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Page 34
�Dites un mot, proposait tant�t l'un, tant�t l'autre � Kehlmark,
voulez-vous que nous saccagions le presbyt�re; que nous pendions
haut et court ce marmotteur de psaumes; ou mieux, faut-il que nous
lui enlevions la peau comme ceux de Smaragdis le firent autrefois
� l'ap�tre Olfgar, cet autre trouble-f�te?�
Et ils l'eussent fait comme ils disaient, sur un geste, sur un oui
de leur ma�tre, et, avec eux, tous se fussent d�cha�n�s sur
l'importun pr�cheur.
Plusieurs fois, en passant devant la cure, les musiciens de la
ghilde Sainte-C�cile pouss�rent des hu�es. Un soir de libations,
on alla m�me jusqu'� casser les vitres. � la Saint-Sylvestre, on
d�posa contre la porte du domin� un affreux mannequin de paille �
t�te de pain bis, repr�sentant sa digne compagne et son �me
damn�e, et, comme, � la suite de cette injure, il s'�tait r�pandu
en de nouveaux anath�mes contre le Dykgrave et Blandine, les
polissons de Klaarvatsch barbouill�rent d'excr�ments la fa�ade
nouvellement repeinte du presbyt�re.
Jaune de d�pit et de rancune, le pasteur semblait se trouver seul
contre toute la paroisse et m�me contre toute l'�le.
-- Comment, se demandait Balthus Bomberg, r�duire cet orgueilleux
Kehlmark? Comment entamer son prestige, d�tacher de lui ces brutes
�gar�es et aveugl�es, les insurger contre leur idole, leur faire
br�ler ce qu'elles adorent!
Loin de l'�couter, on d�sertait son �glise. Il finit par ne plus
pr�cher que devant des bancs vides. Une douzaine de vieilles
cagotes, dont sa femme et les deux soeurs du bourgmestre, furent
seules � le soutenir.
Dans l'engouement idol�tre que le jeune Dykgrave avait suscit�,
entrait un peu du culte exalt� du peuple de Rome pour N�ron, son
indulgent et prodigue pourvoyeur de pain et de spectacles.
III
En prodiguant les attentions � son entourage et � la communaut�,
Kehlmark redoublait de pr�venances � l'�gard de Landrillon. Il le
traitait avec plus de bonhomie que jamais, affectant de prendre un
regain de plaisir � ses charges de corps de garde.
Mais le coquin n'�tait point dupe de cette ostentation de
bienveillance. Sans rien en montrer, il n'avait point tard� �
prendre ombrage de l'influence du petit Guidon Govaertz sur Henry
de Kehlmark, et peut-�tre surprit-il une vague lueur -- rien ne
rend plus perspicace que l'envie -- de l'�tendue de l'affection
que se portaient ces deux �tres. Qu'on s'imagine le sentiment de
basse comp�tition d'un pitre qui voit le succ�s et la vogue
l'abandonner pour aller � un com�dien plus grave et d'un genre
plus relev�, et on se repr�sentera le mauvais gr� sourd et recuit
que le cocher devait entretenir contre ce petit paysan.
Kehlmark prenait presque toujours Guidon avec lui dans ses
promenades en voiture, et c'�tait Landrillon qui les conduisait.
Lors d'une excursion qu'ils firent � Upperzyde, pour visiter les
mus�es et revoir le Frans Hals, le jeune Govaertz partagea
l'appartement du ma�tre, tandis que Landrillon fut rel�gu� dans
les galetas sous le toit. Bien plus, le domestique �tait forc� de
servir � table ce va-nu-pieds, ce polisson, autrefois la ris�e et
le souffre-douleurs des manouvriers de Smaragdis et � pr�sent,
bouffi d'importance, dorlot�, choy�, devenu l'ins�parable de
monsieur. Dire que ce grand seigneur semblait ne plus pouvoir se
passer de la compagnie de ce m�chant galopin qui lui gaspillait de
beau papier, de co�teuse toile et de bonnes couleurs!
Si le larbin n'avait r�v� de devenir l'�poux de Blandine, peut-
�tre e�t-il �t� plus indispos� encore contre ce maudit pastoureau.
Jusqu'� un certain point, le domestique n'�tait-il m�me pas f�ch�
de l'importance exclusive que le jeune Govaertz prenait dans la
vie du comte. Landrillon se promettait bien d'exploiter au moment
opportun cette intimit� des deux hommes pour d�tacher Blandine de
son ma�tre. N�glig�e et m�me d�laiss�e par Kehlmark, la pauvre
femme ne se montrerait que plus dispos�e � �couter un nouveau
galant.
Profitant d'un moment o� Blandine �tait descendue � la cuisine
pour y vaquer � quelque besogne m�nag�re, Landrillon se hasarda un
jour � lui faire sa d�claration:
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