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Page 54
C'�tait encore, au lointain de sa m�moire, dans une excursion au
pont du Gard, une vieille, vieille gitane, lui disant, apr�s avoir
regard� les lignes de sa main �Un jour, tu seras roi.� Vous pensez
si cet horoscope fit rire tout le monde! Il devait se r�aliser
pourtant.
Ici le grand homme s'interrompit:
�Je vous jette ces choses, voyez, un peu � la bousculade, comme
elles me viennent, mais pour le M�morial je crois que cela pourra
vous �tre utile...
-- Certes!� fit Pascalon, qui buvait les paroles de son h�ros,
tandis qu'une demi-douzaine de jeunes midships, group�s autour de
Tartarin, �coutaient ses r�cits, bouche b�e.
Mais la plus attentive �tait la femme du commodore, une toute
jeune, dolente et d�licate cr�ole, �tendue non loin de l� sur une
chaise longue en bambou, avec des poses abandonn�es, la p�leur
chaude d'un magnolia, de grands yeux noirs, doux, profonds,
pensifs... Celle-l�, oui, s'en abreuvait des histoires de
Tartarin.
Tout fier de voir son ma�tre si passionn�ment �cout�, Pascalon le
voulait plus glorieux encore, lui faisait raconter ses chasses au
lion, son ascension de la Jungfrau, la d�fense de Pamp�rigouste.
Et le h�ros, bon enfant comme toujours, pr�tant la main � cet
innocent comp�rage, se livrait tout entier, se laissait feuilleter
comme un livre, mais un livre � images, illustr� par son
expressive mimique tarasconnaise et les _pan! pan! de _ses
aventures de chasse.
La cr�ole, frileusement pelotonn�e sur sa chaise longue,
tressaillait � chaque �clat de voix, et ses �motions se marquaient
d'une touche fine, d'une vaporeuse mont�e de ros� sur son teint
d�licat d'aquarelle.
Quand le mari, le commodore, sorte de Hudson Lowe � museau de
fouine m�chante, venait la chercher pour la faire rentrer, elle
suppliait:
�Non, non..., pas encore,� coulant un regard vers le grand homme
de Tarascon, qui n'�tait pas sans l'avoir remarqu�e non plus et,
pour elle, haussait la voix avec quelque chose de plus noble dans
l'attitude et dans l'accent.
Quelquefois, en regagnant leur cabine apr�s une de ces s�ances, il
interrogeait Pascalon d'un air n�gligent:
�Que vous a dit la dame du commodore? Il me semble qu'il �tait
question de moi, h�?...
-- Effectivement, ma�...�tre. Cette personne me disait qu'elle
avait d�j� beaucoup entendu parler de vous.
-- Cela ne m'�tonne pas, fit Tartarin simplement, je suis tr�s
populaire en Angleterre.�
Encore une analogie avec Napol�on.
Un matin, mont� sur le pont de bonne heure, il fut tr�s �tonn� de
ne pas y trouver sa cr�ole comme d'habitude. Sans doute le mauvais
temps qu'il faisait ce jour-l�, la temp�rature un peu vive, les
embruns �claboussant la dunette, ne lui avaient pas permis de
sortir, si d�licate de sant�, si nerveusement impressionnable!
Le pont lui-m�me et l'�quipage semblaient gagn�s par l'agitation
de la mer.
Une baleine venait d'�tre signal�e, fait assez rare dans ces
parages. Elle n'avait pas d'�vents, ne lan�ait pas de jets d'eau;
� quoi des matelots pr�tendaient reconna�tre une femelle, d'autres
une baleine d'esp�ce particuli�re. On n'�tait pas d'accord.
Comme elle restait sur la route du navire sans s'�loigner, un
d�l�gu� du carr� des �l�ves alla demander au commandant la
permission de la p�cher. Il refusa, mauvais chien comme toujours,
sous pr�texte qu'on n'avait pas de temps � perdre et donna
seulement l'autorisation de tirer � la b�te quelques coups de
fusil.
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