Port-Tarascon by Alphonse Daudet


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Page 50

�Parfaitement!

-- Feu de Dieu! si nous le suivrons!...

-- Je crois bien!... Jusque sur l'�chafaud!...

-- Ha! ha! ha!... Vive Tartarin!...� hurlait Excourbani�s.

Une heure apr�s, � l'exception de Pascalon, tous avaient l�ch� le
Gouverneur, tous, m�me la petite princesse Likiriki,
miraculeusement retrouv�e sur le toit de la R�sidence. C'est l�
qu'elle s'�tait r�fugi�e au premier bruit de la canonnade, sans se
rendre compte des risques bien plus grands qu'elle courait l�-
haut, et tellement folle d'�pouvante, que ses dames d'honneur
n'avaient pu la d�cider � descendre qu'en lui montrant de loin une
bo�te de sardines ouverte, comme on offre une sucrerie � une
perruche �chapp�e de sa cage.

�Ma ch�re enfant, lui dit Tartarin d'un ton solennel quand on
l'eut amen�e pr�s de lui, je suis prisonnier de guerre. Que
pr�f�rez-vous? Venir avec moi ou bien rester dans l'�le? Je pense
que les Anglais vous y laisseront, mais en ce cas vous ne me
verrez plus.�

Sans h�siter, bien en face, elle r�pondit dans son gazouillis
enfantin et clair:

�Moi rester l'�le, touzou.

-- C'est bien, vous �tes libre,� dit Tartarin, r�sign�; mais au
fond le pauvre homme avait le coeur en morceaux.

Le soir, dans la solitude de la r�sidence, abandonn� de sa femme,
de ses dignitaires, n'ayant plus pr�s de lui que Pascalon, il r�va
longtemps � la fen�tre ouverte.

Au loin clignotaient les lumi�res de la ville; on entendait des
voix irrit�es, les chansons des Anglais camp�s sur le rivage et le
fracas du Petit-Rh�ne grossi par les pluies.

Tartarin referma sa fen�tre avec un gros soupir et, tout en
mettant son foulard de nuit, un vaste foulard � pois qu'il nouait
en serre-t�te, il dit � son fid�le secr�taire:

�Quand les autres m'ont reni�, cela ne m'a pas trop surpris ni
chagrin�; mais cette petite..., vrai! j'aurais cru qu'elle aurait
plus d'attachement.�

Le bon Pascalon essaya de le consoler. Apr�s tout, cette princesse
sauvage �tait un colis bien �trange � ramener � Tarascon, -- car
finalement on y rentrerait toujours � ce Tarascon, -- et quand
Tartarin reprendrait son existence d'autrefois, l�-bas, sa femme
papoua aurait pu le g�ner, l'afficher...

�Rappelez-vous, mon bon ma�tre, lorsque vous rev�ntes d'Alg�rie,
votre cha... chameau, comme vous le trouviez encombrant...�

Tout de suite Pascalon s'interrompit et devint tr�s rouge. Quelle
id�e d'aller parler de chameau � propos d'une princesse de sang
royal! Et pour r�parer ce que cette comparaison avait
d'irr�v�rencieux, il fit remarquer � Tartarin l'analogie de sa
situation avec celle de Napol�on prisonnier des Anglais et
abandonn� par Marie-Louise.

�En effet�, dit Tartarin tr�s fier de ce rapprochement; et
l'identit� de leurs deux destin�es, � lui et au grand Napol�on,
lui fit passer une excellente nuit.

Le lendemain, Port-Tarascon �tait �vacu� � la grande joie des
colons. Leur argent perdu, les hectares illusoires, le grand coup
de banque du �sale Belge� dont ils avaient �t� victimes, tout cela
ne leur semblait rien aupr�s du soulagement qu'ils �prouvaient �
sortir enfin de ce mar�cage.

On les embarqua les premiers, pour �viter tout conflit avec l'�tat
de choses, qu'ils rendaient maintenant responsable de leur mauvais
sort.

Comme on les conduisait aux chaloupes, Tartarin se montra � sa
fen�tre, mais dut s'en retirer bien vite sous les hu�es qui
l'accueillirent et devant les poings mena�ants tendus vers lui.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 9:32