Port-Tarascon by Alphonse Daudet


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Page 25

Sit�t d�barqu�s, ce fut l� que l'on courut. Une ruine, �
l'int�rieur comme au dehors. De grands lambeaux de ciel se
voyaient � travers la toiture, le plancher gondol� s'effritait en
pourriture de bois, d'�normes l�zards disparaissaient dans les
crevasses, des b�tes noires grouillaient le long des murs, de
visqueux crapauds bavaient dans les coins. Tartarin, en entrant le
premier, avait failli marcher sur un serpent gros comme le bras.
Partout une odeur d'humide, de moisi, �coeurante et fade.

� quelques d�bris de cloisons encore debout, on reconnaissait que
la baraque avait �t� divis�e en compartiments �troits comme des
boxes d'�curie ou des cabines. Sur une de ces cloisons se lisaient
en lettres d'un pied ces mots: Pharma... B�zu... Le reste avait
disparu, mang� par la moisissure; mais pour deviner �Pharmacie
B�zuquet�, il ne fallait pas �tre grand clerc.

�Je vois ce que c'est, dit Tartarin, ce versant de l'�le �tait
malsain, et apr�s un essai de colonisation ils sont all�s
s'installer de l'autre c�t�.�

Puis, d'une voix d�cid�e, il donna l'ordre au commandant Bravida
de partir en reconnaissance � la t�te de la milice: il pousserait
jusqu'en haut de la montagne; de l�, explorerait le pays et
verrait certainement fumer les toits de la ville.

�D�s que vous aurez pris le contact, vous nous avertirez par une
mousquetade.�

Quant � lui, il resterait en bas, au quartier g�n�ral, avec son
secr�taire, son chapelain et quelques autres.

Bravida et le lieutenant Excourbani�s rang�rent leurs hommes et se
mirent en route. Les miliciens avanc�rent en bon ordre; mais le
terrain montant, recouvert d'une mousse algueuse et glissante,
rendait la marche difficile, et les rangs ne tard�rent pas � se
diviser.

On traversa un petit ruisseau, sur le bord duquel restaient
quelques vestiges d'un lavoir, un battoir oubli�, tout cela verdi
par cette mousse d�vorante, envahissante, qu'on retrouvait �
chaque pas. Un peu plus loin, les traces d'une autre construction,
qui semblait avoir �t� un blockhaus.

Le bon ordre des milices acheva de se d�sorganiser par la
rencontre de centaines de trous tr�s rapproch�s les uns des
autres, tra�treusement masqu�s d'une v�g�tation de ronces et de
lianes.

Plusieurs hommes s'y effondr�rent avec un grand fracas de
buffleteries et d'armes, faisant fuir sous leur chute de ces gros
l�zards pareils � ceux de la baraque. Ces trous n'�taient pas trop
profonds, rien que de l�g�res excavations creus�es en alignement.

�On dirait un ancien cimeti�re,� observa le lieutenant
Excourbani�s. Cette id�e lui venait de vagues apparences de croix,
faites de branches entrelac�es, maintenant reverdies, retourn�es �
la nature, et prenant des formes de ceps de vigne sauvage. En tous
cas un cimeti�re d�m�nag�, car il n'y restait plus trace
d'ossements.

Apr�s une p�nible escalade � travers d'�pais fourr�s, ils
arriv�rent enfin sur la hauteur. On y respirait un air plus sain,
renouvel� par la brise et tout charg� des senteurs marines. Au
loin s'�tendait une grande lande apr�s laquelle les terrains
redescendaient insensiblement vers la mer. La ville devait �tre
par l�.

Un milicien, le doigt tendu, montra des fum�es qui montaient,
pendant qu'Excourbani�s criait d'un ton joyeux: ��coutez..., les
tambourins..., la farandole!�

Il n'y avait pas � s'y tromper, c'�tait bien la vibration
sautillante d'un air de farandole. Port-Tarascon venait au-devant
d'eux.

On voyait d�j� les gens de la ville, une foule �mergeant l�-bas
des pentes, � l'extr�mit� du plateau.

�Halte! dit subitement Bravida, on dirait des sauvages.�

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 27th Oct 2025, 8:31