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Page 12
Il ne fallait rien moins pour le d�cider que le dipl�me de
m�decin, envi� pendant toute sa vie, ce dipl�me que le gouverneur
de Port-Tarascon lui d�cernait aujourd'hui de son autorit� priv�e.
Il en d�cernait bien d'autres, le gouverneur! des dipl�mes, des
brevets, des commissions, nommant directeurs, sous-directeurs,
secr�taires, commissaires, grands de premi�re classe et de
deuxi�me classe, ce qui lui permettait de satisfaire le go�t de
ses compatriotes pour tout ce qui est titre, honneur, distinction,
costume et soutache.
L'embarquement du P�re Vezole n'avait rien n�cessit� de semblable.
Une si brave p�te d'homme, toujours pr�t � tout, content de tout,
disant:
�Dieu soit lou�! � tout ce qui arrivait. Dieu soit lou�! Quand il
avait d� quitter le couvent; Dieu soit lou�! Quand il s'�tait vu
fourrer � bord de ce grand voilier, p�le-m�le avec la rafataille,
les destin�es de tout un peuple et les pacotilles pour sauvages.
La _Farandole_ partie, il ne restait plus que la noblesse et la
bourgeoisie. Pour ceux-ci, rien ne pressait: ils laissaient �
l'avant-garde le temps d'envoyer des nouvelles de son arriv�e l�-
bas, afin qu'on s�t � quoi s'en tenir.
Tartarin, lui non plus, en sa qualit� de gouverneur,
d'organisateur, de d�positaire de la pens�e du duc de Mons, ne
pouvait quitter la France qu'avec le dernier convoi. Mais en
attendant ce jour impatiemment d�sir�, il d�ployait cette �nergie,
ce feu au corps que l'on a pu admirer dans toutes ses entreprises.
Sans cesse en route entre Tarascon et Marseille, insaisissable
comme un m�t�ore qu'emporte une invisible force, il
n'apparaissait, ici ou l�, que pour repartir aussit�t.
�Vous vous fatiguez trop, Ma�...a�... tre!...� b�gayait Pascalon,
les soirs o� le grand homme arrivait � la pharmacie, le front
fumant, le dos arrondi.
Mais Tartarin se redressait:
�Je me reposerai l�-bas. � l'oeuvre, Pascalon, � l'oeuvre!�
L'�l�ve charg� de la garde de la pharmacie depuis le d�part de
B�zuquet, cumulait avec cette responsabilit� de bien plus
importantes fonctions.
Pour continuer la propagande si bien commenc�e, Tartarin publiait
un journal, la _Gazette de Port-Tarascon_, que Pascalon r�digeait
� lui seul de la premi�re � la derni�re ligne, d'apr�s les
indications, et sous la direction supr�me du gouverneur.
Cette combinaison nuisait bien un peu aux int�r�ts de la
pharmacie; les articles � �crire, les �preuves � corriger, les
courses � l'imprimerie, ne laissaient gu�re de temps aux travaux
d'officine, mais Port-Tarascon, avant tout!
La _Gazette_ donnait chaque jour au public de la m�tropole les
nouvelles de la colonie. Elle contenait des articles sur ses
ressources, ses beaut�s, son magnifique avenir; on y trouvait
aussi des faits divers, des vari�t�s, des r�cits pour tous les
go�ts.
R�cits de voyages � la d�couverte des �les, conqu�tes, combats
contre les sauvages, pour les esprits aventureux. Aux
gentilshommes campagnards, des histoires de chasse � travers les
for�ts, d'�tonnantes parties de p�che sur des rivi�res
extraordinairement poissonneuses, avec description des m�thodes et
des engins de p�che des naturels du pays.
Les gens plus, paisibles, boutiquiers braves bourgeois
s�dentaires, se d�lectaient � la lecture de quelque frais d�jeuner
sur l'herbe au bord d'un ruisseau � cascade, sous l'ombre de
grands arbres exotiques; ils y croyaient �tre, et sentaient gicler
sous leurs dents le jus des fruits savoureux, mangues, ananas et
bananes.
�Et pas de mouches!� disait le journal, les mouches �tant, comme
on sait, le trouble-f�te de toutes les parties de campagne en
terre de Tarascon.
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