Contes de bord by Édouard Corbière


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Page 28

Un large baril de brai avait donc �t� pos� sur le pont que l'on
travaillait.

Par un de ces accidens qui arrivent souvent, malgr� la pr�voyance que
l'on apporte � les pr�venir, il se fit qu'en chauffant le brai d'une des
marmites, un copeau, un morceau de toile ou de bois ripp�, se trouva
toucher le boulet rouge. Cet objet prend feu au m�me instant. La flamme
qu'il produit se communique aux coutures fra�chement bray�es. Cette
flamme voltige sur le pont du vaisseau, o� partout elle trouve un
aliment. Elle gagne bient�t, au milieu de la confusion g�n�rale, le gros
baril de brai. On court, on se heurte, on crie: Au feu! on cherche le
moyen d'�teindre l'incendie. Il y a de l'eau partout; mais l'eau jet�e
sur le brai qui flamboie irriterait encore l'ardeur de l'embrasement. On
demande du sable pour �touffer la flamme; on en cherche. C'est surtout
du baril de brai qu'il faut t�cher de se d�barrasser � tout prix; on
jette des cha�nes sur lui, pour l'entra�ner le long des passavans et le
faire tomber � la mer. Le commandant sort tout �mu de sa chambre, et il
voit avec effroi le d�sordre extr�me qui r�gne sur le pont. Ses yeux
inquiets rencontrent, en ce moment d'anxi�t�, les yeux de Barbe-Rouge.
Celui-ci, comme s'il venait de puiser une inspiration dans les regards
que le hasard a fait tomber sur lui, court � son commandant: il saisit
une de ses mains, qu'il baise convulsivement, puis il se jette dans les
flammes qui cachent le baril de brai: il dispara�t � tous les yeux, et
l'on voit aussit�t la masse des flammes se mouvoir du c�t� de
l'ouverture du gaillard, o� est plac� l'escalier de tribord. Le baril de
brai tombe � la mer �teint, �touff� dans les bras d'un matelot qui l'a
saisi comme pour lutter corps � corps avec lui. Ce matelot, c'�tait
Barbe-Rouge!

On am�ne pr�cipitamment une embarcation � la mer. Le commandant crie:
�Sauvez-le! sauvez-le! ne perdez pas un seul instant, mes amis, je vous
en supplie...�

L'incendie, priv� sur le pont de son principal aliment, est bient�t
�touff� sous les efforts de tout l'�quipage.... L'embarcation mise � la
mer ram�ne � bord un corps d�figur� et � moiti� consum�, le corps de
Barbe-Rouge!

La mort de Barbe-Rouge venait de sauver le vaisseau _le Troph�e_ et
l'�quipage dont l'infortun� avait �t� presque toute sa vie le m�pris et
la ris�e!




UN N�GRIER.

SUPERCHERIE.


�Oh! de la go�lette, oh!

--Hol�!

--D'o� venez-vous?

--De Madagascar.

--De quoi �tes-vous charg�s?

--Vous le savez bien!

--R�pondez de suite, ou je vous coule! De quoi �tes-vous charg�s?

--Eh bien, de bois d'�b�ne.

--Comment se nomme le navire?

--_L'Oiseau-Mouche_.

--Tenez-vous en panne, et aussit�t que vous aurez pris la remorque que
je vais vous faire _�longer_, vous _ferez servir_ et vous gouvernerez,
toutes voiles dehors, dans les eaux de mon brick.�

Cette conversation au porte-voix avait lieu � onze heures du soir, dans
les parages de l'Ile-de-France, entre un brick anglais et une petite
go�lette fran�aise, qui, chass�e pendant douze � quinze heures par le
brick, avait �t� forc�e d'amener, et de se rendre � l'opini�tre croiseur
sous la vol�e duquel il n'aurait pas fait bon pour elle.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 19:21