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 Page 5
 
Presque toujours il arrive que les deux marins qui se conviennent assez
 
pour d�sirer d'�tre _amatelot�s_ ensemble, mettent en commun tout ce qui
 
peut contribuer � solidariser les petites jouissances qu'ils peuvent se
 
procurer � bord. La provision d'eau-de-vie se partage entre eux: le
 
tabac qui doit servir dans la travers�e est fum� ou chiqu� en commun, et
 
il est fort rare que le partage quelquefois in�gal des objets mis en
 
consommation pour l'usage des deux parties, fasse na�tre entre les deux
 
int�ress�s d'�go�stes contestations. La paix et l'union r�gnent presque
 
constamment dans ces sortes de m�nages d'hommes, d'o� la passion jet �
 
coup s�r la jalousie sont exclues par la nature m�me de cette alliance
 
toute confraternelle.
 
 
Cette camaraderie des matelots a parfois quelque chose de touchant et
 
de fort extraordinaire chez des hommes aussi peu accessibles aux
 
sentimens tendres, que le sont en g�n�ral les marins.
 
 
Un capitaine fran�ais, parti de la Guadeloupe avec quelques hommes �
 
peine �chapp�s � la fi�vre jaune, qui venait de d�cimer son �quipage,
 
eut le malheur, une fois � la mer, de voir un de ses matelots,
 
convalescent, retomber malade de mani�re � ne plus pouvoir quitter son
 
hamac.
 
 
Le camarade, nous pouvons maintenant nous servir de la d�signation plus
 
g�n�ralement usit�e parmi les marins, le _matelot_ du pauvre fi�vreux
 
s'empressa de prodiguer � cet infortun� tous les soins que sa position
 
et son amiti� lui prescrivaient de lui offrir. Le garde-malade ne
 
quittait le moribond que pour venir faire son quart, et la nuit il se
 
r�veillait vingt fois pour donner � boire � son matelot: la plus tendre
 
femme n'aurait pas veill� avec plus de sollicitude au chevet du lit de
 
son �poux.
 
 
Le capitaine, aux premiers sympt�mes de la rechute du convalescent, eut
 
la sage pr�caution d'ordonner � ses hommes de ne donner au malade que
 
des boissons rafra�chissantes. Sa ration d'eau-de-vie fut soigneusement
 
retranch�e � la cambuse. Mais, malgr� le r�gime s�v�re qu'avait prescrit
 
le capitaine, un passager, qui se connaissait un peu en m�decine, crut
 
remarquer que le malade recevait des boissons spiritueuses propres �
 
augmenter l'intensit� de la fi�vre qui le d�vorait. Les pr�cautions les
 
plus rigoureuses furent prises pour que le r�gime di�t�tique impos� au
 
malheureux f�t observ� dans toute son aust�rit�. D�fense expresse fut
 
faite � tout autre que le matelot d'Alain et le demi-m�decin,
 
d'approcher du hamac o� le malade luttait depuis trois ou quatre jours
 
contre la mort.
 
 
Tous les soins furent inutiles. Une nuit, pendant que Vauchel, le
 
camarade d'Alain, faisait son quart, on vint annoncer au capitaine que
 
le malade avait succomb�.
 
 
On se figurerait difficilement l'impression que produisit cette nouvelle
 
sur Vauchel:
 
 
�Mon pauvre matelot! s'�cria-t-il; voil� cinq ans que nous naviguions
 
ensemble et que jamais nous ne nous �tions dit une parole plus haute
 
l'une que l'autre!... C'�tait bien la peine de lui faire boire ma ration
 
d'eau-de-vie � seule fin de lui donner de la force, pour le voir mourir
 
comme �a!�
 
 
Le capitaine, � ces mots, demande � Vauchel avec col�re et
 
pr�cipitation: �Tu lui donnais donc ta ration d'eau-de-vie, malgr� la
 
d�fense que j'avais faite?
 
 
--Pardi�, capitaine, c'�tait la faiblesse qui le tuait, et je voulais
 
lui rendre sa force.
 
 
--Malheureux, c'est toi qui l'as tu�!
 
 
--Moi qui l'_as_ tu�! quoi! c'est moi qui _as_ tu� Alain, mon _matelot_!
 
moi qui aurais donn� cinq cent millions de fois ma vie, pour le sauver
 
de la mort....
 
 
--Oui, mis�rable, c'est toi, c'est l'eau-de-vie, ou plut�t le poison
 
que tu lui as fait boire, qui a redoubl� l'effet de son mal.
 
 
--Ah �a, monsieur, vous qui connaissez la m�decine (il s'adressait au
 
passager qui avait vu le malade), est-ce bien vrai ce que le capitaine
 
me dit l�? est-il possible que j'aie empoisonn� mon pauvre matelot?
 
 
--C'est bien involontairement sans doute que vous lui avez fait du mal;
 
mais on peut croire que, sans les liqueurs spiritueuses que vous lui
 
avez donn�es, il vivrait encore.�
 
 
         
        
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