Escal-Vigor by Georges Eekhoud


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Page 41

-- Qu'importe, je suis � vous, murmurait Guidon en l'attirant �
lui et en se blottissant frileusement contre sa poitrine. Vous
�tes tout pour moi, et je ne crois pas au feu du ciel! Avant toi,
personne ne m'avait dit la seule bonne parole... Je n'avais su que
m�chancet�s et rudesses... Tu es mon ma�tre et mon amour. Fais de
moi ce que tu veux... Tes l�vres!...


V

Quelques jours apr�s cette alerte dans les jardins, Blandine se
pr�senta � Kehlmark en train d'�crire, seul dans son atelier.

Longtemps elle avait h�sit� avant de se r�soudre � une d�marche
qu'elle croyait indispensable, mais dont elle ne se dissimulait
point la gravit�.

Toutefois, quoiqu'elle souffr�t mille morts, elle ne songeait qu'�
mettre Kehlmark sur ses gardes, qu'� le pr�munir contre les
cons�quences de sa trop exclusive entente avec ce m�chant petit
vagabond. Elle se refusait encore � en croire ses oreilles sur
l'exc�s m�me de cette passion; elle s'obstinait � n'y voir qu'une
toquade un peu inconsid�r�e, surtout qu'elle connaissait
l'exaltation du Dykgrave, la curiosit�, l'emportement, la fougue
qu'il mettait dans toutes ses entreprises, dans ses moindres
actions, lui l'impulsif par excellence.

Lorsqu'elle entra, sa p�leur et son visage d�compos� surprirent le
comte de Kehlmark.

Aussit�t qu'il l'eut fait asseoir et se fut inform� de l'objet de
sa visite, elle commen�a r�solument, sans pr�cautions oratoires,
mais la gorge nou�e:

-- J'ai cru de mon devoir de vous avertir, monsieur le comte,
qu'on commence � s'occuper dans la contr�e de la pr�sence
continuelle du fils Govaertz, ici, � l'Escal-Vigor. Passe encore
qu'il vienne au ch�teau, mais je crains, Henry, que vous
n'affichiez vraiment une pr�dilection outr�e pour ce petit rustre
devant ses pareils, au dehors...

-- Blandine! fit Kehlmark repoussant ses papiers, jetant sa plume
et se mettant debout, confondu par l'audace de ce pr�ambule.

-- Oh pardonnez-moi, monsieur Henry, reprit-elle, je sais bien que
vos actes ne les regardent pas. Mais c'est �gal, les gens sont si
bavards! Voir toujours ce jeune paysan accroch� � vos talons, fait
travailler les imaginations et les m�disances...

-- Voil� bien de quoi m'inqui�ter! se r�cria le comte avec un rire
forc�. Que voulez-vous que cela me fasse? En v�rit�, Blandine,
vous m'�tonnez en vous pr�occupant des clabauderies du vulgaire...
C'est vraiment t�moigner beaucoup de condescendance � l'�gard de
mis�rables envieux...

-- Tout de m�me, monsieur Henry, poursuivit-elle avec un peu moins
d'assurance, je vous avouerai bien humblement que je tiens
l'�tonnement des villageois pour assez fond�. Franchement, malgr�
ses qualit�s, ce petit Guidon n'est pas une soci�t� pour vous...
Convenez-en!... Vous ne voyez plus que lui, ou vous courez la
pr�tentaine avec ces vagabonds de Klaarvatsch, � l'autre bout de
l'�le... De vos anciens amis, personne n'est plus invit� �
l'Escal-Vigor... Tout cela n'est pas naturel et pr�te � bien des
comm�rages... D'autres que des patauds malveillants et ombrageux
auraient le droit de s'en �tonner...

-- Blandine! interrompit le Dykgrave, d'un ton glacial et hautain.
Depuis quand vous avisez-vous de contr�ler mes actes, et
d'intervenir dans mes fr�quentations?

-- Oh! ne vous f�chez pas, monsieur Henry, fit-elle, toute
meurtrie par ce ton dur et ce regard de proscription; je ne suis,
je le sais, que votre humble servante, mais je vous aime toujours,
poursuivait-elle en pleurant, je vous suis toute d�vou�e. Je ne
voudrais vous contrarier en rien... mais votre r�putation, votre
nom illustre, me sont plus chers et sacr�s que ma propre
conscience... C'est mon grand amour seul qui me dicte mes paroles.
Ah Henry, si vous saviez!...

Et les sanglots l'emp�ch�rent de continuer.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 9:27