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Page 48
Soudain, il comprit.
Blandine! Blandine qu'il venait d'insulter si grossi�rement. Les
r�les �taient renvers�s. C'�tait lui l'entretenu! Au lieu de le
calmer, dans les dispositions d'esprit o� il se trouvait, cette
d�couverte l'exasp�ra.
Au diapason o� il �tait mont�, rien ne pouvait balancer
l'injustice dont il avait � se plaindre.
Il relan�a la jeune femme:
-- De mieux en mieux, fit-il. je sais tout. Tu m'ach�tes, tu
m'entretiens; je ne poss�de plus un sou vaillant. L'Escal-Vigor
devrait t'appartenir. C'est � peine s'il repr�sente la valeur des
sommes que tu m'as donn�es. Mais, ma ch�re, vous avez fait un faux
calcul en vous flattant ainsi de me lier � vous, de me rendre
votre chose lige... Non, non, je ne suis pas � vendre. Je sortirai
d'ici. Je vous laisse le ch�teau. Je ne veux rien de vous...
Puis, reprit-il, atrocement persifleur, comme s'il se mutilait
lui-m�me, apr�s ce que je t'en ai avou�, tu eusses fait une pi�tre
acquisition en ma personne! Ah! Ah! Ah!
Notre situation mutuelle est encore plus extravagante que je le
croyais... Tu n'es vraiment pas d�go�t�e. Mais, petite sotte, avec
l'argent que te laissait mon a�eule, tu aurais pu te procurer un
m�le, un solide amateur de femmes. Tiens, j'y pense, tu ne devais
m�me pas chercher bien loin... Ce Landrillon...
Malheureux Kehlmark!
Dans son besoin de r�volte et de repr�sailles, il venait de porter
� Blandine la pire des blessures. Ah, le mis�rable! Il ne se
doutait pas encore du plus grand des sacrifices qu'elle lui avait
faits! L'abandon de sa fortune n'�tait rien compar� � cet autre
holocauste! Quel d�mon venait de mettre sur les l�vres
impr�catoires du Dykgrave le dernier nom qu'il e�t d� prononcer.
Kehlmark ne devait jamais conna�tre jusqu'� quel point il s'�tait
montr� abominable en ce moment, mais � peine le nom de Landrillon
fut-il sorti de sa bouche qu'une d�tente se produisit en lui: le
blanc visage, les yeux implorateurs de Blandine lui r�v�l�rent une
partie du coup qu'il venait de lui porter.
Il re�ut la femme d�faillante dans ses bras:
-- Ce n'est pas moi qui viens de parler, ma ch�rie. Pardonne-moi.
C'est un pass� de douleur inou�e et de secret opprobre; ce sont
mes sens exasp�r�s qui se vengent.
Et pour obtenir son pardon, il lui fit une confession g�n�rale, ou
mieux un tableau complet de sa vie int�rieure.
En se rappelant ses heures sombres il redevenait cruel et agressif
comme tout � l'heure, puis il se reprenait � la caresser, et son
exaltation sardonique confinait par moments � la folie:
-- Ah, Blandine! Blandine! Ce que j'ai souffert, ce que je souffre
encore, on ne le saura jamais que si on a pass� par les m�mes
affres!
Pauvre ch�rie, tu as cru que je t'en voulais et que je me plaisais
� te faire du mal...
Voyons, sois raisonnable. Tu observes quelqu'un attach� au b�cher
et br�lant � petit feu; et c'est toi qui lui reproches le
spectacle atroce que son supplice inflige aux �mes sensibles!...
Ah! un spectacle qu'il t'offrit bien malgr� lui!
Et c'est cette victime martyris�e, ce patient endolori dont tout
l'�tre est une perp�tuelle torture, une crispante lancinance,
c'est ce br�l� vif que tu accuses d'�tre ton bourreau.
D�sormais, � ma soeur, fais-lui gr�ce de tes mines d�go�t�es, de
ta vertueuse r�probation.
Ah, j'en ai assez! Puisque je t'ai fait du mal inconsciemment, �
toi la meilleure des femmes, je me demande pourquoi je m�nagerais
les sentiments de la turbe. Loin de m'humilier, je me redresse...
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