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Page 38
J'allais m'en retourner fort tristement � bord du vaisseau sans avoir
r�ussi � recueillir le plus petit indice int�ressant, lorsqu'un de mes
canotiers, dont l'oeil �tait vif et bon, me fit remarquer sur le rivage
un _rouffle_[H] de navire, peint en vert, et qui, sans doute, avait
appartenu au navire naufrag�. Je me dirigeai de suite, � la rame, sur la
partie de la c�te o� se trouvait ce _rouffle_, supposant avec quelque
raison qu'en interrogeant les d�bris du naufrage, je pourrais obtenir
quelques renseignemens satisfaisans sur les d�tails, ou tout au moins
sur la date approximative de cet �v�nement.
[H] On appelle _rouffle_ ou _carrosse_, � bord des navires, ces sortes
de grandes cabanes que l'on �l�ve sur l'arri�re du pont des b�timens
pour loger les officiers ou les passagers. Un _rouffle_ pr�sente � peu
pr�s l'aspect d'une caisse de diligence.
Cet espoir me parut bient�t d'autant mieux fond�, qu'en gouvernant sur
la gr�ve, que battait une houle assez forte, j'aper�us une petite
pirogue se jouant entre les grosses lames qui se d�roulaient lentement
sur le rivage. Mais, � mon approche, la petite pirogue alla se cacher
dans une des �chancrures de la c�te, comme un de ces plongons qui
disparaissent sous une vague, au moment o� le chasseur les couche en
joue.
J'abordai _la Barboude_ non loin de l'endroit o� le _rouffle_ avait �t�
_hal�_ � sec, ou jet� par la mer entre quelques cocotiers qui
ombrageaient cet ancien asile de quelques malheureux marins naufrag�s
sans doute sur cette terre inhospitali�re. �Voil�, me disais-je
tr�s-philosophiquement, notre destin�e � nous, h�tes infortun�s de
l'Oc�an! Ce rouffle, apr�s avoir parcouru peut-�tre, sur le pont d'un
navire, toutes les mers du globe, au milieu des temp�tes qui l'ont battu
vainement, est venu se briser au sein du calme sur cette �le sauvage.
Pendant que le navire sur lequel il dominait fi�rement les flots se
trouve submerg� l�, ici lui sert de repaire � quelques hideux serpens, �
d'immondes manitoux, et le capitaine et les officiers qui l'habitaient
sont peut-�tre morts de faim dans ces lieux de d�solation!�
La t�te toute remplie de ces tristes r�flexions, je mets le pied �
terre, port� sur les �paules d'un de mes hommes qui s'�tait jet� � la
mer pour m'�pargner le d�sagr�ment d'entrer dans l'eau jusqu'aux
aisselles. Je me dirige vers le rouffle, dont l'ext�rieur me paraissait
se trouver dans un parfait �tat de conservation. Dans la crainte de
rencontrer sous mes pas quelques dangereux reptiles, j'avais mis le
sabre � la main. Arm� ainsi, je p�n�tre, suivi du patron et du brigadier
de mon embarcation, dans le rouffle abandonn�, en frappant de la lame de
mon sabre sur le bord de la porte de cet �difice de bois, pour
d�terminer les h�tes sauvages qui auraient pu s'emparer du logis, � nous
c�der la place que nous voulions visiter.... Mais quel ne fut pas mon
�tonnement, lorsque, du fond de ce silencieux refuge, je vis s'avancer
dans l'obscurit� un homme � la longue barbe, aux longs cheveux et � la
figure cave et p�le!... Je crus d'abord � une vision, ou plut�t je ne
crus encore � rien, car, dans ce moment et � cet aspect, je ne sus
�prouver autre chose qu'une impression extraordinaire. Malgr�
l'assurance que devait me donner le sabre que je tenais dans la main,
et l'escorte que je voyais � mes c�t�s, je reculai d'�tonnement ou
d'effroi.... �Mais, monsieur, me dit mon patron, c'est un homme!
--Un homme! pardi, je le vois bien!
--Mais quand je vous dis que c'est un homme, je veux vous dire,
monsieur, que ce n'est qu'un homme, et qu'il n'y a pas tant de quoi
avoir peur!
--Que faites-vous ici? demandai-je � l'inconnu, sans trop savoir s'il
comprendrait le fran�ais, ou sans trop savoir moi-m�me ce que je lui
disais.
--Monsieur l'aspirant, me r�pondit-il d'une voix creuse et rauque, je
vis... voil� ce que je fais.
--Vous �tes donc Fran�ais?
--Oui, j'�tais Fran�ais du moins, car � pr�sent je ne suis plus d'aucune
nation.
--Vous apparteniez sans doute � l'�quipage de ce navire naufrag�?
--Non pas pr�cis�ment....
--Vous avez pourtant fait c�te sur cette �le?
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