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Page 28
Michel Govaertz ne s'�tait point vant�. Tout l'�tablissement,
depuis le corps de logis jusqu'� la moindre d�pendance, les
�curies, les �tables, les celliers, la grange, la basse-cour,
trahissaient l'ordre, l'opulence et le gros confort.
Henry se montra de nouveau tr�s empress� aupr�s de Claudie,
s'int�ressant � l'�conomie de la ferme, se faisant donner des
explications par la fermi�re, s'arr�tant avec complaisance et sans
montrer le moindre ennui devant des r�serves de pommes de terre,
de betteraves, de f�veroles ou de c�r�ales qu'on lui montrait dans
des greniers torrides ou des r�duits humides et noirs. Il tomba
plus d'une fois en arr�t devant certains travaux des gens de la
ferme, prisant beaucoup, par exemple, le geste de deux gar�ons de
charrue; l'un debout sur une charret�e de tr�fle, l'autre camp� �
l'entr�e de la grange et recevant sur sa fourche les bottes �
fleurs de sang que lui lan�ait son camarade. Le teint rissol�, des
yeux bleu de fa�ence, le sourire pu�ril de leurs grosses l�vres
d�masquant de saines dentures, ils peinaient cr�nement et Claudie
les ayant h�l�s d'une voix gutturale et gaillarde, ils
redoubl�rent de plastiques et suggestifs efforts. Elle les
stimulait � peu pr�s comme elle e�t flatt� de vaillantes b�tes de
somme.
Kehlmark s'informa du jeune Guidon, mais d'un ton d�tach� et comme
par simple politesse pour la famille. Le vaurien devait �tre l�-
bas, quelque part du c�t� de Klaarvatsch. Claudie d�signa
l'horizon � l'autre bout de l'�le d'un geste ennuy�, en haussant
les �paules, et s'empressa de d�tourner la conversation.
Claudie accaparait le visiteur et il semblait n'avoir d'attention
que pour elle, de regard que pour ce qu'elle lui montrait. Il
caressa, encourag� par son exemple, la croupe luisante des vaches;
il lui fallut go�ter au lait fumant dont des trayeuses hommasses
remplissaient des jarres de terre brune. Dans une pi�ce voisine,
d'autres gothons battaient le beurre. La fadeur imperceptiblement
saurette �coeurait Henry, et il pr�f�ra respirer les senteurs
�cres de l'�curie o� son cheval �tait en train de mastiquer du
tr�fle nouveau en compagnie des robustes palefrois de la ferme. Au
jardin, elle lui cueillit un bouquet de lilas et de girofl�es
qu'elle-m�me lui planta, non sans le palper, dans l'�chancrure de
son gilet. �Il faudra revenir � la saison des fraises!� disait-
elle en se baissant sous pr�texte de lui montrer les baies
m�rissantes, mais � la v�rit� pour le provoquer par les flexions
et les contours irritants de sa charnure.
-- D�j� midi! s'�cria Kehlmark en tirant sa montre, comme l'heure
sonnait au clocher de Zoudbertinge.
Le fermier l'invita en riant � partager leur soupe rustique, mais
sans oser esp�rer qu'il accepterait.
-- Volontiers, dit-il, mais � condition de manger � la table des
gens et m�me de piquer au plat comme eux!
-- Quelle id�e! se r�cria Claudie, pourtant flatt�e par ce sans-
fa�on. Cette condescendance lui paraissait m�me de nature �
rapprocher la distance du tr�s urbain gentilhomme � une simple
fille de la gl�be.
-- Tout ce monde cr�ve de sant�! constata Kehlmark en embrassant
la tabl�e dans un regard circulaire. Ils sont aussi friands que ce
qu'ils d�vorent, et leur mine rago�tante ajoute au fumet de la
plat�e.
Selon l'usage, dans ces campagnes, les femmes servaient les hommes
et ne mangeaient qu'apr�s ceux-ci. Elles apport�rent une sorte de
garbure au lard et aux l�gumes, dans laquelle Henry trempa, le
premier, sa cuill�re d'�tain. Ses voisins, les deux manoeuvres qui
avaient rentr� les tr�fles, l'imit�rent all�grement.
-- Et votre fils ne rentre-t-il pas d�ner? demanda Kehlmark au
bourgmestre.
-- Oh, celui-l�, il emporte chaque matin son pain et sa viande!
fut la r�ponse de Claudie.
Apr�s le d�ner, Henry s'�ternisa. Claudie, persuad�e qu'elle le
captivait � ce point, le promena encore sur les terres des
Govaertz. Adroitement, elle le renseignait sur leur fortune. Leurs
champs allaient jusque l�-bas, plus loin que le moulin � vent.
�Tenez, � l'endroit o� vous voyez ce bouleau blanc!� Elle donna �
entendre au Dykgrave qu'ils �taient fort riches d�j�, sans les
esp�rances. Les deux soeurs de Michel, les deux vieilles bigotes,
quoique brouill�es avec le bourgmestre, avaient cependant promis
de laisser leurs biens � ses enfants.
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