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Page 10
--Enfin! vous voil�, mon brave Saindoux; avec quelle impatience je
vous attendais! je vous reconnais, rien qu'� votre noble et martiale
tournure. Venez vite d�ner, mon cher.
Je lui r�ponds avec dignit�:
--Monsieur, nous avons un compte � r�gler auparavant! Je viens de chez
le vrai Jules G�rard qui m'a ri au nez, en me d�clarant qu'il ne m'avait
jamais �crit pour m'engager � l'accompagner dans ses voyages. Vous �tes
un faux G�rard, vous, alors? Pourquoi me tromper?...
Le jeune homme rit tr�s fort (j'�tais furieux de �a), puis il me dit en
joignant les mains:
--Est-il possible, mon pauvre Saindoux, que vous ne connaissiez pas
encore le nom c�l�bre de _Polyph�me G�rard?_ Malgr� ma modestie bien
connue, je ne puis m'emp�cher de vous dire que je me suis illustr� dans
les cinq parties du monde. Jules G�rard n'est rien � c�t� de moi! Il tue
des lions? Qu'est-ce que c'est que �a? pouh!... j'en tue aussi, mais
seulement pour m'amuser et me distraire, moi, _le Tueur_ par excellence!
Le jeune homme rouge parlait avec tant de solennit� que j'en �tais tout
saisi et que je dis timidement:
--Qu'est-ce que vous tuez donc, Monsieur Polyph�me, de si terrible et
dangereux?
--Je suis _le Tueur de colibris f�roces_, qu'il r�pond avec majest�. Ces
animaux horribles ravagent l'Afrique et l'Am�rique. Rien n'est � l'abri
de leurs becs formidables et de leurs serres terribles! Ces �normes
oiseaux ont six m�tres de hauteur; leur bec est long comme mon bras, et
d�chire un lion d'un seul coup! _Moi seul_ ai le courage de chasser
et de d�truire ces redoutables colibris! Vous jugez, Saindoux, de la
reconnaissance et de l'admiration qu'ont pour moi des populations tout
enti�res?
Ces paroles si modestes m'apprenaient les hauts faits du h�ros qui
daignait m'admettre dans sa soci�t� intime; elles me transport�rent
d'admiration et de joie.
--Homme illustre! m'�criai-je en me jetant dans ses bras, je suis confus
d'avoir dout� de vous un seul instant! Je suis � vous, � la vie et � la
mort!
Celui que je me plais � appeler �mon ami le Tueur de colibris f�roces�
�clata de rire. (Il est gai comme un pinson, ce grand homme; il ne peut
jamais me regarder sans rire, �a me fait plaisir.)
--Allons d�ner, dit-il; nous parlerons de notre voyage et de nos
pr�paratifs... mais que diantre faites-vous de cette cage sur votre dos?
--�a, r�pliquai-je, c'est le fifi-mimi, notre compagnon d'aventures.
Je lui racontai alors comment le testament de ma cousine m'ordonnait de
ne jamais m'en s�parer.
Polyph�me se p�ma de rire et daigna se charger de la cage, puis nous
all�mes d�ner. Il me recommanda de ne pas parler de ses �colibris
f�roces� aux autres: d'abord parce que sa modestie en souffrirait trop,
et puis parce qu'il voulait se soustraire aux ovations de la foule,
idol�tre de lui. Je le lui promis avec respect, car je ne crains rien
tant que de d�plaire � mon ami le grand homme!
Adieu, mon cher Monsieur le Vicomte; j'aurais bien d'autres choses �
vous raconter, mais le temps me manque et je finis en pr�sentant mes
tr�s profonds, humbles, d�vou�s et enthousiastes hommages � Madame votre
�pouse, ainsi qu'� vos charmantes jeunes demoiselles. Je vous prie de me
rappeler au bon, aimable, affectueux, cordial et gracieux souvenir
de Monsieur votre jeune fils. A vous, Monsieur, bon et cher Vicomte,
j'offre le d�vouement extraordinaire, illimit�, de celui qui croit
pouvoir dire, sans exag�ration, qu'il sera pour la vie.
Phil�as Saindoux.
P. S. Je vous confirme avec joie que les ours gris sont doux, gentils
et m�me timides; que les orangs sont petits, caressants et compl�tement
inoffensifs. Je vous dirai, de plus, que les serpents boas sont moins
gros que nos couleuvres et voient seulement la nuit, le jour ils dorment
comme les marmottes. J'ai vu au Jardin des Plantes des �chantillons de
toutes ces pauvres petites b�tes, gr�ce � l'illustre Polyph�me, qui me
m�ne partout et m'explique tout avec une bont� admirable.
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