|
Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 29
Kehlmark tra�na tellement que le soir tombait quand il songea �
faire seller son cheval. Le comte esp�rait revoir le petit joueur
de bugle et au moment de se r�signer � partir, il s'informa de
nouveau de lui: �Souvent il ne rentre qu'� la nuit, disait Claudie
en se renfrognant � la seule mention du gamin rebut�. Il lui
arrive m�me de coucher dehors. Ses moeurs de vagabond ne nous
inqui�tent plus, p�re et moi. Nous n'en sommes pas autrement
surpris!�
Avec un serrement de coeur, le comte se repr�sentait le petit gars
anuit� dans la lande suspecte.
-- � propos, bourgmestre, dit-il au moment o� le fermier lui
amenait son cheval, je veux faire partie de votre orph�on.
-- Faites mieux, monsieur le comte, soyez notre pr�sident, notre
protecteur.
-- C'est dit. J'accepte.
En songeant � Guidon, le comte s'�tait rappel� la s�r�nade de
l'avant-veille, et il se disait qu'il lui serait doux d'entendre
souvent cet air m�lancolique et candide que jouait si bien le
petit p�tre.
Un pied dans l'�trier, il se ravisa encore; quelque chose lui
tenait au coeur. S'�loignerait-il avant de s'�tre ouvert sur le
v�ritable objet de sa visite?
-- Il est possible, se d�cida-t-il � dire timidement au fermier,
que votre fils ait de s�rieuses dispositions pour la musique et le
dessin. Envoyez-le-moi... Peut-�tre y aura-t-il moyen d'en faire
quelque chose. Je veux tenter d'apprivoiser ce petit sauvage.
-- Monsieur le comte est bien bon! balbutia Govaertz, mais,
franchement, je crois que vous y perdrez votre peine. Le vaurien
ne vous fera aucun honneur.
-- Au contraire, monsieur le comte, ench�rit la soeur du petit, il
ne vous vaudra que des affronts. Il ne tient � rien et � personne
ou plut�t il a des penchants et des inclinations bizarres; pensant
blanc quand les honn�tes gens pensent noir...
-- N'importe, je veux tenter l'exp�rience! reprit le comte de
Kehlmark en battant de sa cravache la poussi�re de ses bottes et
en mettant le moins d'expression possible dans sa voix. Puis, vous
l'avouerais-je, j'aime assez les t�ches difficiles, celles qui
exigent quelque pers�v�rance et m�me quelque courage. Ainsi j'ai
dompt� et dress� pas mal de chevaux r�tifs. Je vous confesserai
m�me, et ceci n'est pas � mon honneur, qu'il a suffi parfois de me
mettre au d�fi d'assumer une t�che, pour que je me sois engag�
dans l'entreprise. L'obstacle m'excite et le danger me grise. J'ai
la manie des gageures. En me confiant cette mauvaise t�te, cet
indisciplin�, vous m'obligeriez, vrai... Tenez, ajouta-t-il, il se
peut que j'aille relancer le bonhomme d�s demain en me promenant
du c�t� de Klaarvatsch. Je causerai avec lui et verrai ce qu'il
jauge...
-- Comme vous voudrez, monsieur le comte, dit Claudie. Dans tous
les cas, c'est nous faire bien de l'honneur. Nous vous en serons
m�me reconnaissants pour lui. Mais n'allez pas nous en vouloir si
le garnement ne profite pas de vos conseils et de vos soins.
Le jour suivant, le Dykgrave poussa jusqu'aux bruy�res de
Klaarvatsch. Il eut bient�t avis� le petit gars dans un groupe de
polissons d�guenill�s, accroupis autour d'un feu de brindilles et
de racines sur lequel ils grillaient des pommes de terre. �
l'approche du cavalier, tous se mirent debout, et, � l'exception
de Guidon, coururent se blottir, effar�s, derri�re les
broussailles. Le jeune Govaertz, se faisant une visi�re de la
main, regarda bravement le comte de Kehlmark.
-- Ah, c'est toi, petit! l'interpella Kehlmark. Viens ici, veux-
tu, et tiens un instant mon cheval pendant que j'arrangerai mes
�triers?...
Le jeune homme approcha, confiant, et prit les r�nes. Tout en
raccourcissant les courroies, op�ration qui n'�tait pour Henry
qu'un pr�texte, un moyen de se donner une contenance, il
l'observait du coin de l'oeil, ne sachant comment entamer la
conversation, tandis que le gamin, de son c�t�, ne perdait pas un
de ses mouvements, et se sentait bizarrement troubl�, appr�hendant
et souhaitant � la fois ce qui allait se passer entre eux... Leurs
yeux se rencontr�rent et sembl�rent se poser une poignante et
subtile interrogation. Alors Kehlmark, pour en finir, aborda le
petit, le prit par la main et le regardant jusqu'au fond des
prunelles, il lui rapporta non sans balbutier l'offre qu'il avait
faite la veille aux siens.
Previous Page
| Next Page
|
|