Port-Tarascon by Alphonse Daudet


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Page 24

Tartarin se tourna vers Scrapouchinat qui d�j� donnait des ordres
pour le mouillage:

��tes-vous bien s�r, capitaine?...�

L'irascible long-cours r�pondait par une salve de jurons. S'il
�tait s�r, coquin de sort!... il connaissait son m�tier peut-�tre,
nom d'un tonnerre!... il savait conduire son navire!...

�Pascalon, allez me chercher la carte de l'�le...� fit Tartarin,
toujours tr�s calme.

Il poss�dait heureusement une carte de la colonie, dress�e � une
tr�s grande �chelle, o� �taient minutieusement d�taill�s caps,
golfes, rivi�res, montagnes, et jusqu'� l'emplacement des
principaux monuments de la ville.

Elle fut aussit�t �tal�e, et Tartarin, entour� de tous, se mit �
l'�tudier en suivant du doigt.

Bien cela; ici, l'�le de Port-Tarascon..., l'autre �le en face,
l�..., le promontoire chose..., tr�s bien... � gauche les r�cifs
de coraux... parfaitement... Mais alors, quoi? La ville, le port,
les habitants, qu'est-ce que tout �a �tait devenu?

Timide, b�gayant un peu, Pascalon sugg�ra que peut-�tre il y avait
l�-dessous une farce de Bompard, si connu en Tarascon pour ses
plaisanteries.

�Bompard peut-�tre, fit Tartarin... mais B�zuquet, un homme de
toute prudence, de tout s�rieux... Du reste, pour si farceur qu'on
soit, on n'escamote pas une ville, un port, des bassins de
car�nage.�

� la longue-vue, on apercevait bien sur la c�te quelque chose
comme une baraque; mais les r�cifs de coraux ne permettaient pas
au navire d'approcher davantage, et, � cette distance, tout se
perdait dans le vert noir des feuillages.

Tr�s perplexes, tous regardaient, d�j� pr�ts pour le d�barquement,
leurs paquets � la main, la vieille douairi�re d'Aigueboulide
elle-m�me portant sa petite chaufferette, et, dans la stup�faction
g�n�rale, on entendit le Gouverneur en personne murmurer � demi-
voix:

�C'est vraiment bien extraordinaire!...� Tout � coup il se
redressa:

�Capitaine, faites armer le grand canot. Commandant Bravida,
sonnez � la milice.�

Pendant que le clairon ta-ra-ta-tait, que Bravida faisait appel,
Tartarin, plein d'aisance, rassurait les dames:

�Ne craignez rien. Tout va s'expliquer, certainement...�.

Et aux hommes, � ceux qui ne venaient pas � terre:

�Dans une heure nous serons de retour. Attendez-nous l�, que
personne ne bouge.�

Ils n'avaient garde de bouger, l'entouraient, disaient comme lui:

�Oui, monsieur le Gouverneur... Tout va s'expliquer...
certainement...�. Et en ce moment Tartarin leur paraissait
immense.

Dans le grand canot, il prit place avec son secr�taire Pascalon,
son chapelain le P�re Bataillet, Bravida, Tournatoire,
Excourbani�s et la milice, tous arm�s jusqu'aux dents, sabres,
haches, revolvers et carabines, sans oublier le fameux winchester
� trente-deux coups.

� mesure qu'on se rapprochait de ce silencieux rivage o� rien ne
remuait, on distinguait un vieil appontement en madriers et
planches, tout rong� de mousse dans une eau croupie. Que ce f�t l�
cette jet�e sur laquelle les naturels venaient au-devant des
passagers de la _Farandole_, voil� qui semblait incroyable. Un peu
plus loin apparaissait une esp�ce de vieille baraque, aux fen�tres
ferm�es de volets de fer, rouges, peints au minium, qui jetaient
un reflet sanglant dans l'eau morte. Un toit de planches la
recouvrait, mais crevass�, disjoint.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 27th Oct 2025, 4:59