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Page 23
Justement alarm�e � la suite de cette alerte, la douairi�re lui
m�nagea, � son insu, pour ne pas l'impressionner f�cheusement, une
entrevue avec un praticien c�l�bre, qui se rendit � la villa sous
pr�texte de demander � Kehlmark un renseignement bibliophilique.
Le m�decin �tudia longuement le jeune homme, � la faveur d'une
causerie sur la litt�rature � base scientifique.
Ayant revu la comtesse, le docteur diagnostiqua une irritabilit�
nerveuse dont ils s'ing�ni�rent vainement � d�couvrir la cause. �
tout hasard, il prescrivit un r�gime hydroth�rapique, la natation,
l'escrime, le patinage, le cheval, et d�clara, au surplus, n'avoir
d�couvert chez le sujet, aucune l�sion organique, aucune tare
morbide. Au contraire, il pr�tendit n'avoir jamais rencontr� plus
souple intelligence, jugement aussi sain, pareille �l�vation de
vues dans une nature plus vibrante; et il finit par f�liciter
l'a�eule, en disant avec cette rude bonhomie professionnelle:
�Madame, ou bien je suis une parfaite ganache, ou ce jeune exalt�
fera honneur � votre nom. Il a du g�nie, votre petit-fils; il est
de la trempe de ceux chez qui l'avenir recrute les artistes, les
conqu�rants ou les ap�tres!� -- �Que n'est-il plut�t de la trempe
des �lus du bonheur!� soupira la douairi�re, peu ambitieuse, mais
sensible pourtant � ces pr�dictions de gloire.
VII
En attendant que se v�rifiassent ces brillants pronostics,
Kehlmark se remit donc � ces exercices gymniques dans lesquels il
avait excell� � la pension. Malheureusement, il apportait � ces
sports la fi�vre, l'outrance qu'il mettait dans ses paroles et ses
actions. Il se complut en des prouesses de casse-cou, s'amusa �
traverser � la nage de trop larges rivi�res, � naviguer � la voile
par des temps houleux, � dresser des chevaux r�tifs et vicieux. Un
jour, sa monture s'emballait et, le long de la voie ferr�e,
galopait � la t�te d'un train express, de front avec la
locomotive, jusqu'au moment o� elle s'abattait, entra�nant son
cavalier sous elle. Kehlmark en fut quitte pour une foulure. Une
autre fois, le m�me cheval, �couteux � l'extr�me, attel� � un dog-
car prenait ombrage d'une brouette de ma�on abandonn�e au milieu
de la rue, et, apr�s un �cart effrayant, se livrait � une course
fr�n�tique sur le square plant� d'arbres, jusqu'� ce qu'il all�t
se jeter, avec la voiture, contre un r�verb�re. Kehlmark et son
groom furent culbut�s croupe par-dessus t�te, mais se remirent
aussit�t sur leurs pieds sans une �gratignure. Le cheval sortait
indemne de la collision. Quant � la voiture, d�fonc�e et tordue,
un badaud, app�t� par une gratification, se chargea de la rouler
jusque chez le carrossier. Un commer�ant du quartier s'empressa de
mettre son cheval et sa voiture � la disposition de
M. de Kehlmark. La nuit allait tomber, la douairi�re attendait
Henry pour le d�ner, et il �tait loin du logis. Le groom attira
l'attention de son ma�tre sur l'extr�me excitation du cheval, qui
pointait des oreilles et s'�brouait encore tout fr�missant, et lui
conseilla d'accepter l'offre de ce bourgeois. Mais le comte ne
consentit � emprunter que la voiture. La trop ardente b�te fut
attel�e � la voiture du notable. Kehlmark reprit les r�nes, le
groom monta sur le si�ge non sans rechigner. Contre leur attente,
le cheval semblait calm� et prit une allure normale.
Mais en d�bouchant sur un viaduc non loin de la gare, ils
avis�rent, en contrebas de la rampe, une foule de monde ameut�
devant un train de p�trole qui flambait en projetant des flammes
hautes comme des maisons.
-- Attention, monsieur le comte, �a va lui reprendre! � votre
place, je ferais demi-tour! proposa Landrillon, le domestique.
Et il fit mine de vouloir descendre.
Mais Henry l'en emp�cha en fouettant le cheval et en rendant les
r�nes, de sorte que la b�te effar�e s'engagea au trot � travers la
cohue.
-- � la gr�ce de Dieu! avait dit le comte avec un sourire
d�daigneux.
D�jouant les pr�visions alarmantes du valet, cet animal qu'un bout
de papier, qu'une feuille morte suffisait � apeurer traversa la
foule, trotta sans manifester la moindre panique au milieu du
cr�pitement des flammes, du sifflement de l'eau des pompes �
vapeur, des cris et du tumulte des spectateurs.
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