Contes de bord by Édouard Corbière


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Page 37

--Fuis-moi, laisse-moi, r�pond l'infortun� Lam�cherie � son ami: je
viens d'empoisonner le plus beau jour de ma vie!�

Il disait vrai. L'accident qu'il venait d'�prouver produisit un
d�sordre si consid�rable dans toutes ses facult�s, qu'il se mit au lit
en descendant du canot, et qu'il succomba quelques jours apr�s, en
r�p�tant � tous ceux qui d�ploraient son sort: _Ah! mes amis, j'ai
empoisonn� le plus beau jour de ma vie_!

Les aspirons de marine port�rent son deuil.




LE NAUFRAG� DE LA BARBOUDE[G].


[G] Il est n�cessaire de ne pas confondre, en lisant cette petite
notice, l'�le de la _Barboude_ avec celle de la _Barbade_. Toutes deux
appartiennent aux Anglais. Mais la _Barbade_, riche et jolie colonie,
est situ�e par les 13 degr�s de latitude nord et les 62 degr�s de
longitude ouest, tandis que la _Barboude_, une des plus septentrionales
des �les du Vent, situ�e par les 18 degr�s de latitude nord, et 65
degr�s 55 minutes de longitude ouest, n'est qu'une langue de terre � peu
pr�s inculte, et depuis peu habit�e par quelques colons. Il est �
remarquer que les Connaissances des temps, malgr� les dangers que
pr�sente l'approche de la Barboude, ne donnent pas, dans la liste des
situations g�ographiques des lieux les plus important la position de cet
�cueil.

Je me trouvais embarqu�, en 1817, sur un vaisseau de ligne dont la
mission �tait de croiser dans les Antilles et les d�bouquemens.

Un jour, vers midi, nous aper�mes un peu au vent � nous, et sur notre
arri�re, la petite �le de la Barboude, langue de terre basse, along�e,
sur laquelle croissent des arbres que l'on voit s'�lever au-dessus des
flots comme une de ces for�ts qui dominent les eaux de la plaine apr�s
une inondation. Les bas-fonds qui environnent cette �le et qui, � son
approche, donnent une teinte verd�tre � la transparence de la mer,
avertissent le navigateur des dangers qu'il courrait en ne s'�loignant
pas assez de cette terre dont le prolongement s'�tend � quelques lieues
au large. La brise �tait ronde et la mer belle. Nous contourn�mes, en
virant vent-devant, la partie du nord de la Barboude.

Les hommes plac�s en vigie sur les barres de perroquet annonc�rent
qu'ils croyaient distinguer, dans le nord-ouest de l'�le, la
basse-m�ture d'un navire naufrag�. Toutes les longues-vues du bord se
trouv�rent braqu�es, en un instant, sur le point que venaient d'indiquer
les vigies.

Trois bas-m�ts, peints en blanc, sortaient en effet des flots, et
paraissaient appartenir � un grand navire enti�rement coul�. Le corps du
b�timent naufrag� �tait pench� de telle mani�re, que sa m�ture se
trouvait inclin�e de quarante-cinq degr�s par rapport � la surface de la
mer. Un petit baril avait �t� plac� sur le tenon de chaque m�t, comme
pour conserver, le plus long-temps possible, les derni�res d�pouilles du
b�timent. Admirable pr�voyance, quand tout le navire lui-m�me �tait
abandonn� sans doute pour toujours!

Il prit envie � notre commandant de faire visiter les restes de ce
b�timent, et d'obtenir des renseignemens sur le sinistre qui venait de
laisser des vestiges si frappans. On mit une embarcation � la mer, et on
d�signa un aspirant de corv�e. Je fus choisi pour commander
l'embarcation.

Apr�s avoir �cout�, chapeau bas, les instructions que me donnait le
commandant, je m'�loignai du vaisseau, qui s'�tait mis en panne pour
m'offrir la facilit� de d�border, et je me dirigeai sur le trois-m�ts �
la c�te. En une heure je parcourus, � la rame, la distance d'une lieue
et demie qui me s�parait de lui; le vaisseau, en m'attendant, se mit �
courir quelques petites bord�es c� et l�, en se tenant toujours au vent
de la Barboude.

Ma visite � bord du b�timent submerg� ne m'offrit aucun indice bien
pr�cis ni bien int�ressant. Le gr�ement avait �t� enlev�. La coque
�tait coul�e � cinq ou six pieds de la surface de la mer. Ce b�timent
s'�tait crev� sur le fond que la transparence de l'eau laissait
apercevoir dans les plus petits d�tails. D'�normes et voraces requins
r�daient lentement autour de ce cadavre de navire. Quoique priv�s de
harpons, mes hommes se donn�rent le plaisir de piquer ces terribles
ennemis avec le fer de la gaffe de l'embarcation. Le patron du canot me
proposa, malgr� la pr�sence des requins, de plonger sur le fond, et de
s'insinuer dans la chambre du b�timent pour t�cher d'en arracher
quelques objets, s'il en existait encore. Je crus devoir applaudir � son
d�vo�ment, et refuser net sa courageuse proposition.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 2:12