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Page 4
Le goudron devient pour eux un topique universel. Se font-ils une
coupure, aussit�t ils appliquent sur leur plaie un empl�tre de goudron.
Pour certaines maladies internes, ils ne connaissent rien de mieux
qu'une mixture de goudron. Ils prendraient du goudron en pilules, je
crois m�me, si on ne cherchait pas par la persuasion, et quelquefois
m�me par l'autorit� qu'on a sur eux, � les gu�rir de la pr�dilection
qu'ils ont pour cette �trange m�dication.
La vie du matelot � la mer est aussi simple qu'elle est active. A huit
heures du matin il d�je�ne d'un morceau de pain assaisonn� d'un peu de
fromage ou de beurre, et arros� d'un petit verre d'eau-de-vie. A midi il
d�ne d'une demi-livre de viande sal�e. Le soir il mange une soupe aux
haricots ou aux petits pois. Un quart de vin passe par l�-dessus �
chaque repas. Voil� toute sa cuisine; et pourtant encore il trouve
moyen de faire, de temps � autre, un peu de gastronomie.
Distribue-t-on du lard, par exemple; il le coupe par tranche, au lieu de
le faire bouillir dans la chaudi�re, avec la ration des autres. Il fait
griller ensuite, sur des charbons ardens, les pr�cieuses l�ches qu'il a
d�coup�es avec pr�caution; puis il saupoudre de poivre et de biscuit
r�p� la grasse _tamponne_ qu'il va manger avec d�lices, assis sur le
bossoir ou sur le beaupr�.
Mais c'est lorsque la p�che donne � bord, qu'il faut voir les _V�ry_
d'occasion mettre au jour leur science culinaire! Il n'est pas de partie
d'un requin ou d'un marsouin, quelque dure qu'elle puisse �tre, qui ne
soit mac�r�e, exploit�e, et livr�e � l'app�tit de ces mangeurs
impitoyables.
D�s qu'un poisson est pris, soit au harpon ou � la ligne, l'heureux
maraudeur qui a fait la capture, l'offre en tribut au capitaine: c'est
un droit de suzerainet� que personne ne d�cline � bord. Le capitaine
prend ce qui convient � sa table, et livre le reste aux gens de
l'�quipage. C'est alors que les fricoteurs pullulent: l'un demande qu'on
lui avance sa ration de beurre pour cinq � six jours; l'autre, qu'on lui
pr�te une po�le, et qu'on lui donne un peu de vinaigre � la cambuse.
Chacun, arm� de son couteau, diss�que le poisson, interroge ses
entrailles palpitantes, non pour p�n�trer, en augure t�m�raire, les
secrets de l'avenir, mais pour chercher tout bonnement quelques muscles
charnus � manger. Apr�s cette autopsie plus gourmande que savante, il y
a plaisir � voir l'activit� avec laquelle les fricoteurs se disputent
les places sur les fourneaux de la cuisine. Un requin de 200 livres,
quelque coriace qu'il soit, quelque _urineux_ que puisse �tre le go�t de
sa chair, trouvera encore des mangeurs plus voraces qu'il n'est dur
lui-m�me. Deux jours suffiront � quinze ou vingt hommes, pour qu'il soit
d�vor� et qu'il passe de la po�le � frire dans les estomacs avides qui
ne font autre chose que de l'avaler et de le dig�rer pendant quarante �
quarante-huit heures cons�cutives.
Il existe chez les marins un pr�jug� m�dical qui peut-�tre n'est pas
nuisible � leur sant�, mais qui les conduit tout au moins � faire
quelque chose de tr�s-repoussant. Ces bonnes gens s'imaginent que le
sang ti�de d'un marsouin ou d'une tortue est le plus puissant
anti-scorbutique qu'on puisse trouver. En sorte que, lorsqu'on vient de
harponner un marsouin ou de chavirer la tortue qui passe endormie le
long du bord, on voit les amateurs recueillir, dans le gobelet de
fer-blanc qui sert � tout le plat, le sang fumant du poisson qu'on vient
de tuer, et vite ils avalent d'un seul trait ce breuvage �pais qui ne
ressemble pas mal � du goudron liquide que l'on aurait fait ti�dir. ��a
fait du bien � l'estomac,� disent-ils en buvant cette potion dont
l'aspect seul soul�verait l'estomac de l'homme le moins d�licat. Mais
les marins ne sont pas gens � avoir mal au coeur pour si peu de chose.
D�s qu'un b�timent marchand a quitt� la terre, on s'occupe � bord de
former les deux bord�es pour le quart.
Pour former ces bord�es, on divise l'�quipage en deux parties �gales.
Chaque moiti� de l'�quipage, command�e par un officier et un ma�tre,
prend le quart � son tour, pendant que l'autre moiti� dort ou se repose
dans les cabanes ou les hamacs. La premi�re bord�e se nomme la bord�e de
_tribord_, et, par d�rivation, on d�signe les marins qui la composent,
sous le nom de _Tribordais_. L'autre bord�e est celle de _babord_, et
elle se compose des _Babordais_.
Une cabane ou un hamac sert � deux hommes dont l'un est _Tribordais_ et
l'autre _Babordais_. Les deux hommes auxquels ce hamac est commun sont
_matelots_ l'un de l'autre; aussi chacun d'eux appelle-t-il son camarade
_son matelot_. Les _matelots_ sont, � prendre cette expression dans son
acception la plus restreinte par rapport aux usages du bord, ce qu'�
terre, dans les casernes, sont entre eux les camarades de lit.
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