|
Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 31
Puis Kehlmark avait vu d'assez pr�s la vie sociale et de surface
des soi-disant artistes. Il savait la vanit� des r�putations, la
prostitution de la gloire, l'iniquit� du succ�s, les immondices de
la critique, les comp�titions entre rivaux plus f�roces et plus
abominables que celles des sordides boutiquiers.
Blandine, un peu d�fiante, avait accueilli cordialement ce
commensal du ch�teau. Heureuse de la f�licit� que le jeune
Govaertz procurait � Henry, elle lui faisait bon visage sans
parvenir toutefois � lui t�moigner beaucoup d'expansion. Au fond,
sans �prouver une antipathie manifeste pour ce petit paysan, elle
dut �tre parfois meurtrie en ses fibres, en ses atomes crochus,
et, malgr� son bon coeur, sa saine raison, sa grandeur d'�me, elle
eut sans doute de fr�quents mouvements de d�pit contre ce commerce
intellectuel si intime, cette �troite camaraderie, cette entente
parfaite des deux hommes. Elle alla m�me jusqu'� jalouser le
talent et le temp�rament du jeune artiste, ces dons spirituels qui
le rapprochaient plus de l'�me de Kehlmark que tout son amour �
elle, simple femme, gardienne de son bonheur. La bonne cr�ature ne
montrait rien de ces moments, si humains, de faiblesse, que sa
raison reprochait � son instinct.
Quant � Claudie, au d�but et m�me longtemps, elle ne fut
aucunement offusqu�e de cette grande faveur t�moign�e par le
Dykgrave au jeune Guidon. Elle y vit une fa�on pour le comte de
faire indirectement la cour � la soeur, en mettant le fr�re dans
ses int�r�ts. Sans doute Kehlmark ferait du petit p�tre le
confident de son amour pour la jeune fermi�re. �Il est trop timide
pour se d�clarer directement � moi, se disait-elle; il s'en
ouvrira d'abord au petit, et il t�chera d'�tre �difi� par lui sur
la nature de mes sentiments. Il a pris un assez pi�tre
interm�diaire. Mais il n'avait pas le choix. En attendant, cette
sollicitude que le comte t�moigne � ce m�chant polisson va plut�t
� moi!� Et, tr�s infatu�e, la rude fille se r�jouissait de ce
commerce assidu entre le Dykgrave et le vaurien si longtemps
r�pudi�, presque reni� par les siens. Elle en arrivait m�me � se
d�partir de sa brusquerie et de sa hargne � l'�gard de son pu�n�.
� pr�sent elle le choyait, l'entourait d'�gards, s'occupait de ses
v�tements, entretenait son linge, tous soins auxquels il n'avait
pas �t� habitu�. Pour expliquer ce revirement, la m�tine avait mis
Govaertz dans la confidence de son grand projet matrimonial. Le
bourgmestre, non moins ambitieux, applaudit � ces hautes vis�es et
ne douta pas un instant de la r�ussite. � l'exemple de son enfant
pr�f�r�e, il cessa de rudoyer et il m�nagea son gar�on.
Lorsque apr�s quelques mois de soi-disant �preuve, le Dykgrave
d�clara au bourgmestre qu'il se chargeait d�finitivement du
pr�tendu propre � rien, Claudie d�termina Michel Govaertz �
accepter cette proposition.
Le bourgmestre, tr�s vaniteux, avait un peu h�sit� parce que,
d'apr�s ce qu'il comprenait, la situation de Guidon, au ch�teau,
serait celle d'un subalterne, d'un valet un peu au-dessus de
Landrillon, mais d'un valet tout de m�me.
Alors que, longtemps, sous son propre toit, il avait raval� son
gar�on en le rel�guant au plus bas de son �quipe de manouvriers et
qu'il lui avait confi� les soins les plus vils de la ferme, sa
vanit� paternelle e�t souffert de le voir d�pendre d'une autre
autorit� que la sienne. Pour justifier son intervention, Kehlmark
leur avait soumis des dessins d�j� tr�s pouss�s du jeune apprenti,
mais pas plus que la fille, le p�re n'�tait capable d'appr�cier
les promesses contenues dans ces premiers essais.
-- Acceptons les offres du Dykgrave, insistait Claudie,
rencontrant les objections paternelles. D'abord c'est un excellent
d�barras pour nous. Puis, soyez bien convaincu, que le comte ne
s'emp�tre de ce vaurien et ne l'attire que pour nous �tre
agr�able, pour me t�moigner sa sollicitude. Nous le
d�sobligerions, croyez-moi, en le contrariant dans ses bonnes
intentions � l'�gard du petit. C'est une fa�on de m'ouvrir les
portes de l'Escal-Vigor. Entre nous, il ne fait sans doute aucun
cas de ce barbouilleur ou du moins s'exag�re-t-il ses faibles
m�rites...
Les premiers temps, quand, le soir, Guidon revenait du ch�teau,
elle l'interrogeait sur l'emploi de sa journ�e, sur ce qui se
passait � l'Escal-Vigor, sur les paroles et les allures du
Dykgrave. �Le comte s'est-il inform� de moi? Que t'a-t-il racont�?
Il nous porte bien de l'int�r�t, dis? Voyons, parle, ne me cache
rien. Pour s�r, il a d� t'avouer certain faible pour ta soeur?�
Previous Page
| Next Page
|
|