Contes et historiettes à l'usage des jeunes enfants by Zulma Carraud


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Page 41

A son retour Mme Longuet raconta que le jour m�me de la noce on avait
pris l'�pingle du mari�, qui l'avait attach�e aux rideaux du lit de sa
belle-m�re, pendant qu'il l'aidait � monter des tables pour le couvert.
On avait inutilement cherch� le bijou dans toute la maison, et l'on
soup�onnait une jeune servante d'avoir commis ce vol.

Tante Monique ne quitta pas son neveu des yeux pendant que sa m�re
parlait; et comme elle le vit tr�s-calme, elle pensa qu'il n'�tait pour
rien dans cette aventure.

Le cordonnier qui demeurait aupr�s de M. Longuet l'invita, ainsi que sa
famille, � venir au bal de la Saint-Cr�pin, qui devait �tre tr�s-beau.

�Merci, voisin, dirent l'�picier et sa femme, nous ne sommes plus d'�ge
� danser.

--Et moi je ne suis pas de sant� � passer la nuit, dit tante Monique.

--Mais Jules ne demandera pas mieux que de s'amuser!

--Comme il voudra,� r�pondit sa m�re.

Jules fut enchant� d'aller au bal, car il avait d�j� seize ans. Sa m�re
et sa tante s'occup�rent de sa toilette. A d�ner, il demanda plusieurs
fois s'il �tait bien vrai que personne de la maison ne viendrait au
bal, et parut fort content quand on l'assura qu'aucun d'eux ne
l'accompagnerait; cette instance inqui�ta tante Monique.

Tout le monde �tait couch� chez l'�picier, quand on frappa � coups
redoubl�s � la porte. Longuet se leva pour ouvrir. Monique, qui ne
dormait que d'un oeil, entendant qu'on parlait haut et fort, s'habilla
� moiti�, et descendit pour savoir ce qui �tait arriv�. Elle trouva
le jeune mari�, aux noces duquel Jules �tait all�, tenant celui-ci au
collet et disant � l'�picier:

�Vous avez beau dire, cousin, c'est Jules qui m'a vol� mon �pingle.
Voyez-la plut�t � sa cravate!�

Jules, �cras� par la honte et le remords, ne disait mot. Le malheureux
�picier supplia son jeune parent de ne pas �bruiter la chose; mais elle
�tait d�j� connue de tout le monde, car, au bal, le mari� avait vu son
�pingle au cou de Jules, et lui avait dit en plaisantant:

�Il para�t que tu as voulu me jouer un tour! Allons, rends-moi mon
�pingle!�

Jules pr�tendit que l'�pingle �tait bien � lui, puisque tante Monique
la lui avait donn�e, et que d'ailleurs il y avait plus d'une �pingle
semblable dans le monde.

�Nous allons voir, dit le mari�; j'ai fait sauter une pierre bleue de
mon �pingle en la mettant pr�cipitamment pour aller me marier. Voyons si
la tienne a bien toutes ses pierres?�

La pierre bleue manquait aussi � l'�pingle de Jules; ce fut alors que le
cousin le ramena chez M. Longuet.

Le p�re enferma son fils � clef dans sa chambre, et passa le reste de la
nuit � se d�sesp�rer.

Le lendemain, tante Monique porta, vers midi, de la soupe � Jules. Elle
le trouva fort p�le; il ne s'�tait pas couch� et pleurait beaucoup.

�Oh! ma bonne tante, s'�cria-t-il, ayez piti� de moi!

--Comment, Jules, as-tu pu faire une action si basse?

--Ma tante, j'ai tellement l'habitude de prendre ici tout ce qu'il me
pla�t, que je n'ai pas r�fl�chi � ce que je faisais.

--Mais vois donc, malheureux, o� cela peut te conduire!

--Ma tante, j'ai bien r�fl�chi cette nuit, allez! j'ai repass� toute ma
vie, et je suis accabl� de honte. Je vous jure devant Dieu que je ne
prendrai plus jamais rien; vous pouvez le dire � mon pauvre p�re.
Priez-le, ma tante, de me rendre sa tendresse: comment pourrais-je vivre
sans l'affection de vous tous!�

Tante Monique, trouvant un air de grande sinc�rit� � son neveu, alla
consoler M. Longuet, disant qu'elle r�pondait de Jules. Le p�re lui
rendit la libert�.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 16:22