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Page 9
--Mais quel dr�le d'imp�t, Monsieur! lui dis-je; pourquoi qu'il est
�tabli?
--Parce que les gens comme il faut portent seuls des bijoux en or, me
r�pond le monsieur; on sait, gr�ce � cela, quels sont les �trangers de
distinction qui arrivent � Paris...
(Je ne vous cacherai pas, Monsieur et bon Vicomte, que cette explication
me flatta un peu.)
--Vous �tes trop honn�te, Monsieur dont je ne sais pas le nom,
m'�criai-je, et j'accepte avec plaisir!
--Je m'appelle le comte de Blagueville, r�pondit le monsieur obligeant.
Tout en lui donnant ma montre, ma cha�ne et dix francs pour payer la
taxe, je lui laissai mon adresse et mon nom; puis il descendit et
sortit de la gare en me disant de l'attendre au _bureau des passe-ports
perdus_.
Apr�s avoir r�clam� et pris mes effets, je m'informe du _bureau des
passe-ports perdus_. On me rit au nez; j'insiste, je raconte mon
histoire; on m'explique que le pr�tendu comte de Blagueville est un
coquin et moi un... je ne veux pas r�p�ter le mot, ni souiller ma plume
de l'�pith�te de _Jocrisse_ qu'on m'a flanqu�e � br�le-pourpoint. Que
ces _chemindef�riers_ sont malhonn�tes! pas vrai, Monsieur le Vicomte?
[Illustration 12.png]
Apr�s ces p�nibles �preuves de montre et de cha�ne vol�es d'une mani�re
d�go�tamment inf�me (et encore, en disant cela, je suis trop mod�r�!)
je monte dans un fiacre et je dis au cocher de me conduire chez Jules
G�rard.
[Illustration 13.png]
--Tiens! vous avez de la chance, qu'il remarque; je viens justement de
le ramener chez lui; sans �a, j'ignorais parfaitement son adresse et il
vous aurait fallu la demander au Minist�re de la guerre.
Il me semble que tout le monde devrait conna�tre l'h�tel de ce grand
homme! que je me dis en moi-m�me.
Nous arrivons; on m'introduit chez un grand bel homme, � barbe noire
comme du charbon.
Je me pr�cipite dans ses bras en criant:
--Ah! mon cher tueur de lions! voil� votre Saindoux pr�t � partager vos
dangers et vos voyages.
Le bel homme fronce ses sourcils d'un air mena�ant et me repousse en
disant:
--Qu'est-ce que �a veut dire? Qu'est-ce que vous voulez?
--Vous �tes Jules G�rard, pas vrai? que je demande, interloqu� de cet
accueil pas gracieux du tout.
--Oui; apr�s?
--Moi, je suis Saindoux!
--Qu'est-ce que �a me fait?
--Vous ne comprenez donc pas? Moi, Saindoux, Phil�as Saindoux; moi,
votre ami, j'ai accept� votre offre d'amiti�, de voyage en commun... et
me voil�...
Je lui explique alors que ses lettres m'ont d�cid� � voyager avec lui.
Le monsieur se met � rire.
--Mon pauvre gar�on, dit-il, vous �tes la dupe d'un farceur; je retourne
en Alg�rie ces jours-ci, c'est vrai; mais je compte y aller seul, ne
voulant nullement emmener de compagnon de chasse.
Furieux, j'enfonce mon chapeau sur ma t�te et je cours comme un fou
� mon fiacre, en ordonnant au cocher de me conduire � l'adresse que
m'avait donn�e le pr�tendu Jules G�rard, _h�tel du Paon magnifique_,
rue des _Mauvais-Gar�ons_. L�, je trouve un excellent jeune homme, aux
cheveux rouge carotte, qui me re�oit � bras ouverts et qui s'�crie:
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