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Page 26
Nous avons d�j� parl� du contre-ma�tre qui, le jour de la revue, avait
un peu rudoy� Barbe-Rouge au moment o� celui-ci ne r�pondait pas �
l'appel du commissaire. Cet officier marinier avait, depuis long-temps,
con�u pour notre animal amphibie une antipathie qui se manifestait le
plus souvent par de grands coups de poing et quelques bonnes giffles,
comme autrefois savaient si bien en administrer les ma�tres d'�quipage.
Un jour, le commandant, que le hasard avait rendu t�moin des mauvais
traitemens du contre-ma�tre envers Barbe-Rouge, ordonna s�v�rement au
sup�rieur de ne plus frapper son indigne subalterne.
Le pauvre Barbe-Rouge ne sut remercier son commandant qu'en se jetant �
genoux et en tournant vers lui des yeux mouill�s des larmes les plus
�tranges qu'on e�t encore vues couler. C'�tait la premi�re preuve de
sensibilit� qu'e�t donn�e Barbe-Rouge, et le commandant en fut attendri.
Il prit le malheureux sous sa protection.
Mais depuis ce moment-l� aussi la haine d�j� assez prononc�e du
contre-ma�tre redoubla de violence.
�Le commandant, lui disait-il chaque jour, m'a d�fendu de te frapper.
C'est bien, et j'ob�is; mais je te pousserai si rudement que le coeur
t'en fera mal!�
Je vous laisse � penser si Barbe-Rouge �tait rudement pouss�!
Une fois le contre-ma�tre surprend de grand matin celui qu'il appelait
sa b�te noire r�citant, du mieux qu'il le pouvait, une pri�re � voix
haute.
�Qui pries-tu l�,-esp�ce de vilain chr�tien?
--Je prie le bon Dieu, r�pond Barbe-Rouge.
--Et qu'as-tu � lui demander, � ton bon Dieu?
--Que vous tombiez un jour � la mer.
--Ah! oui, pour me mettre le pouce sur la lumi�re, n'est-ce pas?
Attends, chien d'imb�cile, que je te pousse encore une bonne fois, pour
t'apprendre � avoir actuellement la langue aussi bien _d�marr�e_.�
Barbe-Rouge fut pouss� ce jour-l� comme jamais il ne l'avait encore �t�
par la terrible main de son pers�cuteur.
Mais les voeux que l'opprim� adressait au ciel, peut-�tre pour la
premi�re fois, ne tard�rent pas � �tre exauc�s.
Peu de temps apr�s cette sc�ne, la chaloupe du _Troph�e_ fut envoy�e, �
quelque distance du bord, lever une des ancres du vaisseau. Le
contre-ma�tre commandait la corv�e charg�e de cette op�ration. L'ancre
lev�e, se trouvant un peu trop pesante pour la chaloupe, surchargeait
tellement l'arri�re de cette embarcation, qu'il suffit � la lame qui se
formait de faire _tanguer_ l'arri�re pour que l'eau entr�t � bord, et
pour que la chaloupe coul�t � une encablure du b�timent. Les
chaloupiers se trouvent livr�s aux flots: ceux qui savent nager se
dirigent, en jouant des bras et des jambes, vers le vaisseau. On arme
tous les canots pour porter secours le plus promptement possible aux
trente ou quarante hommes qui flottent �� et l�. Barbe-Rouge, depuis
long-temps plac� sur le beaupr� du _Troph�e_, comme pour guetter les
mouvemens de la chaloupe, n'avait pas attendu le moment du danger
extr�me pour prendre son parti. Bien avant que les canots du bord
fussent pr�ts � secourir les chaloupiers en p�ril, il s'�tait jet� tout
habill� � la mer, du haut du beaupr� o� il avait �tabli son
observatoire. Il nage en vrai marsouin, au milieu des malheureux qui se
d�battent contre les lames; il semble choisir les hommes qu'il veut
sauver les premiers. Le contre-ma�tre, son ennemi, lutte contre la mer
qui va l'engloutir, en s'effor�ant de se tenir quelques instans � flot.
Il �tend ses bras convulsifs vers Barbe-Rouge. Sa voix, presque
�touff�e par l'eau que sa bouche repousse encore, l'appelle, l'implore;
mais Barbe-Rouge passe aupr�s de lui sans daigner seulement le regarder:
il saisit tous ceux qu'il rencontre autour du contre-ma�tre, et les
am�ne aux embarcations du vaisseau qui arrivent, � force de rames, sur
le lieu de l'�v�nement. Le contre-ma�tre dispara�t � l'instant m�me o�
le brigadier d'un des canots allait mettre la main sur lui.
Cinq � six hommes venaient d'�tre sauv�s par Barbe-Rouge.
En revenant � bord du vaisseau, les embarcations d�posent sur l'escalier
de commandement les chaloupiers qu'elles ont pu recueillir. Le
commandant s'informe du sort du contre-ma�tre.
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