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Page 23
Cette �le, vous l'avez devin�, n'�tait autre que Port-Tarascon, o�
les habitants, en l'honneur de l'Assomption, faisaient une
procession solennelle.
Et quelle procession, mes enfants!
D'abord les p�nitents, tous les p�nitents, des bleus, des blancs,
des gris, de toutes les couleurs, pr�c�d�s de leurs clochettes qui
m�laient ensemble leur notes de cristal et d'argent. Apr�s les
p�nitents, les confr�ries de femmes, tout de blanc v�tues et
couvertes de longs voiles comme les saintes du Paradis. Puis
venaient les vieilles banni�res, si hautes que les figures de
saints, aux aur�oles tiss�es en or dans les �toffes de soie,
semblaient descendre du ciel au-dessus de la foule. Le Saint-
Sacrement avan�ait ensuite, sous son dais de velours rouge, tr�s
lent, tr�s lourd, surmont� de grands panaches, pr�s duquel les
enfants de choeur portaient au bout de longs b�tons dor�s de
grosses lanternes vertes o� br�laient de petites flammes. Et tout
le peuple suivait, jeunes et vieux, chantant et priant tant qu'ils
avaient de souffle.
La procession se d�roulait tout autour de l'�le, tant�t sur la
plage, tant�t au versant des collines, tant�t sur les sommets o�
les grands encensoirs, balanc�s, laissaient de l�g�res fum�es
bleues dans le soleil.
Saint Pierre �bloui murmura:
�Que c'est beau!...� sans une parole de plus, car il d�sesp�rait
de fl�chir son compagnon, apr�s tant de vaines tentatives: mais
justement il se trompait.
Le Fils de l'homme, touch� au coeur par ces transports de foi
na�ve, regardait flotter les banni�res de Port-Tarascon, et
songeait, immobile sur la cr�te des vagues, regrettant pour la
premi�re fois sa mission de mort.
Soudain il leva son p�le et doux visage et, dans le silence de la
mer apais�e, d'une forte voix qui remplit l'univers, il cria vers
le ciel:
�P�re, P�re, un sursis!...�
Et ils se comprirent sans plus parler, le P�re et le Fils, �
travers le clair espace.
Le p�re Bataillet en �tait l� de son r�cit.
L'auditoire silencieux restait sans bouger de place, tr�s �mu,
quand tout � coup, du haut de la passerelle du _Tutu-panpan_, le
capitaine Scrapouchinat cria:
�L'�le de Port-Tarascon est en vue, monsieur le Gouverneur. Avant
une heure nous serons dans la rade.�
Alors tout le monde fut debout et il y eut un grand brouhaha.
Chapitre VI
_L'arriv�e � Port-Tarascon. -- Personne. -- D�barquement des
milices. -- PHARMA... BEZU Bravida prend le contact. -- Terrible
catastrophe. -- Un pharmacien tatou�._
�Que diable est ceci?... personne au-devant de nous..., � dit
Tartarin, le tumulte des premiers cris de joie apais�.
Sans doute le navire n'avait pas encore �t� signal� de la terre.
Il fallait s'annoncer. Trois coups de canon roul�rent � travers
deux longues �les d'un vert gras, d'un vert rhumatisme, entre
lesquelles le steamer venait de s'engager.
Tous les regards �taient tourn�s vers le rivage le plus proche,
une �troite bande de sable, large de quelques m�tres seulement;
au-del�, des pentes raides toutes couvertes d'un �croulement de
sombre verdure depuis les sommets jusqu'� la mer.
Quand l'�cho des coups de canon eut cess� de gronder, un grand
silence enveloppa de nouveau ces �les d'aspect sinistre. Toujours
personne: et le plus inexplicable encore, c'est qu'on ne voyait ni
port, ni fort, ni ville, ni jet�es, ni bassins de radoub..., rien!
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