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Page 51
Bien s�r que par un jour de soleil les Tarasconnais se seraient
montr�s plus indulgents, mais l'embarquement se faisait sous une
pluie torrentielle, les malheureux pataugeaient dans la fange,
emportaient aux semelles des kilos de cette terre maudite, et les
parapluies garantissaient � peine le petit bagage que chacun
tenait en main.
Quand tous les colons eurent quitt� l'�le, ce fut le tour de
Tartarin.
Depuis le matin, Pascalon s'agitait, pr�parant tout, r�unissant en
liasses les archives de la colonie.
� la derni�re heure, il lui vint une id�e de g�nie. Il demanda �
Tartarin s'il devait mettre pour se rendre � bord son manteau de
premi�re classe.
�Mets-le toujours, �a les impressionnera!...� r�pondit le
Gouverneur.
Et lui-m�me passa le grand cordon de l'Ordre.
En bas on entendait sonner les crosses de fusil de l'escorte, la
voix dure de l'officier appelant:
�Monsieur Tartarin! Allons, monsieur le Gouverneur!�
Avant de descendre, Tartarin jeta un dernier regard autour de
l'�le, sur cette maison o� il avait aim�, o� il avait souffert,
subi toutes les affres du pouvoir et de la passion.
Voyant � ce moment le chef du secr�tariat dissimuler un cahier
sous son manteau, il s'informa, voulut voir, et Pascalon dut faire
� son bon ma�tre l'aveu du M�morial.
�H� bien, continue, mon enfant, dit doucement Tartarin en lui
pin�ant l'oreille, comme faisait Napol�on � ses grenadiers, tu
seras mon petit Las Cases.�
La similitude de sa destin�e avec celle de Napol�on le pr�occupait
depuis la veille.
Oui, c'�tait bien cela... Les Anglais, Marie-Louise, Las Cases...
Une vraie analogie de circonstances et de type... Et tous deux du
Midi, coquin de sort!
LIVRE TROISI�ME
Chapitre I
_De la r�ception que les Anglais firent � Tartarin � bord du
�Tomahawk�. _- _Derniers adieux � l'�le de Port Tarascon. _-
_Conversation du Gouverneur sur le tillac avec son petit Las
Cases. _- _Costecalde est retrouv�. _- _La dame du commodore. _-
_Tartarin tire sa premi�re baleine._
La dignit� d'attitude de Tartarin, lorsqu'il monta sur le pont du
_Tomahawk_, impressionna fort les Anglais, saisis surtout par le
grand cordon de l'Ordre, ros� avec la Tarasque brod�e, dont le
Gouverneur s'�charpait comme d'un symbole ma�onnique, et aussi par
le manteau rouge et noir de grand de premi�re classe qui
enveloppait Pascalon de la t�te aux pieds.
Les Anglais ont en effet, par-dessus tout, le respect de la
hi�rarchie, du fonctionnarisme et du maboulisme (de _maboul, _en
langue arabe l'innocent, le bon toqu�).
� la coup�e du navire, Tartarin fut re�u par l'officier de service
et conduit dans une cabine des premi�res avec les plus grands
�gards. Pascalon le suivit, bien r�compens� de son d�vouement, Car
on lui donna la chambre � c�t� du Gouverneur, au lieu de le
fourrer dans l'entrepont comme les autres Tarasconnais, entass�s
l� en mis�rable troupeau d'�migrants, et p�le-m�le avec eux tout
l'ancien �tat-major de l'�le, ainsi puni de sa faiblesse et de sa
l�chet�.
Entre la cabine de Tartarin et celle de son fid�le secr�taire se
trouvait un petit salon garni de divans, de panoplies, de plantes
exotiques, et une salle � manger o� deux blocs de glace, dans des
vases d'encoignure, entretenaient une perp�tuelle fra�cheur.
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