
d�posa un baiser chaste, mais secourable comme la tombe, sur le
front rougissant du disciple.
TROISI�ME PARTIE_
_LA KERMESSE DE LA SAINT-OLFGAR
I
� la suite de cette explication supr�me, le Dykgrave, � qui
Blandine avait r�v�l� une partie des manoeuvres de Landrillon,
celles dont elle n'avait pas �t� directement victime, mit le
domestique � la porte. Le comte pr�f�rait affronter les pires
cons�quences de ce renvoi, plut�t que de continuer � respirer le
m�me air que ce fourbe, et Blandine, enti�rement acquise aux vues
de son ma�tre, ne redoutait plus le scandale dont le dr�le l'avait
toujours menac�e.
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