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Page 46
Et � la premi�re occasion, le malheureux se r�pandait contre elle
en invectives de plus en plus atroces.
� cette p�riode, la beaut� de Blandine refl�tait l'�vang�lisme
surhumain de ses sentiments; cette beaut� confinait m�me � la
majest� de la mort. Mais un repos, un apaisement bien autrement
absolu que celui du tombeau allait se faire en son coeur.
Harcel�e par Landrillon, elle avait fini par se donner � lui. Elle
avait offert sa pauvre chair en holocauste pour sauver l'�me de
celui qu'elle croyait sacril�ge et criminel; chr�tienne, sans
doute pria-t-elle pour lui afin de l'arracher � la damnation,
s'�leva-t-elle de tout son coeur vers l'ingrat au moment m�me o�
elle s'immolait entre les bras de l'odieux �chanteur�.
Le sacrifice se renouvela apr�s chaque exigence du dr�le. Blandine
respirait. Landrillon n'entreprendrait rien contre la r�putation
du comte. Elle comptait aussi sur un miracle. Kehlmark reviendrait
de son erreur. Le ciel exaucerait le voeu de la sainte.
Des semaines s'�coul�rent. �Voil� longtemps que nous prenons du
plaisir, ma fille, dit Landrillon, mais il ne s'agit pas seulement
de la bagatelle; il nous faut songer aux affaires s�rieuses. Et
pour commencer, nous allons nous marier.
-- Bah! Est-ce bien n�cessaire? fit-elle avec un rire forc�.
-- Cette question! Si c'est n�cessaire? Te voil� ma ma�tresse et
tu refuserais d'�tre ma femme!
-- � quoi bon, puisque tu m'as eue...
-- Comment, � quoi bon? Je tiens � devenir ton �poux. Ah ��,
qu'esp�res-tu encore en restant ici?
-- Rien!
-- Alors, quoi! d�campons. Assez de grappillages. C'est le moment
de r�unir nos petites �conomies en passant devant le notaire, puis
devant le cur�. Et bonsoir, Monsieur le comte de Kehlmark.
-- Jamais! fit-elle avec une �nergie farouche, songeant aux deux
autres, le regard fixe, loin de son interlocuteur.
-- Ah ��! qu'est-ce qui te prend? Et notre pacte, qu'en fais-tu?
Je te veux pour l�gitime. Tu as des sous. Il me les faut. Ou
pr�f�res-tu que je d�voile � Balthus Bomberg et � Claudie Govaertz
les chastes myst�res de l'Escal-Vigor?
-- Tu n'en feras rien, Landrillon.
-- C'est ce que nous verrons!
-- Une proposition, dit-elle, je te donnerai l'argent; je te
donnerai tout ce que je poss�de, mais laisse-moi vivre ici et
cherche une autre femme.
-- L'aimerais-tu donc encore, ton bougre? s'exclama le dr�le. Tant
pis. Il faut te r�soudre � le quitter et � devenir madame
Landrillon. Pas de b�tises. Tu as deux mois pour r�fl�chir et
marcher...
Abandonner l'Escal-Vigor! Ne plus voir Kehlmark!
La fatalit� voulut qu'au comble de l'angoisse, la malheureuse
rencontr�t Henry de Kehlmark et que celui-ci, provoqu� par son
visage boulevers�, la pr�t de nouveau � partie:
-- Bon, encore ta figure macabre! C'est entendu. Je suis le plus
monstrueux des hommes! Mais alors, Blandine, n'es-tu pas toi-m�me
un monstre de t'attacher � un �tre tel que moi!
Et qui sait, ricana le malheureux avec un sardonisme de supplici�,
si ce n'est pas mon exception, ma pr�tendue anomalie qui flatte
tes imaginations! Qui me garantira que dans ton d�vouement n'entre
pas un peu de perversion g�n�sique, comme disent les savantasses;
un peu de cette volupt� de souffrance qu'ils ont appel�e de ce
joli nom: masochisme! Dans ce cas, ta belle abn�gation ne
repr�senterait que folie et maladie pour les uns, que crime et
turpitude pour les autres! � la vertu! � la sant�! O� �tes-vous?
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