Port-Tarascon by Alphonse Daudet


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Page 60

Un matin, la terre �tant signal�e, Tartarin et Pascalon
pr�paraient leurs malles, aid�s par un des domestiques, quand tout
� coup ils eurent la sensation de balancement que produit un
navire � l'arr�t. Le _Tomahawk_ stoppait; en m�me temps, on
entendait s'approcher un bruit de rames.

�Regardez donc, Pascalon, dit Tartarin, c'est peut-�tre le
pilote...�

Le canot accostait en effet, mais ce n'�tait pas le pilote; il
portait le pavillon fran�ais, des matelots fran�ais le montaient;
et parmi eux deux hommes habill�s de noir, en chapeaux hauts de
forme. L'�me de Tartarin vibra.

�Ah! le drapeau fran�ais!... Laisse que je le regarde, mon
enfant.�

Il s'�lan�a vers le hublot, mais � ce moment la porte de la cabine
s'ouvrit, laissant passer un grand flot de lumi�re; et deux agents
de police en bourgeois, aux fa�ons communes et brutales, munis de
mandats d'arr�t, de permis d'extradition, tout le tremblement
pos�rent leurs pattes sur le malheureux �tat de choses et sur son
secr�taire.

Le Gouverneur recula, bl�me et digne:

�Prenez garde � ce que vous faites, je suis Tartarin de Tarascon.

-- C'est vous que nous cherchons, justement.�

Et les voil� tous deux emball�s, sans un mot d'explication ni de
r�ponse � leurs questions multiples, sans savoir ce qu'ils avaient
fait, pourquoi on les arr�tait, o� on les conduisait. Rien que la
honte de passer charg�s de fers, car on leur avait mis les
menottes, devant les matelots et les midships, sous les rires et
les hu�es de leurs compatriotes, qui, pench�s au-dessus du
bordage, applaudissaient, criaient � toute gorge:

�C'est bien fait!... zou... zou...� pendant qu'on descendait les
captifs dans le canot.

En ce moment Tartarin e�t voulu s'engloutir au fond de la mer.

De prisonnier de guerre comme Napol�on et Th�mistocle, passer �
l'�tat de vulgaire filou!

Et la dame du commodore qui regardait!

D�cid�ment, il avait raison, la Tarasque se vengeait, elle se
vengeait cruellement.


Chapitre III

_SUITE DU M�MORIAL DE PASCALON._


_5 juillet. Prison de Tarascon sur Rh�ne._

--_ _Je reviens de l'instruction, je sais enfin de quoi l'on nous
accuse, le Gouverneur et moi, et pourquoi, brusquement saisis sur
le _Tomahawk, _harponn�s en plein bonheur, en plein r�ve, comme
deux langoustes tir�es du fond de l'eau claire, nous f�mes
transbord�s sur un navire fran�ais, ramen�s � Marseille, les
menottes aux poings, dirig�s sur Tarascon et mis au secret dans la
prison de la ville.

Nous sommes pr�venus d'escroquerie, d'homicide par imprudence et
d'infraction aux lois sur l'�migration. Ah! pour s�r que j'ai d�
l'enfreindre, la loi sur l'�migration, car c'est la premi�re fois
que j'entends son nom, seulement son nom, � cette coquine de loi.

Apr�s deux jours d'incarc�ration, avec d�fense absolue de parler �
quiconque -- c'est �a qui est terrible pour des Tarasconnais, --
nous f�mes conduits au palais par-devant le juge d'instruction,
M. Bonaric.

Ce magistrat a commenc� sa carri�re � Tarascon, il y a une dizaine
d'ann�es, et me connaissait parfaitement, �tant venu plus de cent
fois � la pharmacie, o� je lui pr�parais une pommade pour un
ecz�ma chronique qu'il a dessus la joue.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 6:13