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 Page 7
 
 
 
 
LE ROI-MATELOT[A].
 
 
 
[A] On trouvera peut-�tre ce conte d'assez mauvais go�t, et je
 
conviendrai sans peine moi-m�me qu'il est bien loin de donner aux
 
lecteurs une id�e favorable de la litt�rature de bord; mais l'intention
 
qui m'a guid� en publiant ces esquisses, c'est celle d'offrir aux gens
 
du monde la peinture, aussi exacte que possible, des moeurs des marins,
 
et, sous ce dernier rapport, on ne peut nier que les contes dont
 
s'amusent les hommes de mer ne portent l'empreinte la plus fid�le de
 
leur caract�re et des id�es qu'ils se sont form�es sur la plupart des
 
choses qui occupent � terre une soci�t� � laquelle ils sont pour ainsi
 
dire �trangers. _Le Roi-Matelot_ n'est pas une oeuvre d'imagination,
 
tant s'en faut: c'est, si l'on peut se permettre cette expression, le
 
croquis d'un site, la copie d'un bizarre paysage, prise dans une contr�e
 
aride, inconnue. On rapporte souvent des pays de d�couvertes des choses
 
plus �tranges que belles. La science et l'�tude seules y trouvent leur
 
compte, et c'est d�j� beaucoup.
 
 
A bord d'une fr�gate mouill�e paisiblement en rade des Basques, pr�s de
 
Rochefort, la plus grande partie de l'�quipage se trouvait couch�e dans
 
les files de hamacs qui s'�tendaient dans la batterie, depuis la
 
chambre du commandant jusque sur l'avant. Quelques hommes de quart
 
veillaient seuls sur le pont, et faisaient retentir, sous leurs pas
 
cadenc�s, en se promenant les uns derri�re les autres, les larges
 
passavans du navire. Le temps �tait beau; la mer coulait pour ainsi dire
 
avec harmonie le long du bord, et ce retentissement des pas des hommes
 
de quart, ce murmure l�ger des flots et du vent, et ce bruit des
 
conversations qui s'�tablissaient entre les hommes couch�s dans la
 
batterie, donnaient � l'ensemble de cette sc�ne, un calme pour ainsi
 
dire m�lodieux.
 
 
Un des canonni�re d'artillerie, couch� non loin du fanal qui �clairait,
 
dans la batterie, la porte de la chambre du commandant, fit entendre de
 
sa grosse voix un _cric_ dont le son se prolongea jusque sur le pont de
 
la fr�gate, et de l'avant � l'arri�re de la batterie. Les hommes �tendus
 
dans leurs hamacs s'empress�rent de s'�crier _crac_ pour r�pondre au
 
_cric_ du canonnier. C'�tait le signal, le mot d'avertissement qui
 
indiquait que l'artilleur, un des plus fameux narrateurs de l'�quipage,
 
allait conter un conte. Les matelots de quart, qui, sans �tre aper�us de
 
l'officier qui se promenait derri�re, pouvaient pr�ter l'oreille au
 
r�cit du conteur, s'empress�rent de se glisser au bas des escaliers de
 
l'arri�re et de l'avant. La sentinelle qui, le sabre � la main, se
 
promenait devant le fanal de l'arri�re de la batterie, s'arr�ta comme
 
s�duite par le charme. Chacun �couta en silence, et le conteur commen�a
 
en ces termes:
 
 
 
=LE ROI-MATELOT=.
 
 
 
_Cric! crac!_ boutons de gu�tres, cire � giberne, la terre de pipe et la
 
sueur des pieds pour le pousse-caillou (le soldat); suif au chapeau,
 
l'�pissoir � la main, le goudron au derri�re et la chique � la bouche:
 
c'est la _rocambole_ du matelot. Attention: bosse-de-bout, pommes de
 
racage, bout-de-drisse en queue de rat, soupe sans pain, bouillon sans
 
viande, v'l� la ration de l'�quipage. Bon navire qui sonne la cloche
 
pour d�ner; il aura mon sac. Ceci, mes amis, n'est pas un conte: c'est
 
une histoire qui n'en vaut pas mieux; tant pis pour ceux qui dorment, et
 
que ceux qui veillent se mouchent sans mouchoir pour ne pas couper le
 
fil du discours et ne pas me faire faire une _�pissure_ au milieu de la
 
conversation. _Cric_! encore une fois, _cric_!
 
 
Tous les auditeurs s'�cri�rent encore une fois _crac_!
 
 
Un tonnerre dans ton lit, une jeune fille dans mon hamac!
 
 
Je dois, d'abord un, vous pr�venir que tous les contes commencent la
 
m�me chose et finissent de m�me, et que je vais commencer le mien.
 
 
Il �tait autrefois un navire: � bord de ce navire il y avait un
 
�quipage. Le capitaine voyait � sept lieues dans la brume sans
 
longue-vue; mais comme il se rendait on ne sait pas o�, dans des parages
 
de perdition, il jeta sa barque sur des cailloux qu'il n'avait pas
 
aper�us sur sa carte, � douze pieds sous l'eau. �Sauve qui peut,
 
malheureux qui se noie! s'�cria-t-il dans son porte-voix d'emb�tement,
 
aussit�t qu'il sentit que son pont allait lui manquer sous les
 
pieds.--Attrape � nous sauver corps et biens ou corps sans biens,� dit
 
l'�quipage en se jetant � la mer. Des canards se seraient sauv�s, la
 
queue en trompette, s'ils n'avaient pas �t� accommod�s aux petits pois;
 
mais les matelots, qui ne savaient pas nager aussi bien que des canards,
 
burent, en faisant des fa�ons et des grimaces, un coup de longueur � la
 
grande tasse. Un seul homme finalement se sauva de tout l'�quipage. Ce
 
particulier, qui avait nom _Pique-�-Terre_, se _d�hala_ sur une �le
 
d�serte o� il y avait des habitans; mais quels habitans, mes amis!
 
c'�taient des gaillards ni grands, ni gros, ni gras, ni maigres, mais
 
entrelard�s, comme on dit: la peau basan�e, tirant sur le cuivre de
 
casserole, le nez en forme de poire tap�e, et la bouche retrouss�e en
 
mani�re de garniture d'�cubier: de vrais n�gres rouges enfin.
 
 
         
        
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