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Page 37
-- Eh bien, dit, quelques jours apr�s, Landrillon � la jeune
femme, il est prop' not' monsieur, mamzelle Blandine!... Ah c'est
qu'ils s'entendent de mieux en mieux, nos artisses!... Hier, ils
se becquetaient � bouche que veux-tu!
-- Tu racontes des b�tises, Landrillon, fit-elle en riant avec
effort. Encore une fois, le comte est attach� � ce petit rustre
parce que celui-ci fait honneur � ses le�ons... O� est le mal? Je
te l'ai d�j� dit, il affectionne ce jeune Govaertz comme un fr�re
cadet, comme un �l�ve intelligent dont il a ouvert et cultiv� la
raison...
-- Turlutaine! fredonna Landrillon avec une vilaine grimace grosse
de sous-entendus.
Vicieux jusqu'aux moelles, ayant pass� par les pires promiscuit�s
des chambr�es, il y avait en lui du mouchard de moeurs, du
prostitu� et du ma�tre-chanteur. Incapable d'appr�cier ce qu'il y
a de noble et de profond dans les affections ordinaires, encore
moins lui e�t-il �t� possible de saisir et d'admettre l'absolue
�l�vation d'un grand amour d'homme � homme.
Comme Blandine se taisait, ne comprenant rien � ces insinuations:
�On a son id�e, mamzelle, poursuivit le dr�le. M'est avis � moi
qu'il n'accorde plus beaucoup d'attention aux jupons, not' ma�tre,
en supposant qu'il s'en soit jamais pr�occup�... Vous devez en
savoir quelque chose, dites?... Aurait-il d�j� d�tel�? Lui, un
homme jeune, pourtant.
-- Landrillon! protesta Blandine, abstenez-vous je vous prie de ce
genre de r�flexions... Vous n'avez pas � juger monsieur le comte.
Ce qu'il fait est bien fait, entendez-vous?
-- Faites excuse, mademoiselle, on se taira, on se taira...
N'emp�che qu'il est bien myst�rieux, notre seigneur! Il m�ne une
dr�le de vie!... Toujours avec ses paysans, et surtout avec ce
petit enj�leur... Nous ne comptons pas plus � ses yeux que son
cheval et ses chiens... Vrai, j'admire votre indulgence pour ses
fredaines!... Vous savez mieux que moi qu'il vous a compl�tement
l�ch�e! Si c'est le changement qu'il lui faut -- dam! j'aime aussi
go�ter de diff�rents fruits! -- il n'aurait qu'� regarder autour
de lui et � vouloir. Les plus belles filles de Smaragdis, de
Zoudbertinge � Klaarvatsch, seraient � sa disposition. J'en
connais une (et il dit ces paroles non sans d�pit, car il avait
d�j� t�t� le terrain pour son compte, de ce c�t�) qui br�le
jusqu'au sang et aux moelles de le voir -- comment dirai-je? -- en
son particulier... Tenez, c'est pr�cis�ment la grande Claudie, la
soeur m�me de ce damoiseau... Quoiqu'il se rende plusieurs fois
par semaine aux P�lerins, on ne m'�tera jamais de l'id�e que le
galant en pince plus s�rieusement pour les culottes du petit dr�le
que pour les cottes de sa soeur!
-- Encore une fois, taisez-vous! fit Blandine le coeur crisp� �
l'id�e de l'amour que la virago �prouvait pour Kehlmark et qui se
savait d�test�e par la pataude au point que celle-ci ne la saluait
pas quand elles se rencontraient par les routes. Quant �
l'affection de Kehlmark pour Guidon Govaertz, si elle en souffrait
malgr� sa volont�, elle persistait � n'y rien suspecter d'anormal
et d'incompatible.
-- Qui vivra verra, mamzelle Blandine. L'occasion se pr�sentera
bient�t de vous �difier sur la couleur de la liaison de ces deux
peintres! ricana Thibaut, enchant� de sa plaisanterie.
-- Assez! Plus un mot! s'�cria Blandine... Je ne sais ce qui me
retient de faire part sur-le-champ � monsieur le comte de vos
abominables imputations... ou plut�t, je le sais trop, je mourrais
de honte avant d'oser r�p�ter devant lui ce que vous venez de me
dire!
IV
Un soir, assis sur un banc de la Digue dominant le pays, Henry de
Kehlmark et Guidon Govaertz, les mains enlac�es, prolongeaient une
de leurs ineffables causeries interrompues par des silences aussi
�loquents et fervents que leurs paroles...
C'�tait pendant une de ces arri�re-saisons favorables �
l'�vocation des l�gendes, dans un cadre de bruy�re fleurie et de
cieux aux chevauchantes nu�es. Au loin, vers Klaarvatsch, par-
dessus les futaies du parc, nos amis embrassaient un immense tapis
lie de vin, sur lequel le soleil couchant mettait un lustre de
plus. Des monceaux d'essarts cr�pitaient �� et l�; un parfum de
br�lis flottait dans l'air humide. Il faisait extr�mement doux, et
le soir exhalait comme de la langueur; la brise rappelait la
respiration d'un travailleur qui hal�te ou d'un amant que le d�sir
oppresse.
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