Port-Tarascon by Alphonse Daudet


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Page 40

L'�rudit Franquebalme collabora pour beaucoup � la r�daction
s�v�re et minutieuse de ce document. Il y mit toute sa
connaissance de la loi, trouva de nombreux �attendu que...� et
avec son ciment romain en fit un tout solide et compact.

Le roi N�gonko c�dait l'�le de Port-Tarascon moyennant un baril de
rhum, dix livres de tabac, deux parapluies de cotonnade et une
douzaine de colliers de chiens.

Un codicille ajout� au trait� autorisait N�gonko, sa fille et ses
compagnons � s'installer sur la c�te occidentale de l'�le, cette
partie o� l'on n'allait jamais � cause du _Romain, _le fameux
taureau devenu bison, la seule b�te dangereuse de la colonie.

Tout cela conclu en conf�rence secr�te et enlev� en quelques
heures.

Ainsi, gr�ce � l'habilet� diplomatique de Tartarin, les bons
d'hectares se trouv�rent valables, et repr�sent�rent r�ellement
quelque chose, ce qui ne leur �tait jamais arriv�.


Chapitre III

_Il pleut toujours -- Invasion de maladies aqueuses -- La soupe �
l'ail. -- Ordre du gouverneur -- L'ail va manquer! -- L'ail ne
manquera pas. -- Le bapt�me de Likiriki..._


Cependant toujours la mouillure, toujours le ciel gris et l'eau
qui tombait, qui tombait... Le matin, en ville, on voyait
s'entrouvrir les fen�tres, des mains se tendre dehors:

�Il pleut?

-- Il pleut!...�

Il pleuvait continuellement, comme dans les r�cits de B�zuquet.

Pauvre B�zuquet! Malgr� tant de mis�res endur�es avec ceux de la
_Farandole _et du _Lucifer, _il �tait rest� � Port-Tarascon
n'osant retourner en terre chr�tienne � cause de son tatouage.
Redevenu pharmacien et aide-major de classe tr�s infime sous les
ordres de Tournatoire, l'ancien gouverneur provisoire aimait
encore mieux cela que d'exhiber dans les pays civilis�s sa figure
monstrueuse et ses mains toutes piquet�es et carmin�es. Seulement
il se vengeait de ses malheurs en faisant � ses compagnons les
pr�dictions les plus sinistres. S'ils se plaignaient de la pluie,
de la boue, de la moisissure, il haussait les �paules:

�Attendez un peu... Vous en verrez bien d'autres!�

Et il ne se trompait pas. De vivre ainsi toujours tremp�s, par l�-
dessus le manque de viandes fra�ches, beaucoup tomb�rent malades.
Les vaches �taient depuis longtemps mang�es. On ne comptait plus
sur les chasseurs, quoiqu'il y e�t parmi eux des tireurs tr�s
adroits, tels que le marquis des Espazettes, et tous p�n�tr�s des
principes de Tartarin, deux temps pour la caille, trois temps pour
la perdrix.

Le diable, c'est qu'il n'y avait ni perdrix, ni cailles, ni rien
de semblable, pas m�me de go�lands ni de mouettes, aucun oiseau de
mer n'abordant jamais ce c�t� de l'�le.

On ne rencontrait dans les excursions de chasse que quelques porcs
sauvages, mais si rares! ou des kangourous, d'un tir tr�s
difficile � cause de leurs bonds sautillants.

Tartarin ne pouvait dire au juste combien il fallait compter pour
cet animal. Un jour le marquis des Espazettes l'interrogeant � ce
sujet, il r�pondit un peu au hasard:

�Comptez six, monsieur le marquis...�

Des Espazettes compta six et n'attrapa rien qu'un gros rhume sous
la pluie � torrents et indiscontinue.

�Il faudra que j'y aille moi-m�me,� dit Tartarin; mais il
remettait toujours la partie, � cause du mauvais temps, et la
venaison se faisait de plus en plus rare. Certainement les gros
l�zards n'�taient pas mauvais, mais � force d'en manger on prenait
en horreur cette chair blanche et fade, dont le p�tissier
Bouffartigue faisait des conserves, d'apr�s les proc�d�s des
P�res-Blancs.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 14:08