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Page 47
Jamais encore il ne l'avait entreprise avec un pareil acharnement.
-- H�las! songeait-elle, dire que c'est moi qui le d�sesp�re
ainsi! Moi qui ne sais plus quoi donner pour lui; moi qui ai
consenti, pour acheter son repos, � vivre, et de quelle vie,
Seigneur!
-- Henry, mon Henry, le supplia-t-elle, tais-toi, mon Dieu, tais-
toi! Dis, que veux-tu que je fasse? Je ne suis que ta servante,
ton esclave. Qu'as-tu encore � me reprocher?
-- Ton m�pris, tes grimaces, tes airs de sainte Pars, quitte-moi.
Abandonne ce pestif�r�. Je ne veux plus de ton insultante
compassion... Ah, tu es mon remords, mon vivant reproche! Quoi que
tu fasses, tu es un miroir dans lequel je me vois constamment
attach� au pilori, sous le fer rouge du bourreau...
Et il la saisissait par les poignets au risque de les lui
meurtrir; il lui criait dans le visage:
-- � femme normale, mod�le, irr�prochable, je te hais, entends-tu
bien, je te hais!
Va, j'en ai assez. Toute extr�mit� plut�t que cet enfer. Livre-
moi, madame Judas. Ameute nos vertueux voisins et l'�le enti�re.
Cours chez le domin�. Dis-leur qui je suis! Ah! Eh bien, cela
m'est �gal...
Ce perp�tuel mensonge, cette dissimulation de tous les instants
m'�touffe et me p�se. Tout est pr�f�rable � ce supplice. Si tu ne
parles pas, je parlerai, moi! Je leur dirai tout!... Ah, je te
parais inf�me; mais alors toi, Blandine, tu es bien plus inf�me
que moi d'avoir v�cu aux crochets de celui que tu m�prises; de
t'�tre fait nourrir, entretenir par ce r�prouv�, d'avoir tol�r� si
longtemps ses vices parce qu'il te payait largement!...
-- Henry, mon bien-aim�! Vraiment, tu crois cela. Oh comme tu t'en
voudrais, comme tu te ferais horreur si tu savais la v�rit�!
Ah oui, qu'il �tait injuste. L'injustice dont lui-m�me se croyait
victime, le rendait fr�n�tique et aveugle, cruel comme la
fatalit�.
Il assimilait � la foule, � la masse malveillante et conforme,
cette femme admirable, cette amante magnanime, parfois maladroite
ou impuissante, pr�sumant trop de ses forces pourtant h�ro�ques,
pouss�e, elle aussi, � bout, mais repuisant dans son amour un
nouveau pouvoir d'exalter, de plus en plus, ce dieu qui l'exilait
de son ciel.
-- Oui, je crois cela, vraiment! insista le malheureux �gar�. Tu
m'�pargnes, tu me m�nages parce que tu m�nes ici une existence de
ch�telaine et parce que tu te crois indispensable � ce prodigue, �
ce gaspilleur qui n'a jamais su compter. Tu te figures que je ne
puis me passer de toi. Tu t'imposes. Va-t'en. Laisse-moi me ruiner
de corps, de bien et d'honneur. Tu es assez riche. D�barrasse-moi
de ta pr�sence!... Je te donnerai m�me de l'argent! Mais pour
l'amour du ciel, �loigne-toi au plus vite! Quelque chose
d'irr�parable s'est pass� entre nous. D�sormais nous nous ferons
mutuellement horreur.
-- Oh! mon Henry, sanglotait la pauvre femme...
Elle allait parler, mais elle l'aurait confondu, humili�; et elle
se retira pour ne point �tre tent�e de lui dire la v�rit�.
VIII
Demeur� seul, pour la premi�re fois l'id�e vint � Kehlmark de
parcourir ses livres de comptes; de s'�difier par lui-m�me sur
l'�tat de ses affaires. Il avait donn� sa procuration � Blandine.
C'est elle qui g�rait sa fortune. Il savait dans quel meuble elle
serrait les pi�ces relatives � la comptabilit�. La clef n'�tait
point sur le tiroir. Sans h�siter il fit sauter la serrure. Et le
voil� furetant parmi les paperasses; parcourant des colonnes de
chiffres, des actes notari�s... Avant qu'il soit arriv� au bout de
ses v�rifications, il a vu clair: il est aussi bien que ruin�.
L'Escal-Vigor est � peu pr�s la seule de ses terres qui ne soit
hypoth�qu�e. Mais alors d'o� vient l'argent par lequel on subvient
� son faste, � ses largesses, � son train de vie princier? Quel
banquier g�n�reux lui avance des sommes consid�rables sans
garantie, sans la moindre chance d'�tre jamais rembours�?
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