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Page 38
�Tu t'en repentiras!�
[Illustration: La soeur d'Estelle prit sa le�on de piano.]
Ceci se passait le matin, pendant la r�cr�ation des petites filles. Peu
de temps apr�s, le ma�tre de piano arriva, et la soeur d'Estelle prit
sa le�on. Quand elle l'eut termin�e, elle appela sa soeur pour venir
prendre la sienne � son tour; mais Estelle ne r�pondit pas. Sa bonne
la chercha dans toute la maison et ne put la trouver. Comme M. Savigny
venait de monter en voiture pour aller faire une petite course � la
campagne, on supposa qu'il avait emmen� sa fille pour la consoler un
peu, car il la g�tait beaucoup; et Mme Savigny l'excusa aupr�s du ma�tre
de piano.
Le p�re rentra juste au moment o� l'on se mettait � table, et sa
premi�re parole, en entrant dans la salle � manger, fut pour demander
Estelle.
�Mais, papa, vous l'avez bien emmen�e avec vous?
--Non, vraiment! je ne l'ai pas vue depuis le d�jeuner.�
La m�re survint et fut tr�s-effray�e de ne pas voir Estelle avec son
p�re. On ne pensa plus au d�ner qui �tait servi. Chacun courut de son
c�t�, serviteurs et ma�tres; et l'on recommen�a � chercher dans la
maison avec le plus grand soin. M. Savigny alla chez tous ses parents,
chez tous ses amis, chez toutes ses connaissances: personne n'avait vu
Estelle, personne n'en avait entendu parler!
M. et Mme Savigny �taient au d�sespoir. La soeur d'Estelle ne se
pardonnait pas de lui avoir refus� son n�cessaire, ne doutant pas que
son refus e�t �t� la cause du d�part de sa soeur.
�Maudit n�cessaire! s'�cria-t-elle en pleurant, je voudrais ne t'avoir
jamais vu! C'est une bien malheureuse id�e qu'a eue l� mon parrain, de
m'apporter ce joli bijou qui m'a priv�e de ma soeur ch�rie!�
Pendant tout ce temps-l�, Estelle �tait derri�re le lit de sa m�re,
cach�e par les rideaux qu'on ne fermait jamais. Elle s'�tait mise
l� pour bouder plus � son aise, et personne ne s'avisa de l'y aller
chercher. Elle entendit bien qu'on l'appelait pour prendre sa le�on de
piano; mais comme elle �tait de mauvaise humeur, elle ne r�pondit pas
et laissa partir le ma�tre. Plus tard, quand elle vit l'agitation que
causait son absence, elle ne dit rien non plus, voulant punir sa m�re et
sa soeur de lui avoir refus� un n�cessaire.
Quand M. Savigny revint � l'heure du d�ner, Estelle, qui n'avait pas
fait son petit go�ter comme � l'ordinaire et qui avait grand'faim, fut
tent�e d'aller se mettre � table avec les autres: mais la mauvaise honte
la retint. Elle ne savait comment para�tre dans la salle � manger, ni
comment s'excuser de s'�tre fait chercher si longtemps. Elle pr�f�ra
supporter la faim qui lui tiraillait l'estomac, et la soif qui
dess�chait son gosier. Alors elle commen�a � r�fl�chir sur son vilain
d�faut; elle comprit qu'elle �tait devenue insupportable � tout le
monde, et que, si elle continuait � bouder � propos de tout, personne ne
voudrait plus vivre avec elle. Cette id�e d'�tre d�laiss�e par tout le
monde la fit pleurer. Il �tait nuit: affaiblie par la faim, elle glissa
� terre et s'endormit.
Elle fut r�veill�e par la voix de sa m�re, qui criait dans le d�lire de
sa fi�vre:
�Estelle! ma fille! mon enfant ch�rie! o� es-tu? Reviens, ma fille! Je
veux te voir! Si tu ne reviens pas, je mourrai!�
Comme Estelle aimait beaucoup sa m�re, elle eut un grand chagrin de la
voir dans un semblable �tat, et son premier mouvement fut de courir
l'embrasser. Ce baiser r�veilla Mme Savigny en sursaut; elle crut r�ver
en voyant sa fille devant elle; et, la saisissant avec vivacit�, elle
poussa des cris comme si elle f�t devenue folle. Estelle eut peur; et
comme sa m�re la serrait au point de lui faire mal, elle cria aussi; M.
Savigny et sa fille accoururent, suivis des domestiques; chacun fut bien
heureux de revoir Estelle qu'on avait crue perdue. Le premier moment
de joie pass�, on s'occupa de Mme Savigny dont l'�tat �tait alarmant.
Estelle, au d�sespoir d'�tre cause des grandes souffrances de sa m�re,
se mit � genoux dans un coin de la chambre, demandant pardon � Dieu, la
t�te baiss�e et tout en larmes.
Enfin cette crise se calma. Quand Mme Savigny fut revenue � elle, sa
premi�re pens�e fut pour Estelle qui �tait d�j� aupr�s de son lit; et
elles ne se lassaient point de s'embrasser l'une et l'autre.
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